Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Serge Fiorio - 1911-2011.
Serge Fiorio - 1911-2011.
  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Serge Fiorio - 1911-2011.
Newsletter
40 abonnés
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 364 854
17 mai 2015

Billet d'humeur

   Voici quelques lignes seulement à propos d'un sujet épineux - il s'agit de l'édition en petit tirage, à compte d'auteur - sur lequel je ne vais pas m'étendre, n'étant pas plus fakir que je ne suis maso ! Je vais simplement donner à lire quelques notions tout à fait élémentaires...et encore quelque peu en vrac, au débotté - de plus, on m'en excusera, sans auparavant m'être relu.

Quand on publie un livre, soit on le fait par le biais d'un éditeur qui se charge de tout, soit l'on se charge de tout soi-même. Ce que j'ai fait, en 2011. Et j'ai beaucoup appris sur les métiers du livre en publiant Pour saluer Fiorio par mes propres moyens. Je ne regrette absolument rien de cette aventure édifiante pour le néophyte que j'étais (et que je suis resté malgré tout, en grande partie).

Le cas échéant, je n'ai qu'un seul conseil à donner à l'ingénu(e) qui demain voudra faire pareil : ne compter, strictement, stricto sensu, que sur soi-même. 

Une foule d'individus de tous bords, demi-amis, copains, connaissances, inconnus généreux, vont venir vers vous, la bouche en cœur, le cœur sur la main, pour vous proposer toutes sortes d'aides, sous diverses formes, afin de pousser à la roue pour faire connaître votre travail et puis, le moment venu, dès l'annonce de la parution, il n'y aura strictement plus personne ! Tous envolés aussitôt comme une volée de moineaux apeurés quand un peu de vent soudain fait grincer un volet !

Seuls les écrits... !, et Lanza del Vasto écrivait : « La sincérité qui ne coûte rien ne vaut rien.» Je vérifie hélas souvent la profondeur et la sagesse d'une telle parole qui peut s'appliquer dans de nombreux domaines.

En amont, il aura d'abord fallu trouver un bon maquettiste (ça ne court pas les collines, encore moins les hautes plaines, par ici en haute-Provence). Mais ça se trouve. Moi, je n'avais pas trouvé, je m'étais fait avoir, comme on dit. Aujourd'hui, il y a heureusement Isabelle Mercier, par exemple (mais que je ne connaissais pas à l'époque), très professionnelle, avec toute son équipe de l'Édition à façon de Forcalquier. D'autres encore, sans doute, j'espère !

Pour l'imprimeur, il faut autant que possible rester zen avec lui, et planté au pied de la machine, prier fort pendant qu'il tempête ! : votre livre il s'en fout ! Mais complètement ! Enfin, je parle du semblant (en dehors de ça, gentil comme tout, en prime !) avec qui, une fois, j'avais eu à faire. La preuve ? La voilà : 1.000 exemplaires flambants neufs tout de suite invendables, tout juste bons pour être dévorés illico tout crus par le pilon ! Il lui a fallu récommencer dare-dare, entièrement, de A à Z ! 

Bon, ça c'est une chose ; la suite n'est guère plus réjouissante : les libraires du coin, et d'autour pas trop loin, vous font ensuite des ronds de jambes gros comme ça pour que vous veniez faire le singe savant devant leur boutique, histoire de vous soutirer plus de trente pour cent sur le prix de vente de votre patient travail ! Cela peut monter jusqu'à 40 et des poussières ! Et cela s'appelle aujourd'hui du partenariat dans le lancement de votre livre !

Quant à l'exposer tout simplement gracieusement, pendant deux ou trois jours seulement, en bonne place dans la vitrine ? Que nenni ! Dame ! Vous n'y pensez pas ! Réservée aux tout grands titres qui se bousculent sans cesse au portillon !

Quand, naïvement, vous décidez d'aller présenter votre ouvrage dans un Salon du livre organisé par la bibliothèque municipale d'ici ou d'ailleurs, on vous dit, au bout du fil, de vous adresser aux deux ou trois libraires qui ont pignon sur rue. Ce sont eux qui en règlent la musique, évidemment ! Vous ne pouvez pas y participer tout seul, comme un grand - non, surtout pas ! - il faut absolument passer par leurs fourches caudines, les laissant se sucrer, là encore généreusement, au passage, en présentant, eux, cette fois, le fruit de votre travail. 

Alors Salon du livre ou Salon des libraires ? La question ne se pose même pas ! Ces derniers ne font, ce jour-là, que déplacer leur boutique de petits commerçants en la transportant dans la Salle des fêtes ! Charlie où es-tu, mon ami ? Toujours en tête du cortège ?

Ceux qui foncent, tête baissée, dans le piège du dépôt en librairie en sont, ceux-là aussi, pour leur frais, et pas des moindres. J'en connais plusieurs qui, quand ils repassent - un an après ! - pour faire le décompte des livres vendus, s'entendent répondre qu'on ne sait pas du tout de quoi il retourne ! : « Un livre de vous ? Ici ? Quel genre ? Grand comment ? Chez nous ? Vous êtes sûr ? Faudra voir avec le comptable, mais actuellement il est en congé pour trois semaines. Vous repasserez ! » Quand c'est à Toulouse, à Metz ou à Mont-de-Marsan !...

Tout étant verrouillé dans le même but, dans le même sens, les établissements culturels publics passent obligatoirement par les libraires pour leurs achats. « C'est-gou-ver-ne-men-tal ! Ad-mi-nis-tra-ti-ve-ment-on-peut-pas ! » déclare, très fonctionnaire en titre, Madame La directrice ou bien Monsieur Le conservateur. Ce qui fait que, forts de ce privilège, les libraires vous demandent un devis (oui, un devis !) pour trois malheureux livres qu'on aurait pu vous commander sans frais directement. C'est le blocus consensuel permanent contre les petits et les indépendants.

Et quel panier de crabes, excusez-moi !

Voilà pour les vertes. Les pas mûres, je les garde soigneusement de côté pour la prochaine fois !

Avouez qu'il y a déjà là autant de quoi rire que de quoi pleurer !

Et, sur le sujet, c'est sûr, plus d'un livre à écrire !

PS : vous vous souvenez sans doute du fameux Pitalugue sur lequel, n'est-ce pas, quand l'hélice se bloque, ne tourne plus, c'est tout le corps du bateau qui en fait office ! 

*

Autres billets d'humeur :

 Attention libraires !
Prix Jean Giono.
Commissaires et compagnie. Billet d'humeur.
Le billet d'humeur de Philippe Courbon.
Billet d'humeur par Dominique Bal.
Mais tant pis pour moi ! Billet d'humeur camusienne.

Écriture inclusive. Un billet d'humeur.
Une suite au billet d'humeur du 9.XII. 2017 sur l'écriture inclusive.
Billet d'humeur.

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité