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Serge Fiorio - 1911-2011.
Serge Fiorio - 1911-2011.
  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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7 avril 2022

FIORIO-GIONO

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   Voici  en guise de réclame, comme on disait autrefois !  le texte de ma propre contribution, et surtout celui de celle de Serge, au dixième numéro de la revue Instinct nomade qui, coordonné par Jacques Ibanès, est tout entier consacré à Giono.
Autant dire combien je vous le recommande !

Instinct nomade n°10, collectif, spécial Giono, printemps 2022, 400 pages.

La revue est commercialisée en 2 versions :
– couverture souple, papier ivoire 90g, format 17 x 24 cm,. 22 € + 4 € de port.
– couverture rigide, reliure, papier ivoire 100g, format 18,3 x 26,2 cm, 26 € + 5 € de port.

D'autre part, Jacques Ibanès et José Correa ont écrit et dessiné un livre intitulé Jean Giono à ciel ouvert, 92 pages de promenades sur les chemins de Giono, certains fantasmés ou imaginaires. Ce livre est un supplément à la revue mais peut être acquis seul. Il existe aussi en 2 versions :
– couverture souple, 92 pages papier ivoire 90g, format 17 x 24 cm : 10,90 € + 3 € de port.
– couverture rigide, reliure, papier ivoire 100g, format 18,3 x 26,2 cm : 14,90 € + 4 € de port.
Pour une commande groupée : revue + supplément, le port sera offert, chèque à l’ordre de Bernard Deson.

Instinct nomade, éditions Germes de barbarie, 619, rue Henri de Navarre, 24130 Le Fleix.
Contact : germesbarbarie@gmail.com

Serge en compagnie de GionoSerge dans son atelier de Montjustin en compagnie de Jean Giono.

   FIORIO-GIONO

   Je veux tout de suite faire remarquer que la disposition des deux noms en cette accolade n’est ici en rien innocente sous ma plume.
C’est que n’existant pas, hélas, en le domaine, de baguette magique, pas plus que de bâton de dynamite proprement adéquat, ce n’est, il me semble, qu’en insistant de la sorte à chaque fois que l’occasion s’en présente, que l’on peut espérer arriver un jour à faire expirer un tel cliché qui, comme tout cliché, a la vie dure : celui qui, à chaque réemploi, place encore bien trop souvent aujourd’hui le peintre « Serge Fiorio-cousin de Giono », à la remorque de l’écrivain de Manosque.

   Traître appellation que celle-là, compliment à l’envers en quelque sorte, car ne disant rien de Fiorio en particulier tout en reléguant en même temps, d’un coup d’un seul, son œuvre peint aux oubliettes.
Cliché mystificateur dont, s’en emparant, mille plumitifs à la file se sont déjà passé le relais, tandis qu’autant de bavards invétérés l’ont ensuite à leur tour employé, le rabâchant même à satiété, en disséminant ainsi la mauvaise graine un peu partout à la volée, à tous les vents, comme étant soi-disant de toute première et précieuse importance !
Ce qui, faisant l’un éclipser l’autre sous couvert de les rapprocher, a jusque-là évidemment nui au peintre et à son œuvre sans être, non plus, dans l’autre sens, d’un quelconque apport, il est vrai, envers Giono lui-même ou à l’égard de sa création.

   Ceci dit seulement en guise de préambule, entrons maintenant de plain-pied dans le vif du sujet pour y entendre “ Dionysos ” évoquer lui-même en quelques lignes des scènes où le Giono des premières années trente apparaît ; autant dire celui – alors au plus près familier – qu’il connut le mieux d’entre tous les autres.

Gio TaningesPortrait au crayon de Giono dans les années trente à Taninges, Haute-Savoie.

   « En 1931 et plusieurs années de suite, Giono – cousin de mon père – vint en vacances chez nous, rue des Arcades à Taninges, en compagnie d’Élise, sa femme, et de leur fille Aline.
Dès leur arrivée, s’installait avec eux dans la maison une atmosphère d’exaltation heureuse qui nous changeait de notre propre façon, pourtant déjà fort joyeuse, d’appréhender les jours.
En plus, Jean nous parlait de poésie, de livres qu’il écrivait, d’écrivains qu’il connaissait, de musique et de musiciens ; tout cela tisonnant en moi des aspirations intérieures fécondes, d’ailleurs déjà prêtes à éclore dans ma peinture.

