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Serge Fiorio - 1911-2011.
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  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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2 janvier 2016

Les fils de Saint-Martin par André-Pierre Fulconis.

LES FILS DE SAINT MARTIN

   Il y a quelques 1600 ans, il y a plus de 50 générations, nous avons vu arriver ici un petit groupe d’hommes jeunes couverts de poussière, les pieds poudreux dans leurs sandales, bronzés, comme nous qui œuvrons sur nos terres depuis les premières semences, maigres et cependant musclés comme de grands marcheurs.

Ils n’ont pas d’armes, seul leur bâton de marche, et pour tout bagage un simple havresac. Quand ils nous voient ils font de grands signes de paix, en levant les bras, et dès qu’ils le peuvent, ils sourient. Ils ne sont pas d’ici, on ne les reconnaît pas, et cependant, à nous qui nous méfions tant des étrangers d’à côté et d’ailleurs, curieusement ils ne nous font pas peur. Ils ont l’air de nous aimer avant de nous connaître.

Ils nous disent qu’au coucher du soleil ils feront un feu de joie auquel ils nous convient, et que demain ils chanteront pour nous au lever du soleil. Ils nous ont simplement demandé la permission de dormir cette nuit au milieu de notre oppidum, près de notre source, à l’abri des chênes sacrés où nous cueillons le gui protecteur.

Autour du feu du soir, à notre demande, les femmes ont apporté de la galette et de la cervoise, pour le partage avec ces hommes manifestement venus de loin, qui, à notre grand étonnement, ont pu traverser pacifiquement tant de contrées inconnues.

C’est vrai qu’ils ont l’air de considérer tous les hommes comme leurs frères, ce qui nous étonne, nous qui avons tant dû nous battre. Cela nous intrigue, quel est donc leur secret ? Ils nous disent qu’ils nous en parlerons, si nous le souhaitons toujours, demain au lever du soleil, avant que nous partions au travail.

À l’aurore nous les rejoignons sur l’oppidum, ils ont demandé, à notre grand étonnement, que les femmes assistent à la réunion, nous avons curieusement accepté bien que ce ne soit pas dans nos coutumes. Elles avaient préparé une grande galette de notre meilleure farine d’épeautre spécialement pour les invités. L’un d’eux se leva et dit : nous sommes des frères, nous sommes tous égaux, et il la divisa et en donna un morceau à chacun et chacune d’entre nous. Ce fut la première fois que nous vîmes un hôte faire ce geste.

Puis il commença à parler : il nous montra le soleil levant, et nous dit, vous voyez cet astre bienveillant qui se lève sur vous tous les matins depuis le premier matin du monde, il est comme ce Dieu unique qui n’a rien à voir avec ces nombreuses idoles. Il éclaire tous, réchauffe tous, fait fructifier toutes les semences et toutes les plantations, sans choisir les hommes ou les femmes auxquels il donne sa protection.

L’homme nous dit des mots inconnus de nous alors : Égalité de tous, Gaulois, Romains Phocéens et même Barbares…Égalité des hommes et des femmes ! Égalité des hommes libres, plus d’esclaves ! Fraternité de tous. Hommes frères, si c’était vrai ! Oui, cela dépend de nous, dit-il.

Il prit d’une main l’eau de notre source sacrée et me la versa sur le front, en disant des mots que je ne compris pas, mais dont il me dit que mes fils et mes filles et leurs fils et leurs filles les comprendront. D’ailleurs il allait rester parmi nous, si nous l’acceptions, et nous pourrions longuement échanger, à l’encontre de nos druides qui passent, distants et secrets. Et ensemble nous construirons une maison commune au beau milieu de l’oppidum, commune !...

Un mot de lui nous étonna encore : « Pardon », pour nous qui ne pardonnions jamais, de génération en génération, cela fut une découverte qui nous parut bienfaisante. Ils entonnèrent un chant pour lequel il fallait se tenir par la main.

Et aussi, nous dirent-ils, n’imitez pas les Romains dans leurs festins et leurs jeux et leurs accoutrements, gardez notre rude et franche simplicité et notre bonne et belle sobriété gauloise !

Nous leur avons demandé enfin, comme nous le faisons toujours, qui était leur père. Ils nous ont dit avec un sourire que leur père à tous était un nommé Martin.

*

Henri Pertus, peintre admirable !

  22 juin 1944 par André Pierre Fulconis.

 Un livre-trésor ! 

 Témoignage d'André Pierre Fulconis.

 Apport d'un témoignage sur Giono au Contadour par notre ami André PierreFulconis. 

 

Pour faire plus ample connaissance avec André-Pierre Fulconis et son œuvre : www.fulconis.com

 

 

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