Pierre Martel par Jean-Yves Royer

Jean-Yves et Pierre dans la chapelle à l'étage de la tour de Porchères à St-Michel l'Observatoire le 15 février 1981

Pierre Martel

   Beaucoup d’entre vous ont connu Pierre Martel. Le problème est que, plus le temps passe, et moins il y aura de gens l’ayant connu personnellement.
Alors, pour ceux aussi qui n’ont pas eu la chance de le rencontrer, je voudrais juste rappeler en quelques mots qui il était. 

   Pierre Martel était l’un des hommes les plus extraordinaires que la haute Provence ait connus. Il était né au Revest-du-Bion en 1923, et nous a malheureusement quittés en 2001.
Très tôt, il avait été émerveillé par la beauté et les innombrables richesses du pays dans lequel il vivait.
Aussi, afin d’approfondir cet émerveillement, et de le faire partager, il s’était fait géologue, botaniste, archéologue, historien, ethnologue, etc., et plus encore homme d’action.

   C’est pour cela qu’en 1953 il avait créé le mouvement ADL, qui existe encore aujourd’hui, et à qui l’on doit notamment la création du conservatoire ethnologique de Salagon.
Depuis longtemps reconnu d’utilité publique, il continue de publier sa revue, d’organiser ses chantiers de restauration du patrimoine, et plus particulièrement du petit patrimoine rural, qui au début n’intéressait personne. Pas plus qu’à l’époque l’écologie, les régions ou l’Europe, tous des domaines où il a été un précurseur. 

   Mais surtout Pierre Martel était un conférencier et un conteur hors-pair, bourré d’humour. Il avait d’ailleurs beaucoup de succès.
Je me souviens qu’à l’époque où il était curé de Mane (car il fut aussi prêtre, avant de se marier et d’avoir des enfants), il organisait des conférences dans l’ancienne chapelle des Pénitents, qu’il avait réaménagée pour cela.

   Mais il ne commençait jamais sa causerie avant l’arrivée du car de Forcalquier… car on louait un car à Forcalquier pour aller à ses conférences ! Mais il ne faisait pas que des conférences. Une des choses qui ont le plus marqué ceux qui l’ont connu, c’était l’étendue fabuleuse de sa gamme d’activités : il était capable aussi bien d’écrire un livre de philosophie que de bâtir de ses mains un cabanon pointu. 

   Rien d’étonnant par conséquent à ce que bon nombre de ceux et celles qui s’occupent aujourd’hui de ce pays et de ses destinées aient été formés à son école. C’est le cas, entre autres, à la municipalité de Forcalquier.

   Pierre Martel détestait toutefois deux choses. La première, c’était les honneurs, dont il n’avait que faire. Par contre, quand on lui avait proposé de parrainer notre montgolfière, il avait été ravi. Pour lui, cet engin qui, rien qu’en chauffant un peu d’air, permettait de découvrir tout son pays, aussi bien au ras des herbes qu’en flottant au-dessus de ses collines était une chose splendide.
La deuxième, c’était les longs discours. Etait-ce parce qu’il était lui-même intarissable dès qu’il parlait d’un sujet qui le passionnait, ou malgré cela ? 

   En tout cas, il aurait certainement apprécié que ce discours-là pour parler de lui ne dure pas plus qu’il ne l’a fait.

   Aussi, merci pour lui !...

(2010-01-22)

Pierre Martel et nous

Pierre Martel et moi par Jean-Yves Royer