 À l’entendre donner ses appréciations sur les choses, sur les événements, petits et grands, le monde prenait une autre dimension et devenait magique. C’est sans doute pourquoi je l’écoutais toujours avec une grande attention toute particulière et un plaisir plus grand encore, satellisé autour de sa parole.

Le matin, il ne quittait pas sa chambre, écrivant comme à son habitude manosquine jusqu’à l’heure du repas. L’après-midi, par contre, nous prenions du temps pour parcourir le pays, faire l’ascension du Pic de Marcelly qui domine le village, poussant jusqu’au Praz-de-Lys qui était alors un plateau vaste et sauvage d’une beauté souveraine.

   Dans ses lettres à Lucien Jacques, Jean amplifie à l’envi l’écho de ces randonnées hautes-savoyardes, se mettant carrément dans la peau d’un alpiniste chevronné !
Il y exprime et y satisfait, en fait, son besoin irrépressible d’ajouter à la réalité tous les fruits d’une imagination débordante qui le tiendra toute sa vie heureusement à sa merci.
Dans le même sens, j’ai toujours pensé que la vision du Giffre – la rivière au bord de laquelle nous nous sommes beaucoup promenés – l’avait sans doute marqué pour devenir, sous sa plume, le fleuve qui  roule à coups d’épaules à travers la forêt  au tout début du Chant du monde. C’est une impression qui me revient chaque fois que je le relis, même s’il y a – et peut-être bien justement à cause d’elle – une disproportion énorme, démesurée, entre les deux cours d’eau, le réel et l’imaginaire.
Pareillement, mais tout à fait en amont dans son œuvre, Naissance de l’Odyssée n’est-il pas né d’une rêverie ayant pour point de départ la vision de feuilles mortes flottant, immobiles, sur l’eau plane et lisse d’un bassin ?

   Il nous réclamait souvent des chansons de l’Italie et plus particulièrement des chants du Piémont.
En France, en général, quand quelqu’un se met à chanter, tout de suite il est désobligé, bêtement moqué et quasi mis en garde : “ Tu vas encore faire pleuvoir ! ”  
Mais dans ma famille c’était différent. Aussitôt, en écho, une autre voix, ou plusieurs – à vrai dire autant que nous étions – s’accordaient pour un chœur où chacun trouvait son plaisir en le partageant.
Ravi, Jean nous taquinait, moqueur : “ Et amore ? C’est pour quand amore ? ”. Car il soutenait toujours aussi volontiers qu’il n’y avait pas une seule chanson italienne où il ne soit pas question d’amour ! Mais je ne l’ai jamais entendu chanter. Siffler oui, et mieux qu’un merle !

   Parfois il nous rendait visite à la carrière. Là, il observait plus qu’il ne posait de questions. Ce travail en équipe le travaillait lui-même, lui racontait aussi beaucoup, et lui fournit jusqu’au titre d’un livre projeté qu’il n’a finalement jamais écrit, pas même commencé : Danse de la barre à mine.

  Un beau jour, étonné de nous voir débiter simplement à la masse des pièces encore énormes, il voulut s’initier à son maniement.
Malicieusement, mon frère Aldo lui présenta pour ce faire ce que, dans le jargon du métier, nous appelions une bâtarde, c’est-à-dire un bloc proprement indébitable de par la structure de la pierre. S’étant mis courageusement à l’ouvrage, il ne parvint, bien entendu, qu’à n’en détacher que quelques rares éclats dans des bouquets d’étincelles, et à s’exténuer !
Ne lui ayant pas fait part de la supercherie, notre travail quotidien lui en parut, du coup, d’autant plus titanesque ! C’est l’époque où il ne nous désigna plus, mon frère et moi, que sous les dénominations de “ Jupiter-jeune ” et de “ Dionysos ”, ses “ gionesques cousins ” !

