La carte postale et le cousin de Serge Fiorio.
On peut imaginer ici le jeune Serge skieur-photographe, son lourd matériel sur le dos, s'arrêtant - émerveillé par le spectacle grandiose qui, en pleine lumière, se découvre soudain à lui comme une vision - et plantant là, du coup, son bâton de ski (en guise de personnage véridique à nos yeux) pour faire la photo.
Carte postale Serge Fiorio. Araches. Hte-Savoie. Le chef-lieu. Alt 955m.
Avec son réel appétit de nature, son immense bonheur de marcher à la découverte, ne se lassant pas, non plus, jamais, de redécouvrir, étant, de plus, à la fleur de l'âge, il devait être très enthousiasmant de randonner en compagnie d'un tel compagnon.
Dans les années trente, son cousin Giono (renversons aujourd'hui un peu les rôles, voulez-vous !) a bien eu de la chance de l'avoir souvent à ses côtés pendant ses vacances estivales pour des balades richissimes en plein paysage haut-savoyard où Serge, y habitant tout au long de l'année, devait - n'en doutons pas, tout feu tout flamme - lui être le guide idéal, sur mesure, providentiel : comme dans l'autre sens, il est vrai, lui-même l'était sûrement envers Serge quand celui-ci, tout parfumé de haute-Savoie et les mains dans les poches, descendait tout droit de ses montagnes sur Manosque.
Dénicheur de fleurs rares, amateur d'atmosphères, obsédé de champignons, cueilleur de baies, de fruits sauvages, curieux des autres, friand de rencontres, bon marcheur, bon skieur, peintre et poète en même temps, les capacités du regard alors en pleine expansion, sensible au plus haut point au mystère des êtres et des paysages autant qu'à la claire beauté, aux moments de la lumière posée sur chaque chose, tel était Serge ; de plus, riche et généreux de cœur. Et Giono a donc profité, plusieurs années à la file, de toutes ces qualités-là, en long chapelet, de ce jeune cousin, tout comme lui amateur d'âmes de toutes sortes, de celle de la plante à celle de l'étoile ; et cela, sans nul doute, a nourri et donc fortifié, enrichi, son œuvre littéraire quand, chargé de toutes ces saines et solides provisions, il redescendait pour se remettre à écrire sur le vaste monde et ses passions, pliant avec art, inspiré, chacune de ses phrases à son style unique, à son tempo, dans son petit bureau de Manosque.
D'ailleurs, à l'époque, ne l'appelait-il pas alors familièrement Dionysos ?
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Une lettre du cordonnier Jean-Antoine Giono à son neveu le maçon-carrier Émile Fiorio.
Prix Jean Giono : le jour d'après ?
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Giono au Mucem : contrepoints.
Un autre poète de la famille.
Giono. Impromptu 8.
Le premier portrait de Giono. 1
Le premier portrait de Giono. 2
Le premier portrait de Giono.3
Le premier portrait de Giono. 4 (suite et fin).
Portrait d'Aline Giono enfant au lavis d'encre noire.
Serge par Sylvie Giono.