Le billet d'Agostino Forte.

De la peinture à la parole.

D’abord, il me faut dire que j’ai pas eu la chance de mieux connaître Serge Fiorio de son vivant. Tout ce que je viens d’apprendre autour de cette personnalité ce fut à l’occasion de la lecture du livre d’André Lombard et de son blog, à l'occasion aussi de quelques articles dans différents livres qui parlent du pays dans lequel habitait le peintre et qu'il fouillait en ses tableaux, évidemment. Je vais tenter, à ce propos, de relater une méditation que j’ai vécue ce matin, la transcrivant de cette façon :

En dehors des langues, toutes les autres expressions de l’être humain sont des tentatives d'appropriation d’un langage personnel. Donc, on peut dire qu'au-delà des mots cet être trouve dans son art sa façon de vivre (ou, comme le disait Paul Valéry, « il essaie de vivre ») en donnant forme à son besoin de dessiner l’existence.

Dessin d'ouvriers au repos. Période de Taninges.

Cet art est le moyen idéal d’aboutir avec enthousiasme à la découverte d’un ciel tout personnel mais intimement lié, en même temps, à quelque chose de secret et d'immémorial dans l'histoire de l'esprit humain.

L’école primaire, les commencements, c'est apprendre le geste et la parole : premiers degrés de l’art de vivre, quotidien. D’après Okakura Kakuzō, l'Art véritable est celui sans but et sans intention conscientes. Parmi les Arts, il y a la peinture dont les premiers acteurs sont les peintres. Au milieu d’eux, Serge qui avait, lui aussi, sa patte, son trait, ayant reconnu dans la prosaïque réalité sa pierre d'angle. A tout cela, à cette somme de moyens, d’ingrédients, on pourrait, bien sûr, en adjoindre d'autres qui participent à leur façon au langage particulier qu’il a pétri dans son Art.

Loin d’encenser l’artiste, le peintre, donc l’homme, je veux, à ma façon, paysager sa vie avec peut-être la figure de l'un des ses propres personnages justement, celle d'un meunier tout blanchi de farine de neige, ou cette autre, mystérieusement lumineuse, d’un forgeron, martelant le métal du temps, noirci par la suie des étranges tempêtes de sens.

 

Mais pas de limites à tout ça. C’est là un chemin pour ramener à l'essentiel. On se rend compte du printemps, de la douceur, du Paradis, d’un monde tout à fait reconnaissable au coeur d’une invisible étoile. L’étoile qui, tout le long du chemin vers le Nouveau Né, guide les Mages à l’Image, c’est-à-dire à la compréhension profonde de la réalité (ou ce qu’on appelle la Vérité). Et les bergers ? Ils sont présents dans la cabane pour ralentir le Temps de Beauté, de Calme et de Plénitude.

Le monde résume la Crèche. Monde auquel, chaque jour, il faudrait rappeler le Grand Résumé. Les vingt-quatre heures de notre vie quotidienne rythment la Queste de nous-mêmes.

Un monde engendré sur une toile.

Et je pense : il est pas si lointain ce Paradis !