9 décembre 2017
Un billet d'humeur.
Non ! S’engager pour la langue française n’est pas un combat d’arrière garde ! C’est au contraire une cause juste et moderne qui ne sera définitivement perdue que lorsque tous ceux qui doivent la défendre l’auront abandonnée. Alors agissons !
*
Je ne sais si vous connaissez le mot autrice. Moi, du fond de ma cambrousse, je viens à peine, tout juste, de le découvrir !
On m'écrit en effet : « La librairie Machinchouette propose une soirée avec X et Y, respectivement artiste et autrice, consacrée à une présentation de leurs livres d'artiste. »
Autrice ! que voulez-vous, je trouve ça d'un con !
Il me semble bon pour sa belle santé que la langue française évolue, certes, mais d'elle-même, à son pas, et je trouve par contre très mauvais et même dangereux qu'on aille - logiques à disposition et idéologies à l'appui dans la boîte à outils - jouer chez elle les apprentis-sorciers.
On m'écrit en effet : « La librairie Machinchouette propose une soirée avec X et Y, respectivement artiste et autrice, consacrée à une présentation de leurs livres d'artiste. »
Autrice ! que voulez-vous, je trouve ça d'un con !
Il me semble bon pour sa belle santé que la langue française évolue, certes, mais d'elle-même, à son pas, et je trouve par contre très mauvais et même dangereux qu'on aille - logiques à disposition et idéologies à l'appui dans la boîte à outils - jouer chez elle les apprentis-sorciers.
Poème tricoté, texte de Catherine Legrand, dessin de Christine Sépulcre.
Pourtant, voyez-vous, je ne voudrais pas le moins du monde niveller l'institutrice en instituteur, et je n'ai rien du tout contre éditrice, par exemple : en la matière, je suis aussi illogique que l'est parfois notre langue, si l'on veut. Tout ce que le temps, l'usage, la vie des hommes et des femmes, ont déposé et déposent encore sans cesse en cette dernière participent, selon mon ressenti, à sa richesse, en font aussi foisonner le charme et en intensifient heureusement le mystère. Aussi, formater un tant soit peu une langue, comme on voudrait le faire ces temps-ci, est une opération qui me paraît être totalement contre nature.
Pour que des mots varient ou changent, apparaissent ou disparaissent, je préfère, et de loin, que ce soit directement dû à la langue elle-même qui - se passant fort bien de nos décisions intelligentes, réfléchies et circonstanciées - les modifie ou les fout par-dessus bord ici et là au fil du temps parce que tout simplement devenus sensiblement inopérants, ou carrément hors d'usage ! En intégrant des nouveaux, à mesure, en fonction des besoins.
Transvasant de son italien natal, la maman Fiorio disait une pittrice pour une artiste peintre. D'autres mots italiens ou piémontais, tels quels ou " améliorés ", lui venaient spontanément de l'esprit à la bouche quand elle n'avait pas ceux en français. Je trouvais ça marrant, fantaisiste, de l'entendre parler ainsi, à cheval sur deux langues.
Et son peintre de fils avait inventé son propre féminin : une peintresse, beaucoup plus poétique, tout proche du merveilleux de la fée ! Dommage que ce mot évocateur, un peu magique, n'ait aucune chance de passer dans l'usage courant. Il le mérite pourtant, bien plus que l'affreux autrice ! Ou le tout autant détestable plasticien sans odeur ni relief !
Me revient qu'en haut-provençal le mot femelle est, lui, figurez-vous,...masculin !
On dit effectivement « un fémèou » ! Ce qui devrait plaire aux féministes pures et dures, à moins qu'elles n'y voient encore un signe de totalitarisme machiste fixé là bien à la racine. À la différence près avec le débat actuel sur l'écriture inclusive que cette bizarerie en rien folklorique n'est pas, non plus, le fruit médiatique d'une idéologie de salon, parisien ou autre. Nous, vous, mesdames et messieurs les linguistes de pacotille, improvisateurs de tous bords, ne nous avisons pas de changer le somptueux carrosse en banale citrouille comme nous savons hélas si bien le faire et le faisons en de bien trop nombreux autres domaines à la moindre occasion !
Le véritable problème de fond étant que les femmes soient non seulement respectées en réalité - c'est la moindre des choses - mais valorisées en leur genre dans la vie courante, privée et publique, comme il se doit à toute personne, femme, homme, ou enfant, il va sans dire.
La langue française est bel et bien une langue vivante, non ? Alors, laissons-la vivre et évoluer à sa guise car, depuis toujours directement reliée à l'inconscient collectif, elle a plus de véritable intelligence et de subtile sensibilité que nous qui, souvent, nous exprimons complaisamment embrigadés par des idéologies temporelles ou sous l'emprise de l'intellect.
PS : avis et commentaires bienvenus !
En lien : Une suite au billet d'humeur du 9.XII. 2017 sur l'écriture inclusive.
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Billet d'humeur par Dominique Bal.
Mais tant pis pour moi ! Billet d'humeur camusienne.
Écriture inclusive. Un billet d'humeur.
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