Apport d'un témoignage sur Giono au Contadour par notre ami André Pierre Fulconis.
J’ai cité dans mon dernier livre* le témoignage de mon cousin, et ami cher, Henri Pertus (1908-1990), le peintre frère de Serge Fiorio, tous deux en leur temps les peintres mages du Luberon : « C’était dans les années 1937-1938. Nous commencions déjà à subir le poids étouffant de la société industrielle. Jean Giono, le plus grand écrivain provençal en langue française, venait de publier Les Vraies richesses, aussi devint-il notre prophète. Il passait l’été au Contadour, où il avait créé une communauté humanitaire et écologiste avant la lettre, à une trentaine de kilomètres de chez nous, au point culminant d’un plateau autour duquel se déroulent en panorama toutes les montagnes de Haute Provence, du Luberon au Ventoux, du Ventoux à Lure, puis les montagnes de Digne, celles de Moustiers Sainte Marie, avec en arrière-plan les Alpes enneigées. Nous montons dans ce paysage merveilleux jusqu’à la grange où Giono rend ses oracles au milieu de ses “nudistes”. Oh, rassurez-vous, ce sont les gens du pays qui les nommaient ainsi parce qu’ils portaient des shorts. Giono nous reçoit aimablement et après avoir effleuré maints sujets, je lui montre une toile que j’avais apportée à tout hasard. Il me la critique avec bienveillance, puis, avisant une chèvre que j’avais indiquée dans un coin, il me dit : “Mais ! Une chèvre, c’est bien plus beau que ça”. En même temps offusqué et éclairé, je me suis piqué au jeu et j’ai étudié les chèvres, ce qui était facile à l’époque.
© André Pierre et Renaud Pierre Fulconis.
À présent le bétail se fait rare, il n’y a plus de chevaux, et s’il reste quelques moutons, les chèvres qui venaient manger régulièrement les pauvres fleurs que j’essayais de faire pousser ont presque disparu. Maintenant j’ai des fleurs, mais il n’y a plus de chèvres. Ensorcelé par l’animal, je l’ai étudié constamment et en suis devenu un “spécialiste ”. Je lui ai même consacré une sérigraphie ».
Luberon. © André Pierre et Renaud Pierre Fulconis.
* Dictionnaire illustré du village de Provence, Saint Martin de Castillon, Luberon la Montagne que je vous recommande vivement. L'ouvrage est une somme - selon le terme consacré - et livre de référence sans pareil concernant ce qu'il faut bien appeler la civilisation haute-provençale. André Lombard.
Voici le lien pour accéder à plus de renseignements : www.fulconis.com
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Des liens :
Henri Pertus, peintre admirable !
Giono, le doigt dans l'œil !
Le pain d'étoiles enfin réédité !
Fiorio en son magistral portrait de Giono à l'étoile et à la colombe.
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Autres liens :
En l'honneur de Serge Fiorio, par André Pierre Fulconis.
22 juin 1944 par André Pierre Fulconis.
Un livre-trésor !
Témoignage d'André Pierre Fulconis.
Les fils de Saint-Martin par André-Pierre Fulconis.
Prix Jean Giono.
Giono. Impromptu 8.
Le premier portrait de Giono. 1
Le premier portrait de Giono. 2
Le premier portrait de Giono.3
Le premier portrait de Giono. 4 (suite et fin).
Portrait d'Aline Giono enfant au lavis d'encre noire.
Serge par Sylvie Giono.
Les tribulations du premier Portrait de Giono.