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Serge Fiorio - 1911-2011.
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  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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15 juillet 2017

A propos d'un détail du Deuxième portrait de Giono, 1989.

    L'un entend plus, l'autre moins, de la puissante mélodie de l'arrière-fond. Beaucoup ne l'entendent plus du tout. Eux sont comme des arbres qui ont oublié leurs racines.

Rainer Maria Rilke.

*

 

   Je viens tout juste d'apprendre que, chez Virgile, le mot nimbus désigne un nuage entourant les dieux tandis que, depuis l'enfance, je sais que le nimbe  ou encore auréole  est, dans l'iconographie chrétienne, un disque placé sur la tête des saints, là aussi l'entourant, et qu'il est signe spécifique de la sainteté de tout personnage qui en est doté.

Or, dans son Deuxième portrait de Giono peint   d'après photo pour le visage  en 1989, Serge fait s'inscrire la tête toute entière sur fond  volontairement peint en fonction du volume de celle-ci  d'un nuage blanc cotonneux s'inscrivant lui-même en écran sur la pureté du ciel. Voilà qui, de fait, est une création originale par un heureux discret croisement du nimbus de Virgile avec le nimbe chrétien et redouble donc ici, en douce, mais sans équivoque, un certain sens  sinon un sens certain !  du sacré. 

Giono 2

Deuxième portrait de Giono, huile sur toile, 65x54 cm, 1989.

Nimbus et nimbe n'étant plus du tout, dès lors, distincts l'un de l'autre, mais au contraire indissociables, associés en un "fonctionnement" commun fusionnel, ne faisant plus qu'un en somme, ils apportent une eau des plus précieuses au moulin du peintre dans le but évident de sacraliser l'écrivain en son portrait.
J'imagine volontiers qu'il y a là, par ces moyens excellents mis en œuvre, manifestation et produit de l'inspiration reçue tout d'abord à même le métier. En effet, ce nuage-écran, intermédiaire entre la tête et le ciel, n'est-il pas, en tout premier, une trouvaille technique efficace, en cela porteuse de sens, équivalente, par exemple, à la rime riche de la poésie écrite ?
Le visage étant de carnation très claire, la morphologie de la tête et la qualité du regard s'en trouvent ainsi beaucoup plus lisibles tandis que la présence en figure de proue du modèle en est aussi augmentée en partie, à proportion de ces trois contrastes synergiques par superposition : pour mieux le servir, l'art de peindre s'accorde ici strictement à l'art du portrait.

Giono 2

La sacralisation se poursuit et s'étend au paysage tout en collines (bien autre chose qu'une simple toile de fond !), puisque celles-ci bénéficient aussi, presque toutes, du même traitement par l'effet de petits nuages blancs floconneux les ourlant en un écho visuel très suggestif qui les met ainsi tacitement en résonance spirituelle avec leur chantre en écriture.
L'image d'un berger  personnage sacré s'il en est, sage et visionnaire  se tenant en vigie devant son troupeau paraît aussi s'inviter ici, il me semble, par analogie subliminale entre les dos de collines serrés les uns contre les autres et ceux, similaires  sinon mimétiques  de bêtes en troupeau.

 

*

 De nombreux reportages sur Vous reprendrez bien un peu de Brassens ? visibles sur Facebook...

En direct, c'est encore mieux...alors venez nous retrouver...

Chaque soir (sauf les lundis) au théâtre Al Andalus  25 rue d'Amphoux,  en Avignon.

Marité

Brion

 

 

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Commentaires
M
Ton article du jour me prédispose à mieux considérer les portraits. En vérité j'éprouve à leur égard une certaine indifférence, à part ceux de Mme Candolle et de Robert qui me fascinent, l'un par son mystère, l'autre par sa pureté. Sans doute ai-je été influencé par Serge lui-même qui me disait que le portrait en peinture était un autre métier et que la maitrise des Anciens, Italiens, Flamands et Allemands n'avait jamais été égalée. Certes il considérait aussi que l'art du portrait pouvait prendre d'autres sentiers pour s'exprimer. Il adorait ceux de Modigliani qui le touchaient aux larmes mais aussi ceux de Goya qui le fascinaient. Quant aux siens, ils ne les considéraient pas comme des portraits au sens véritable du terme et il préférait ne pas en parler. Serge avait besoin d'espace et de liberté pour exprimer toute la force d'une imagination qui l'entrainait bien au-delà de ses rêves, c'est dans ce domaine qu'il crée le meilleur de sa peinture, tout le contraire avec le portrait qui l'emprisonne et le contraint de s'en tenir à une image fixe et réelle.<br /> <br /> <br /> <br /> Cette belle idée de comparaison d'un saint auréolé d'un nimbe et du nuage qui entoure le visage de Giono associée aussi aux nuages des collines est une belle trouvaille qui adoucit la vision austère que j'en avais. Comme quoi chaque commentaire est salutaire et éclairant et le blog un chemin vers la connaissance.
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