Hubert Fichte : une première note.

   Nous sommes quelques-un(e)s, trois quatre, à nous interroger sur la personnalité de l'écrivain allemand Hubert Fichte - 21 mars 1935 - 8 mars 1986 - dont Serge fit le portrait en 1961. Portrait « méphistophélique » selon le mot de Paul Geniet qui connut le modèle que Serge qualifiait, lui, à la fois, d'« ange et démon » en toute connaissance de cause puisque c'est lui qui, pendant deux ans et quotidiennement, de tous et de toutes à Montjustin, en fut le plus proche.

Mais quoi qu'il en soit d'Hubert Fichte, de ses qualités et de ses travers, ce portrait est magistral, dans une mise en page parfaite. J'y reviendrai dans un autre article pour tenter d'en dégager certaines significations et mettre, si possible, quelques mots sur ce qui en émane.

Hubert Fichte arriva à Montjustin en début 1960, ayant conversé dans le train avec Aldo, le frère de Serge. Il lui disait chercher du travail à la campagne à un moment où les activités, entre autres agricoles, des Fiorio étant alors en pleine expansion - tout comme l'était, en regard de celles-ci, la peinture de Serge -, deux bras de plus n'étaient donc pas de reste à Montjustin.

Photo Leonore Mau.

Il fut confié à Hubert la garde du troupeau ou divers autres travaux à faire, soit dans les champs, soit aux jardins, ne lui laissant, en fait, chaque jour, que l'embarras du choix.

Tout en s'acquittant de ses diverses charges - mais, le temps passant, « de moins en moins sérieusement », selon le témoignage d'Ida, la sœur du peintre - il s'intéressa aussitôt à la peinture de Serge et pris très vite à bras le corps l'audacieuse initiative d'une exposition Fiorio itinérante en Allemagne dont le succès ne s'est démenti en aucune des grandes villes où elle eut lieu. Cela à peine arrivé, si l'on veut, dénotant donc chez lui un œil inconstablement averti en la matière. Encore que, me direz-vous, la peinture de Serge il n'y a qu'a la regarder... Le premier venu se trouvant capable de l'aimer - et  pour toujours - à la folie, cela s'est souvent produit.

Quoi qu'il en soit, Hubert alla au bout de son entreprise, suscitant des conférences, restant également toujours très convaincant quant aux instances culturelles de son pays. Bon dieu, il fallait qu'il le soit pour que le feu qu'il alluma de loin se propage si vite ! Je ne connais qu'une seule œuvre - une Souche brûlée, peinte sur bois - étant revenue à Montjustin au bout du périple !

Souche brûlée en premier plan d'un paysage de neige en vue plongeante...tout un programme !

Là-dessus, et malgré l'incontestable réussite qui fit tout de suite monter en flèche le renom du peintre dans le ciel de la peinture européenne, les Fiorio, Serge y compris, apprécièrent de moins en moins sa présence parmi eux : s'étant révélé être, sur d'autres plans, un intrigant de première, il était surtout parvenu en bonne voie pour arriver à faire se disloquer la famille, pourtant unie et soudée depuis toujours comme on le sait. Hubert fut donc tacitement mais fermement invité à prendre le large dans la direction de son choix. Ce qu'il fit alors sans tarder, abandonnant son portrait à Serge, pour aller vivre à Hambourg avec la photographe Leonore Mau avant de s'engager avec elle dans un voyage ethnographique au long cours, en Amérique du sud, et dans l'écriture de plusieurs ouvrages qui firent de lui un écrivain apprécié, dans son pays essentiellement. J'ai, pour ma part, lu son Puberté, paru dans la collection Du monde entier chez Gallimard, sans en sortir le moins du monde convaincu à son égard du moindre talent d'écrivain au sens artistique du terme.

Par contre, ces quelques lignes, bien qu'orphelines, extraites d'une conférence me semblent issues d'une pensée originale et pour cela, pleines de sens, me font souhaiter pouvoir en mettre à jour le texte in extenso.

Au prochain épisode !

Sur le même sujet :

Une vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=GzCJQfrCLWs

sergefiorio.canalblog.com/archives/2016/09/01/ et  sergefiorio.canalblog.com/archives/2016/01/21  sergefiorio.canalblog.com/archives/2016/09/05

Traduzione a cura di Agostino :

Hubert Fichte : una prima nota

Alcuni tra noi, tre o quattro, si interrogano sulla personalità dello scrittore tedesco Hubert Fichte (21/03/1935 – 8/03/1986) al quale Serge fece il ritratto nel 1961. Ritratto « mefistofelico » secondo la definizione di Paul Geniet che ebbe modo di conoscere il modello, con cognizione di causa qualificato a sua volta da Serge come « angelo e demone », poiché per due anni ebbe modo, rispetto agli altri abitanti di Montjustin, di essere quotidianamente a stretto contatto con lui.

Ma al di là del personaggio Hubert Fichte, dei suoi pregi e dei suoi difetti, il suo ritratto è magistrale, di fattura perfetta. Ritornerò ancora sull’argomento per tentare di evidenziarne alcuni significati e spendere, se possibile, qualche parola su ciò che ne emana.

