La dédicace d'avril 2009.

   On vient aimablement de m'envoyer deux photos qui datent d'un même jour de l'année 2009, celui-là même où Jacky Michel emmena les adhérents de l'association des Amis de Lucien Jacques à Montjustin et où quelques-uns d'entre eux, avec lui, firent halte chez Serge. 

Photos Michel Lambert.

Dans la première, ce dernier est immobile, à l'arrêt, stylo en main en un temps suspendu, visiblement en proie au syndrome de la page blanche, cherchant et appelant de tous ses vœux la phrase nécessaire et surtout adéquate à la dédicace de l'album de ses œuvres sollicitée par ses visiteurs. Exercice rituel auquel il se pliait toujours avec grâce, mais pour lequel il rencontrait cependant quelques difficultés d'inspiration ou de renouvellement, surtout quand il devait s'exécuter sur-le-champ, au débotté.

C'est pourquoi certains, par exemple en séjour de vacances dans la région, lui laissaient leur exemplaire en dépôt quelques jours : heureux et bon prétexte aussi de revenir bientôt vers lui pour une seconde visite !

« Nom de Dieu, qu'est-ce que je vais leur mettre ? Tu n'as pas une idée, toi ? Quand même, tu pourrais bien m'aider un peu ! » me disait-il quand je me trouvais parfois à ce moment-là auprès de lui.

Alors, pour détendre l'atmosphère, quelque peu calmer son impatience et sa nervosité, j'inventais aussitôt des dédicaces complètement farfelues qui lui donnaient instantanément envie de rire, bien sûr, et aussi - ce qu'il faisait - de prendre le relais en produisant lui-même à son compte quelques superbes élucubrations tirées au même tonneau ! Mais ce n'est évidemment pas par le bout du fil de cette bobine-là que pouvaient survenir la moindre dédicace valable et autorisée !

N'empêche, cette récréation des plus amusantes l'aidait à lever soudain les blocages qui jusque-là l'entravaient puisque bien souvent, tout d'un coup, son visage s'ornant alors d'un beau et large sourire, il se mettait à écrire avec l'application consciencieuse du plus parfait des écoliers : quelque chose lui était venu, la colombe s'étant enfin posée tout près de lui, lui soufflant quelque chose à l'esprit. Quelque chose la plupart du temps lapidaire, à propos du pays de Haute-Provence, de la lumière; ou alors, à l'opposé, il s'en sortait par une pirouette, en usant d'un trait d'humour bien à lui à son propre sujet, mais cela sans jamais faire aucun commentaire direct sur les peintures elles-mêmes qu'il estimait devant « se tenir bien droites toutes seules ». 

Rencapuchonnant ensuite le stylo, on le sentait parfaitement heureux et soulagé : « Une bonne chose de faite ! » concluait-il.

Jacky Michel nous fait savoir :

Histoire de Lire, la librairie de Gréoux, organise 3 conférences sur le thème : littérature et procès.

Salle Morucci, complexe de l'étoile à 18 h. Entrée libre.

Mardi 13 octobre : Voltaire et l'affaire Callas

Mercredi 14 : Zola et l'affaire Dreyfus

Jeudi 15 : Giono et l'affaire Dominici.