Rentrée littéraire et autres. Billet d'humeur de saison
Si nous manquons, entre autres, cruellement de médecins en province, de petits commerces de proximité et autres lieux de vie ou de convivialité, par contre, où que nous habitions en France, nous ne sommes pas, loin de là, en pénurie de porte-plumes puisque 459 d’entre eux précisément, tous déclarés écrivains, ont livré puis vu leur copie validée pour la course aux actuels 200 prix littéraires ayant une portée nationale.
C’est, à trois ou quatre noms près, variables d'une année à l'autre, une même douzaine d’auteurs qui réapparaît en vitrine, à la télé, sur les ondes, ou émerge en tête de gondole dans les Fnac à cette période.
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Alors, pour sortir du lot, se différencier et ainsi tenter d’attirer vers soi puis gagner par là l’adhésion de l'éventuel lecteur encore hésitant pour lui faire bayer un peu le portefeuille aux corneilles, certains se sont carrément créé un personnage rien de moins que publicitaire, donc facile à remarquer, tel celui incarné, par exemple frappant, par une Amélie Nothomb affublée, mais non, pardon, surmontée, d'un galure noir toujours plus ou moins décoiffant ; ainsi extravagante à souhait à chaque apparition publique et ne s'abreuvant exclusivement – à ce qu’elle répète jusqu’à plus soif à la moindre occasion – que de champagne à fines bulles, ce qui est des plus intéressant ! Cela, quand d’autres joueront sur la légende du gros dur à cuire en cavale, de l’initiée d’une obscure tribu, celle du saint campagnard en diable ou, à l'inverse, du singe savant parisien, que sais-je ! Paraît que ça s'appelle un concept et que ça booste sacrément les ventes, mine de rien.
PS : N’empêche, beau souvenir, n’est-ce pas, que celui de Romain Gary court-circuitant le système de l’intérieur en se faisant attribuer – avec grand talent par-dessus le marché ! – par deux fois le Goncourt !
Tandis qu’après l’incroyable succès de L’épervier de Maheux, Jean Carrière, ne l’oublions pas, subissait en pleine poire toute la toxicité rémanente des cendres de la gloire ; ce qu'il raconte, essayant de se soigner, dans Le prix d’un Goncourt.
En rapport avec les prochaines Correspondances de Manosque, j’ai reçu quelques lignes de l’association À dos d’éléphant qui précise : « Notre association y participe cette année et vous propose de venir flâner, s’évader et se balader autrement dans Montjustin, tout en prenant le temps d'écrire à qui vous le souhaitez ! Carte postale, ou mots d'amour, c'est vous que ça regarde ! Les enveloppes et cartes seront ensuite affranchies par l'équipe des Correspondances ! Elle est pas belle la vie ? »
Il est bien vrai, question correspondances, qu'à l’heure qu’il est actuellement dans le monde, l'innocente envolée de cette petite phrase finale vaut pour le moins tout son pesant de coques de cacahuètes éparpillées là-haut à cette occasion sur la place du village.
« Et c'est ainsi qu'Allah est grand ! », comme l'écrivait avec esprit, mais toujours sans aucun rapport avec le sujet, l'excellent Alexandre Vialatte en conclusion narquoise de nombre de ses fameuses chroniques parues au journal La Montagne.