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Serge Fiorio - 1911-2011.
Serge Fiorio - 1911-2011.
  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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2 juin 2014

Sur une photo de l'atelier.

Nous sommes ici dans le saint des saints, l'atelier évidemment ! Il y a peu encore, c'est Aldo qui — en 1959 — livra à son cher frère cette petite pièce fraîchement aménagée de ses mains d'artisan consciencieux, toute peinte de blanc, sous les toits, avec quatre fenêtres, et une lucarne supplémentaire dans le plafond, à l'aplomb exact du chevalet. Combien de fois cet homme fort modeste mais extrêmement généreux y a-t-il courageusement retroussé les manches pour que Serge puisse bénéficier de ce lieu de travail quelque peu retiré, le mettant ainsi à l'abri des bruits domestiques et des visites intempestives ?

Absent sur la photo, le peintre — qui a posé sa paire de lunettes de travail sur le grand tabouret — est sans doute descendu un instant à la cuisine « goûter un peu où ça en est et mettre un morceau de bois dans le fourneau », nous laissant dans un silence peuplé puisqu'en la joyeuse compagnie des nombreux personnages d'un Carnaval au village encore installé sur le chevalet. La haute pendule provençale n'est pas encore là, mais des amis vont bientôt lui en faire cadeau, la couchant discrètement devant sa porte, en remerciement d'un service rendu. Debout contre le mur face à la porte d'entrée de l'atelier, elle y bercera le temps, tout le temps, que Serge peindra encore ; s'arrêtant, sans plus alors vouloir redémarrer, deux jours seulement avant qu'il ne pose définitivement les pinceaux sur le rebord du chevalet.

Carnaval

Phot X, Y, ou Z, tous droits réservés.

Au plafond, une lanterne de papier comme on en voit souvent, peintes, dans ses Bal masqué. Au futur emplacement de la pendule, royale dans sa rustique simplicité, l'une des poétiques compositions végétales que, dans les années soixante, sa voisine Lucienne prenait grand soin et grand plaisir à confectionner artistiquement de ses mains de fée, pour les offrir aussitôt de grand cœur autour d'elle.  

C'est dans ce lieu, incroyablement minuscule pour un atelier, que pendant cinquante ans Serge pratiqua, lui, chaque jour avec bonheur, sa « petite cuisine ». N'y ayant que le recul possible d'un bon pas derrière lui — mais qui, le plus souvent, lui suffisait — pour apprécier son ouvrage, dans le cas d'un grand format, il tournait donc carrément le chevalet sur lui-même, l'œuvre en cours se trouvant alors exposée vers le reste de la pièce pour y être examinée.

Sur la droite, au crayon, une belle brochette de petits portraits-robots, bestiaire humain en attente d'être peint.

 

Traduction de notre ami Agostino Forte :

Su una foto dello studio

Ci troviamo nel sancta sanctorum – mi riferisco allo studio ovviamente. Non è passato molto tempo da che Aldo, nel 1959, ha consegnato a suo fratello questa stanzetta appena sistemata dalle sue mani di scrupoloso artigiano, imbiancata fino al soffitto, munita di quattro finestre e di un lucernario supplementare giusto a piombo sul cavalletto. Quante volte quest’uomo modestissimo ma estremamente generoso si è risolutamente rimboccato le maniche affinché Serge potesse beneficiare di questo luogo di lavoro un poco in disparte, che lo mettesse al riparo dai rumori domestici e dalle visite inopportune ?

Assente dalla foto, il pittore – che ha posato i suoi occhiali da lavoro sul grande sgabello – sarà senz’altro sceso un momento in cucina « a spizzicare qui e là e a mettere un pezzo di legna nella stufa », lasciandoci in un silenzio popolato dall’allegra compagnia dei numerosi personaggi del Carnaval au village ancora installato sul cavalletto. L’alta pendola provenzale non è ancora arrivata ma gli verrà presto regalata da amici che, a ringraziamento di un servizio ricevuto, gliela lasceranno in modo discreto davanti alla porta. Ben dritta contro il muro di fronte all’ingresso scandirà il tempo - tutto quel tempo che Serge avrà ancora davanti a sé per dipingere – arrestandosi, senza più alcuna volontà di ripartire, giusto due giorni prima che egli posi definitivamente i pennelli sul bordo del cavalletto.

Dal soffitto pende una lanterna di carta come quelle che si vedono spesso dipinte nei suoi Bal masqué. Al posto che sarà della futura pendola (regale nella sua rustica semplicità) una delle poetiche composizioni vegetali  che, negli anni sessanta, la sua vicina Lucienne prendeva gran cura e piacere nel confezionare artisticamente con le sue mani fatate per offrirle poi  generosamente a chi le stava attorno.

È in questo luogo, incredibilmente minuscolo per uno studio, che Serge esercitò felicemente per cinquant’anni la sua « piccola cucina »(*). Per concedersi una visione d’insieme di un quadro poteva indietreggiare solo per lo spazio di un passo - e questo generalmente gli bastava, mentre per uno di grande formato girava il cavalletto su sé stesso così che l’opera si trovasse esposta verso il resto della stanza per essere esaminata.

Sulla destra, a matita, una bella filza di piccoli identikit, bestiario umano in attesa di essere dipinto.

---

(*):una definizione che calza bene con l’idea di una culinaria-pittorica; la creazione come “fase in cottura” di un mondo da rappresentare; una pietanza-tela che verrà, con la sua conclusione, servita al commensale-spettatore.

 

 

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