Vachères.

   Malgré la mauvaise qualité des photos — mea culpa ! — il demeure intéressant de voir comment et à quel point Serge a ici réussi à rester fidèle à la réalité. Ce tableau de Vachères est la commande d'un amoureux à la fois de ce village altier et de la peinture de Serge.

La transposition diffère du réel surtout au niveau des couleurs : comment Serge, même avec la meilleure volonté du monde, aurait-il pu peindre avec d'autres couleurs que celle de sa palette ? Par contre, il lui a été facile de coller de près à l'architectonique du site pour organiser sa composition : « Le dessin de Serge Fiorio s'est fait aux inflexions clémentes d'une terre que l'âge remplit d'indulgence ; il a pris, dans sa fermeté, une aisance, une souplesse musicale » écrit son ami, le poète Jean Mogin.

Seul ajout, me signale Gérard Allibert, le peuplier au premier plan à gauche : « Autre signature de Serge ! »

Dans sa volonté de satisfaire au plus près le désir de son commanditaire, l'artiste m'avait entraîné avec lui sur le terrain pour en ramener une photo qui soit déjà une approche significative de la future toile.

Si c'est moi qui ai pris la photo, c'est lui qui en a choisi bien évidemment le contenu pour pouvoir en faire ensuite son affaire. « Je crois que de là, c'est du tout cuit ! » m'avait-il d'ailleurs dit, satisfait ; de plus, le sujet par lui-même était bien dans ses cordes et tout à fait dans l'esprit de sa peinture.

Depuis la rédaction de l'article, j'ai eu l'occasion, grâce à l'amabilité de son propriétaire, de mieux photographier ce beau et surprenant Vachères. On y distingue, sur la gauche, l'église St-Christophe encore en ruine ; aujourd'hui heureusement réhabilitée en un beau et haut lieu culturel.

Pour clore ce billet sur ce village familier à Jules et Jeanne Mougin, cher à Jacqueline et Jean Mascaux,  les réunir autour de cette toile le représentant de leur ami Serge Fiorio, quoi de mieux que d'entendre Jules répéter ici...

Je répète ici…
À Jacqueline et Jean Mascaux

Je répète ici que les villages bas-alpins ont des noms sucrés,
veloutés et caressants.
Tenez. Simiane.
Et Soleilhas.
Reillanne, là.
Manosque nous tend sa main.
Il y a de l’oiseau dans Méolans.
J’aimerais écouter Mozart à Valsaintes.
LA FRANCE ENTIÈRE NE POSSÈDE QU’UN PIERREVERT.
Ô, Taulanne, et toi Castellanne !
Les Omergues, dites ?
Et Valensole, encore.
Dans votre film murmurez
le nom des villages qui chantent.

Jules MOUGIN, (né en 1912). Le Comptable du Ciel, Robert Morel. 1960.