Une Nature silencieuse de 1960.
1960 c'est en plein l'époque pendant laquelle Serge est encore bien souvent et bien volontiers berger tout au long de l'année. Les heures de garde du troupeau de chèvres et de brebis en pleine campagne montjustinienne lui laissent à loisir beaucoup de temps pour observer ; et bien plus qu'observer, les sens en alerte, antennes déployées.
Tout y passe, aussi bien le ciel que le paysage, mais tout autant ce qui existe bien plus discrètement dans son environnement le plus immédiat, à ses pieds, à fleur de terre, où il fait maintes découvertes puis "enregistre" ces multiples rares visions de vies silencieuses fort inspirantes pour le peintre qu'à aucun moment, où qu'il soit et quoi qu'il fasse, jamais, de toute façon, il ne cesse d'être.
« Engrangements féconds » selon ses propres mots, qu'une fois de retour à l'atelier il réinvente encore en partie puis transpose d'abord sur papier, au dessin, ou directement à la peinture à l'huile après, comme à son habitude, une mise en place sommaire ou appuyée à la mine de plomb. Cela, sur panneaux d'isorel ou de contreplaqué découpés par contre d'office par son frère Aldo pour lui éviter (car assez maladroit) de prendre le risque de se blesser ou de s'abîmer les mains, si précieuses. Supports de fortune, si l'on veut, par rapport à la toile de lin, qui lui sont alors habituels par mesure d'économie, « la sécheresse financière ayant tenu bon pendant pas mal d'années ! »
Heureusement que ces supports en partie "fabrication maison" ont finalement fait leurs preuves puisque les œuvres concernées se trouvent encore aujourd'hui en tout aussi bon état de conservation que celles peintes sur toile. Il faut dire que le peu d'épaisseur nécessaire à Serge pour arriver à ses fins n'y est pas pour rien : certaines œuvres sur toile d'Ambrogiani qui peignait plus qu'épais, appliquant carrément la peinture à coups de truelle, se décroûtent, elles, avec le temps, par plaques entières comme il arrive à un crépi de se désolidariser d'un mur.
En ce temps-là, le pays de Haute-Provence n'est pas - loin de là, l'on s'en doute -, aussi verdoyant qu'il l'est de nos jours. Et pour cause : la population s'y chauffe encore au bois et de nombreux troupeaux paissent de longue sur son territoire ; ce qui, à première vue, le rend quelque peu déshérité ; parfois même, à certains endroits, à la limite du désertique car l'on peut y voir facilement, à l'œil nu, affleurant ici et là, mis à jour par l'érosion, jusqu'à ses divers immémoriaux mouvements telluriques.
Nature silencieuse, 73x60 cm, 1960.
Descendant chaque été de Bruxelles pour passer des vacances en famille en « le beau pays sec » dont elle aussi est gravement tombée amoureuse, Lucienne Desnoues s'en trouve de même inspirée : entre autres dans de nombreux poèmes-célébrations (Natures mortes par exemple) ainsi que par la réalisation de somptueuses grandes compositions végétales à accrocher chez soi qu'elle offre généreusement autour d'elle.
Serge, de son côté, se met à peindre des natures mortes qui en fait n'en sont pas, inventant par là, mine de rien, un nouveau genre en peinture, ou renouvelant l'ancien, c'est comme on voudra.
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De la part du réalisateur Ivan Boccara :
Chères amies et amis, je suis heureux de vous annoncer que Pastorales électriques est programmé :
- le samedi 9 novembre à 15h à la Chapelle des Carmes à Apt.
- le samedi 9 novembre à 18h30 à Cucuron.
- le dimanche 10 novembre à 18h à la Chapelle des Carmes à Apt.
Cela dans le cadre du 17eme Festival des cinémas d'Afrique du pays d'Apt du 08 au 13 novembre 2019.
http://www.africapt-festival.fr