   Une autre fois, il voulut assister au départ des coups de mine. Nous en avions préparé quatre. Trois coups partirent, mais pas le quatrième. Quand un coup ne partait pas, il fallait attendre vingt-sept minutes de sécurité avant de pouvoir sortir des abris. À la vingt-septième minute donc, nous sortîmes et le coup partit en même temps !
Ce fut un mitraillage conséquent de petits cailloux grêlant droit sur nos têtes. Les mains aussitôt croisées à plat sur le crâne, nous nous précipitâmes tous ensemble vers le creux de rocher le plus proche pour nous y abriter, quand, fortement impressionné comme nous, Jean se mit à crier de toutes ses forces “ C’est Verdun ! C’est Verdun ! ”, tout en courant à nos côtés.

   Je ne lui avais encore jamais dit que je peignais, que je commençais à peindre. C’est en discutant avec mon père que celui-ci, dans la conversation, le lui révéla : “ Serge, il peint. ” Débordant alors d’enthousiasme il répliqua illico : “ Serge il peint ! Serge il peint !
Et puis, pas plus tard que le lendemain, c’est-à-dire vingt ans après s’être penché sur mon berceau au cours de vacances à Vallorbe, il se penche cette fois sur mon œuvre naissante dans un fruste baraquement de chantier qui, à ce moment-là, me servait aussi d’atelier. »

André Lombard, St-Laurent, Viens, le 8 novembre 2021.

*

Dans une vie, les rencontres sont essentielles car elles l’orientent et donc la déterminent en grande partie. Ainsi, celle que je fis de Serge Fiorio fut pour moi décisive, apportant de bonne heure une eau claire et limpide, autant qu’abondante, au moulin de ma curiosité de la vie et de ses secrets.
En effet, quel bonheur, mais aussi quel mystère fécond pour l’esprit, édifiant, de voir quelqu’un, de plus un ami, réinventer le monde si bien à sa façon, toujours fidèle à lui-même, et cela quotidiennement !

*

Né en 1955 à Banon, dans les Alpes-de-Haute-Provence, André Lombard rencontre Serge Fiorio en 1971, alors qu’il a déjà découvert sa peinture.
Depuis ce temps, il n’a jamais cessé d’être attentif à l’œuvre et s’attache, chemin faisant, à en faire connaître et partager la richesse par diverses publications dont, notamment, un Pour saluer Fiorio précédé de Rêver avec Serge Fiorio par Claude-Henri Rocquet. Depuis janvier 2014, il anime un blog entièrement dédié à l’artiste : sergefiorio.canalblog.com

*

Quelques liens :

Revue Giono. Hors-série Eugène Martel, 230 pages

Giono : le vrai du faux
Asinus asinum fricat !
Instinct nomade n°10 : spécial Giono
Giotto-Fiorio : le réel ? Materia prima !
Avant-propos aux fables de Lucienne
Ô sacré moulin du Contadour !
À chacun son Giono !
Fiorio-Giono, la récolte des olives !
Gouache d'illustration d'une scène du Chant du monde
Une lettre du cordonnier Jean-Antoine Giono à son neveu le maçon-carrier Émile Fiorio
Le premier Giono a bien plus qu'un accent, et alors ?
Fiorio en son magistral portrait de Giono à l'étoile et à la colombe
Impromptu 8.
Les tribulations du premier Portrait de Giono
Le premier portrait de Giono. 1
Le premier portrait de Giono. 2
Le premier portrait de Giono.3
Le premier portrait de Giono. 4 (suite et fin)

Vive les journées du patrimoine !Journées du patrimoine : zou maï !
À propos d'une réflexion de Giono dans son Journal de l'Occupation

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
S
Aïe ! Aïe ! Aïe ! mes chevilles !!!!<br /> <br /> Et mon melon !!!
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F
Une fois de plus<br /> <br /> Admiration<br /> <br /> Admiration<br /> <br /> Admiration<br /> <br /> André Pierre Fulconis
Répondre
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