Hubert Fichte arrivò a Montjustin agli inizi del 1960. Sul treno si era trovato a parlare con Aldo, il fratello di Serge, al quale aveva detto di cercare un lavoro in campagna, cogliendo fortuitamente un momento in cui le attività dei Fiorio, e tra queste quelle agricole, erano allora in incremento – proprio come si trovava ad essere la pittura di Serge – e due braccia in più non avrebbero certo guastato. A Hubert fu affidata la custodia del gregge ma vennero date anche altre mansioni, sia nei campi che negli orti-giardino, lasciandogli ogni giorno solo l’imbarazzo della scelta.

Benozzo Gozzoli – Cappella dei Magi (dettaglio)

Pur adempiendo ai suoi vari compiti – ma col passare del tempo, « con sempre minor impegno », secondo il ricordo di Ida, la sorella del pittore – si interessò ben presto alla pittura di Serge e si diede anima e corpo nell’organizzare l’ardita iniziativa di una mostra Fiorio itinerante in Germania. Il successo non si fece attendere, rinnovandosi fin dall’arrivo in ognuna delle grandi città che ebbe a toccare, confermando nel tedesco un’incontestabile capacità di valutazione. Anche se, mi direte, la pittura di Serge non c’è che da guardarla … dandosi il caso che il primo venuto se ne infatui, come è capitato spesso.

Comunque sia Hubert giunse alla fine dell’impresa, occasionando conferenze, restando comunque sempre assai convincente di fronte alle istanze culturali del suo paese. E bisognava proprio che lo fosse per essere in grado di trasmettere un subitaneo entusiasmo. Sono al corrente solo di un’opera ritornata a Montjustin alla fine di quel periplo: una Souche brûlée (Radice bruciata) dipinta su legno.

 

Radice bruciata in primo piano su un paesaggio visto dall’alto … tutto un programma!

Ciò detto e malgrado l’incontestabile riuscita, a cui fece subito seguito la montante fama del pittore nel firmamento della pittura europea, i Fiorio, Serge compreso, gradirono sempre meno la sua presenza fra di loro, essendosi rivelato,  su tutt’altro piano, un intrigante fatto e finito, arrivato al punto di portare il disaccordo in famiglia altrimenti, per come la conosciamo, da sempre saldamente unita. Hubert fu dunque tacitamente ma fermamente invitato a far le valige. Cosa che fece senza por tempo, abbandonando il suo ritratto a Serge, e andando a vivere ad Amburgo con la fotografa Léonore Mau prima di cimentarsi con lei in un viaggio etnografico di lungo termine, in America del sud, nonché darsi alla stesura di diverse opere che fecero di lui un apprezzato scrittore, particolarmente nel suo paese d’origine. Per quanto mi riguarda, ho avuto modo di leggere il suo Puberté, apparso da Gallimard nella collezione Du monde entier, senza uscirne con la benché minima convinzione di trovarmi di fronte a uno scrittore di talento, nel senso artistico del termine.

Estratto di una conferenza di Hubert Fichte presso l’Istituo Francese di Colonia, nel dicembre 1961

« […] Jean Giono ha torto quando afferma che Serge Fiorio è semplice. Né la sua personalità né le sue opere lo sono. Al contrario, il gesto con cui si esprime è semplice, è vero. Ogni vera opera d’arte illustra una complessità quasi patologica, che è tutt’altra cosa dalla semplicità, come si può ben riscontrare in Benozzo Gozzoli, in Harris Hirschfield. Solo che l’espressione di questa complessità varia dal primitivo all’astratto, dal naïf all’informale. Serge Fiorio non pone i suoi problemi come un problema. Si approccia al sogno – uno stato tanto complicato quanto la struttura microbica del suolo – affronta il suo sogno sulla tela come un campo da dissodare. »

Queste poche righe solitarie, estratte da una conferenza, viceversa mi sembrano dimostrare un’originalità di pensiero, una compiutezza di senso, e quindi mi auguro di poter riportare alla luce per esteso il testo in questione.

Léonor Mau

*

Dimanche 4 Septembre à 17h
dans la Chapelle St Denis de Reillanne
Rue du Planet organise un concert de musique ancienne
avec Géraldine JEANNOT, soprano
(qui chantait magnifiquement le rôle de Pamina dans notre dernier opéra Les Mystères d'Isis
et Pascal GALLON, luth et théorbe.

Places 15 € et réduit 12 €- Réservations au 06 63 41 77 12
Nous espérons votre présence.

Comments

[Beban]

Une grande exposition sur Hubert Fichte à Berlin: https://www.hkw.de/de/programm/projekte/2017/hubert_fichte/hubert_fichte_start.php

[SergeFiorio-blog]

Cher Jacques Meunier,

merci de votre apport à l'article concernant Hubert F.

Ce serait chouette si vous écriviez quelque chose, votre témoignage, sur le temps partagé avec ceux de Montjustin début soixante. Qu'en pensez-vous ?

André.

[Jacques Meunier]

Voir le Luberon bleuir, chanter avec les parents de Serge, approcher de Hubert (et des moutons, ou plus) - grands moments en 61 (tout cela avant de rejoindre Hubert à Hambourg ou Berlin - écrivains du Gruppe 47, puis James Baldwin pour lui quelque temps), puis Sylt en 64 avec Leonor - et moi avec celle qui allait partager 40 ans de ma vie)... Reste les couleurs des tableaux de Serge (le cher daltonien)...