Constant Rey-Millet 2
Voici une feuille volante - visiblement un brouillon - sur laquelle Serge retrace lui-même une partie de son parcours. Elle a attiré mon attention car, au verso, il y évoque Constant Rey-Millet qui était le sujet du billet d'hier : sergefiorio.canalblog.com/archives/2016/09 17

Personnellement, je pense que dans son enthousiasme, et comme il sait habituellement si bien le faire en cet état, Serge, avec délice, exagère. (Ce qui est endémique dans la famille, avec Giono en figure de proue). Certes, isolé comme il l'était alors du monde des arts, la rencontre et l'amitié sincère - de part et d'autre - d'un autre artiste tel que Constant Rey-Millet lui fut sans aucun doute quelque chose de très précieux et d'exaltant au plus haut point. Ce qui le pousse - sur demande je crois - à écrire cela et, ébloui, à en perdre, du coup, une certaine réalité de vue : « Il a été pour ma peinture l'apport le plus précieux et ma plus grande chance »... Constant Rey-Millet n'a pas, à mes yeux, été celui-là qui serait plutôt Aldo, son frère, son Théo à lui. Viendrait tout de suite après Paul Geniet et ensuite Hubert Fichte. Ces lignes manuscrites datant des années soixante, logiquement, pour s'en trouver plus juste, le jugement de Serge aurait dû avoir bénéficié du recul des ans, environ de deux décennies. Il n'en est rien, enjolivant sur-le-champ tout en écrivant ou se faisant plaisir d'exprimer à la hausse quelque chose qui lui est arrivé au-delà du commun dans les rapports humains; rejoignant, du coup, le domaine du merveilleux qui toujours le fascine et l'entraîne parfois loin de la vérité, sans la moindre petite entrave.
Il faut savoir que Serge a, de façon générale, toujours aimé, et plus que cela, embellir la vie, embellir ses amis et simples connaissances, les rendre aux yeux de tous et, dans ce miroir, aux siens surtout, encore plus beaux qu'à vrai dire ils n'étaient. Rendre à César ce qui est à César et rendre à Dieu ce qui est à Dieu, n'était pas tout à fait chez lui monnaie courante dans ses jugements ou ses simples appréciations : poète dans toute l'acception du terme, il était avant tout subjectif. C'est le cas ici, transcrit noir sur blanc, et en toute bonne foi par cet être qui, pas plus loin que quelques lignes plus haut, écrit aussi : « Impossibilité d'échapper à mes rêves » Ce à quoi, celles et ceux qui l'ont bien connu, auront envie d'ajouter en juste complément : « Et de ne pas y croire ! » Combien de fois cela s'est-il vérifié, l'entraînant parfois sans aucune retenue dans des impasses, des situations ubuesques, sinon dramatiques en plein !
Tout cela n'enlevant rien, bien évidemment, à qui fut réellement pour lui l'ami Constant Rey-Millet et rien, non plus, à qui il fut lui-même pour les autres.
*
Un lien vers le blog de notre ami Stéphane Rochette, spécialiste éclairé de l'œuvre de Rey-Millet-Rey-Millet.
Sur le même sujet :
Constant Rey-Millet. 1
Constant Rey-Millet 2
Constant Rey-Millet 3
Constant Rey-Millet 4
*
Dans le cadre de la 5ème édition de Voir et Écouter à Rustrel,
René et Michel réaliseront un projet concocté depuis longtemps déjà...ça promet d'être très réjouissant..
Nous comptons sur vous !
À bientôt donc..
Marité
