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Serge Fiorio - 1911-2011.
Serge Fiorio - 1911-2011.
  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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6 mai 2014

Premiers paysages.

   Voici deux œuvres datant du temps des premières empoignades de Serge avec l'ange à même le paysage de Haute-Provence.

Dans le premier tableau — non daté, mais datable d'à peine le milieu des années cinquante (il apparaît sur une photo prise dans la chambre-atelier de Serge au presbytère, c'est-à-dire entre 1948-1954) — qui est une des toutes premières tentatives du peintre pour rendre compte de sa vision émerveillée du pays où il vient de « jeter l'ancre », bien des éléments essentiels, qui seront bien souvent caractéristiques de son art du paysage, répondent déjà présents à l'appel : vue panoramique, aérienne, à vol d'oiseau, village perché en couronne, pièces de terre différemment colorées, cousues les unes aux autres en « paysage d'Arlequin » (Axel Toursky), grand ciel en accord et en prolongation du territoire, fermes solitaires. La végétation est rare encore, comme celle que Serge découvre en arrivant. Il faut dire qu'à cette époque le pays de Haute-Provence est rude et sec, rustique au possible. On s'y chauffe au bois — que l'on coupe donc à ras dans les collines — et nombreux sont les troupeaux de brebis et de chèvres qui, en se nourrissant, « nettoient »

Du point de vue couleur, on assiste visiblement à la recherche d'une certaine diversité et aux tous premiers dégagements d'un nouveau règne éphémère des ocres  — après encore un temps de pénurie, je pense — par l'arrivée et l'usage de jaunes, de verts, de bleus même : Serge connut bien des périodes où il ne pouvait pas acheter toutes les couleurs qu'il aurait voulu employer ; soit qu'il ne les trouvait pas facilement dans le commerce, soit qu'il n'avait pas l'argent nécessaire pour se les procurer. Ce qui, pour poursuivre et réussir, le poussait évidemment à approfondir son métier afin de pouvoir y puiser à la source avec bénéfice.

Epreuve de force réussie : sa palette, alors fort discrète dans cette nécessaire sobriété, s'en trouve cependant parfaitement bien équilibrée, ici en parfait accord avec le sujet, sa réalité de l'époque. La peinture est propre, l'air y est lui-même le lieu d'une belle lumière transparente, vivifiant tout ce patchwork piécé auquel le ciel fait écho, s'associe, le faisant à la fois tenir et passer par la trouvaille d'aériens trous bleu émeraude dans l'épaisseur blanche du nuage.

Photo Hubert Marcelly pour le Paysage nu coloré.

Hubert paysage

Un mot sur cette Neige simplissime, quasi rudimentaire, où tout ce qui est terre contraste du point de vue travail et sensibilité avec un ciel, par contre, visiblement très élaboré ; le dessin prédominant fortement sur la qualité à peine esquissée de la neige.

Comme le Paysage en général, dont elle fait d'ailleurs partie à part entière, ce n'est qu'une fois arrivé en Haute-Provence que Serge a pu la peindre. Si en Haute Savoie la neige parlait admirablement à son œil de photographe, elle ne parlait pas, par contre, à son âme de peintre parce qu'y étant associée à un relief bien « trop théâtral » pour en révéler toutes les qualités subtiles et surtout, avant tout, pour s'accorder harmonieusement avec l'esprit siennois de la peinture de Serge. Sans parler du pouvoir, découvert lui aussi ici, d'une autre lumière, transfigurante.

La plasticité du paysage de Haute-Provence recouvert d'un manteau de neige fraîche fournira par la suite au peintre quantité de motifs, suscitant eux-mêmes d'innombrables compositions où, avec poésie, bien souvent il excellera en usant — chez lui, science infuse — de la calme emprise de la géométrie comme il le fait déjà dans cette toute première Neige gracieusement offerte à ses chers amis Paul et Yvonne Geniet lors de l'une de leurs nombreuses visites à Montjustin.

L'une après l'autre au fil de sa production, les neiges constitueront vite dans l'œuvre un thème à part dont les toiles toujours très particulières, différenciées, sont alors très prisées par les amateurs de grande paix et de pureté extrême ; elles le sont encore aujourd'hui et sans aucun doute le resteront.

Quand, rétrospectivement, on regarde ces deux toiles peintes — on peut le dire sans crainte d'enlever quoi que ce soit à leurs qualités respectives — avec les moyens inventifs du bord, et qu'on reprend tout à coup conscience qu'en 1961 (date de la Neige) Serge avait déjà peint des chefs-d'œuvre de haut vol, de grande force, on se dit que l'œuvre n'a pas été construit d'un seul mouvement de progrès général. Des thèmes — les Neige et le Paysage justement — n'atteindront leur plein épanouissement qu'après un puissant travail auquel Serge s'est tout de suite confronté et trouvé heureusement à la hauteur à Montjustin, pas avant, en retroussant courageusement les manches, usant aussi sans compter, on le devine, de ses deux moteurs principaux :  la ferveur et l'enthousiasme !

Pour mémoire, La Grande Souche date de 1960. Ce puissant chef-d'œuvre — parmi d'autres de plus haute époque encore — a donc été réalisé, c'est bluffant, un an avant cette petite Neige initiale, pour cette raison première quelque peu simplissime et quasi maigrelette en regard de celles, nombreuses, qui bientôt suivront.

Grande Souche 

 

Sauver le Grenier des Grands-Augustins, ancien atelier de Jean-Louis Barrault et de Pablo Picasso:

http://www.opinion-internationale.com/2014/04/26/lettre-ouverte-a-anne-hidalgo-et-manuel-valls-il-faut-sauver-le-grenier-des-grandsaugustins_24289.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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