À propos du fameux peintre-naïf-cousin-de-Giono.
Toutes les étiquettes qu'on me colle sur dos, ici ou là, n'ont
qu'un seul mérite : me faire rire !
Serge Fiorio
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Il est où le peintre niais ?
Alfred Campozet
(faisant irruption chez les Fiorio.)
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Voici ma réponse à une aimable personne qui me prévient que, grâce à son entremise, je serai peut-être contacté par les organisateurs de la prochaine Biennale des naïfs de Mâcon où « Serge pourrait bien être mis à l'honneur».
Heureuse initiative de sa part puisqu'elle me donne une nouvelle occasion de préciser encore une fois ici certaines choses...
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Mon cher Sylvain,
ton intention est bonne et généreuse.
Mais il se trouve que pour ma part, à ce sujet, je m'active en sens inverse.
Que je m'explique : je m'efforce encore et toujours, et autant que possible, de détacher un peu plus et un peu mieux deux des étiquettes attribuées, il y a longtemps maintenant, à la peinture de Serge. Étiquettes-clichés qui, à mon avis, l'empêchent d'être vraiment elle-même aux yeux du public auquel elles opacifient le regard ; leur masquent, ou tout au moins en déforment et donc en dénaturent en partie l'originalité foncière.
Conventionnelles au possible et rabâchées en rengaine, ces deux appellations, l'une comme l'autre, escamotent machinalement les qualités premières de cette peinture. Elles lui sont donc toutes les deux néfastes, délétères, nuisibles, entravant aussi bien la libre connaissance de l'œuvre que celle de l'artiste.
Peintre naïf, Serge l'est si peu en réalité, hormis sur les catalogues ! Cette sorte de marque de fabrique, il en a profité, certes ; elle lui a permis, de mieux vendre - donc de peindre davantage - à une époque où les naïfs avaient le vent en poupe et lui pas un sou vaillant en poche. Ça tombait bien !
Cousin de Jean Giono, à vrai dire c'est son père qui l'était. La parenté entre le peintre et l'écrivain se trouve, elle, être plutôt d'esprit - fréquente, mais la veine qui leur est commune n'est cependant pas du tout continue, loin de là ! D'ailleurs le plus souvent en filigrane seulement de chacune des deux œuvres, l'un ne pouvant évidemment pas donner ou rajouter ainsi du talent à l'autre ; et pas plus, bien sûr, du seul fait d'être proches parents !
Bien sûr, Serge et Giono se sont beaucoup fréquentés à Taninges, ont beaucoup partagé - j'insiste sur ce verbe - dans les années trente.
Mais après ? Ici, que celui ou celle qui voit les choses différemment se lève donc et me détrompe.

Portrait au crayon de Giono à Taninges, Haute-Savoie. Années trente.
N'y a-t-il pas, au fond - en tout cas il me semble -, dans cette appellation Cousin-de-Jean-Giono, une forme - très con-con - de partielle usurpation d'identité ? Les journalistes n'ayant parfois rien d'autre à écrire que des mensonges ou de traîtres approximations en sont seuls, au départ, les vrais fautifs, trempant hélas leur plume dans le plus facile à faire vendre - comme ici en accolant deux noms -, c'est classique.
Il n'a pas, non plus, mis une seule fois les pieds - c'est véridique aussi ! - dans son atelier de Montjustin où Serge a peint de 1947 jusqu'au décès de l'écrivain à l'automne 1970 - puis bien sûr encore avec bonheur bien au-delà.
Mais ici, de grâce, qu'on interprète bien, car cela n'a rien d'un reproche, c'est le simple rappel d'une constatation fait pour bien signifier que - cousins ou pas finalement ! - chacun des deux a tracé son chemin fort indépendamment de l'autre. Je vais même jusqu'à dire « au large » de l'autre. Ce qui n'empêche pas que parfois ceux-ci (leurs chemins) se croisent ou fassent, eux aussi, un bout de route ensemble par œuvres interposées. Comme Serge et Giono l'ont fait en chair et en os à Taninges et aussi à Manosque où, avant-guerre, Serge descendait parfois séjourner quelques jours pendant l'hiver.
Le phénomène de "parenté", d'air de famille entre des œuvres est par ailleurs tout à fait fréquent, toutes catégories d'artistes confondues, parfois donc même à travers des genres différents, y compris entre celles et/ou ceux qui ne se connaissent pas ou ne se sont jamais connus.
J'ai écrit, en les faisant peser en gras : À part ça... Mais aujourd'hui ? Alors... C'est-à-dire que pour celles et ceux qui veulent aujourd'hui s'enfoncer dans l'œuvre à la fois dense et foisonnante de Serge, la découvrir ou la redécouvrir, c'est justement, à mon sens, au-delà de ces trois sortes de bornes qu'ils trouveront le champ libre, que pour eux tout peut alors véritablement commencer !
Cet été peut-être !
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