Une visite pour rire.
Je me souviens d'une visite à la fin de laquelle l'humour de Serge fit très discrètement feu des quatre fers.
La voici :
On sonne à la porte et, fidèle à son habitude, Serge surpris en sursaute. Ensuite, comme convenu les dernières années, je descends accueillir.
— Bonjour monsieur, je suis XX, est-ce que monsieur Serge Fiorio est visible pour une courte visite ?
—Je vous en prie ! finissez donc d'entrer.
J'accompagne ensuite l'homme dans sa montée à l'atelier et le présente — ne pouvant faire autrement — aussi sommairement que lui-même l'avait fait. Serge, ayant peut-être flairé quelque chose, me fait signe de rester.
Bonjours, serrements de mains, puis deux trois bricoles qu'on trouve au fond des tiroirs, dont celle-là, s'adressant à Serge :
— Et vous ne vous êtes jamais marié ?
Alors Serge qui, à quelques jours près, arrive à ses quatre-vingt-dix-sept ans se met à se balancer fort délicieusement dans son fauteuil à bascule et lance, en douce, comme si de rien était :
—Non, pas encore !
Il fallut, sur-le-champ, soigneusement éviter que nos regards se croisent pour ne pas devoir, ensemble, littéralement exploser de rire.
Là-dessus, le type s'en alla tout content, providentiellement, comme il était venu.
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Je me souviens de Montjustin par Gérard Oberlé.
Ma première visite à Montjustin...par François-Mangin-Sintès.