
1 mai 2014
Les Carnets de Moleskine.
Lucien Jacques fut le découvreur de Giono et, par la suite, son ami le plus proche et le plus fidèle. C'est lui qui, vers 1950, vendit une ruine à Serge à Montjustin, en faisant ainsi son voisin.
Aujourd'hui, à l'occasion du centenaire de la première guerre mondiale, reparaissent ses Carnets de Moleskine dans lesquels, de juillet 14 à août 15, Lucien Jacques mobilisé a tenu le journal de ce qu'il voyait et de ce qu'il vivait jour après jour, y criant haut et fort son horreur et sa révolte devant la tragédie de ce début de siècle. Il en sortira et en restera profondément et contagieusement pacifiste pour le restant de ses jours. Il fut ainsi la flamme vive des fameuses Rencontres du Contadour —ardent foyer de poésie et de pacifisme — septembre 35 à septembre 39 — que la deuxième guerre vint hélas contrecarrer et finalement éteindre dans ses projets immédiats.
La préface de l'ouvrage est Recherche de la pureté par laquelle, d'entrée, Giono enfonce le clou : « Quand on n'a pas assez de courage pour être pacifiste, on est guerrier. » Ce texte virulent fera interdire la vente de la première édition parue en 1939, à l'aube de la seconde guerre mondiale. Mais Les Carnets de moleskine continuèrent de se vendre, sous le manteau. Il est donc heureux de voir, par contre, l'ouvrage aujourd'hui en vitrine.

« C'est insensé. Ça ne ressemble plus à rien. Il faut gueuler pour s'entendre. Je m'entends scander la marche folle, brancard aux épaules, avec ces mots : "Tu veux vivre... tu veux vivre... tu veux vivre..." À chaque éclatement je me demande où et comment je vais être touché. Je ne veux pas traîner comme Georges, pas être aveugle surtout, pas au ventre et puis soudain les limites de l'angoisse dépassées, je me sens devenu indifférent à tout. Je ne pense plus à rien qu'à être digne devant la mort. Ça ne dure pas longtemps. Une rafale toute proche volatilise mon courage et je recommence... pas mourir... pas mourir... Vivre... Vivre... À chaque ébranlement, tout est à refaire. La vue de Damien qui marche à ma hauteur me réconforte soudain. Je l'aperçois à la lueur d'une fusée, derrière les pieds du blessé que nous portons. Son regard durci fouille la nuit. À sa bouche, je vois qu'il siffle. Et je me mets à chanter à tue-tête...»
Il existe une très active Association des Amis de Lucien Jacques dont voici l'adresse : 10, rue fontaine vieille 04800 Gréoux les Bains. Contacter le Président jacky.michel@sfr.fr qui se fera un plaisir de vous renseigner.
La dernière publication, le numéro 10 des Bulletins de l'association est un fort volume de 120 pages sur le sujet qui nous intresse ici.
Un lien vers une émission de Radio libertaire au cours de laquelle Bernard Baissat de l'Union pacifiste raconte la vie du peintre et poète Lucien Jacques — son pacifisme intégral, son antimilitarisme — en s'appuyant en grande partie sur le travail réalisé par Jacky Michel et l'Association des Amis de Lucien Jacques.
Nous reviendrons bien sûr et bien volontiers sur cette haute figure de la poésie et de la peinture que fut Lucien Jacques, son œuvre et son personnage étant tous les deux ceux d'un être hors du commun dans le proche voisinage de Serge.
Peut-être que Jacky Michel lui-même (ou quelqu'un d'autre de l'Association) nous écrira quelque chose....
Ci-dessous un bois gravé ; technique où, comme dans l'aquarelle, Lucien Jacques magistralement excellait.
De quoi lire :
Le livret Trois de Montjustin.
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Lucien Jacques.
Lucienne Desnoues, Lucien Jacques et Pégase, entre autres.
Une photo de Lucien Jacques
Lucien Jacques : le témoignage de Charles Tillon sur ses obsèques du 13 avril 1961 à Montjustin.
Aux Amis de Lucien Jacques.
Les Carnets de Moleskine.
Les poèmes de guerre de Lucien Jacques.
Album de dessins et gravures de Lucien Jacques
De la correspondance Lucien Jacques-Alfred Campozet.
Le sourcier Lucien Jacques, par Lucienne Desnoues
AG Lucien Jacques et autres informations.
Un court poème que Lucienne m'offrit.
Dans le N° 12 des bulletins des Amis de Lucien Jacques
Sur une photographie de Lucienne Desnoues.
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Traduction de notre ami Agostino Forte.
Lucien Jacques fu lo scopritore di Jean Giono e, successivamente, il suo amico più intimo e fedele. Fu Lucien, nel 1950, a Montjustin, a vendere un rudere a Serge diventando così suo vicino.
Oggi in occasione del centenario della prima guerra mondiale vengono riediti i suoi Taccuini di Moleskine nei quali, dal luglio 1914 all’agosto 1915, Lucien Jacques, essendo mobilitato, ha tenuto il diario di ciò che viveva e vedeva giorno dopo giorno, denunciando, in toni forti e alti, l’orrore e la sua rivolta davanti alla tragedia di quell’inizio secolo. Da quell’esperienza uscirà e resterà profondamente e fermamente segnato dal pacifismo per il resto dei suoi giorni. Egli fu anche la viva fiamma dei famosi Rencontres du Contadour, ardente focolare di poesia e pacifismo (dal settembre 1935 al settembre 1939) che, ahimè, la seconda guerra mondiale venne a ostacolare e alla fine arrestare nei suoi progetti immediati.
I Taccuini sono prefati dal testo di Giono Ricerca della purezza all’inizio del quale afferma: «Quando non si ha abbastanza coraggio per essere pacifisti si è guerrieri.» Per via del carattere sferzante del testo ne sarà vietata la vendita della prima edizione, apparsa nel 1939, all’alba del conflitto. Ma i Taccuini di Moleskine continueranno a vendersi clandestinamente. È dunque un evento felice vedere oggi la loro riproposizione nelle vetrine.
«Non c’è alcun senso. Tutto questo non assomiglia più a niente. Bisogna sbraitare per farsi sentire. Barella sulle spalle, mi ascolto scandire l’insensata marcia con queste parole : « Tu vuoi vivere … tu vuoi vivere … tu vuoi vivere … » A ogni esplosione mi domando dove e come verrò colpito. Non voglio finire come Georges, soprattutto non voglio rimanere cieco, non voglio essere colpito al ventre e poi appena superati i limiti dell’angoscia mi sento indifferente a tutto. Non penso ad altro che alla mia dignità di fronte alla morte. Ma non dura molto. Una raffica vicinissima disperde il mio coraggio e ricomincio … non morire … non morire … vivere … vivere … Ad ogni scossone tutto ricomincia. La vista di Damien che cammina alla mia altezza mi rincuora all’istante. Lo intravedo alla luce di un razzo, dietro i piedi del ferito che stiamo trasportando. Il suo sguardo indurito fruga la notte. La sua bocca si mette a fischiare. Allora mi metto a cantare a squarciagola. »
A Gréoux les Bains (10, rue fontaine vieille – 04800) c’è l’attiva Association des Amis de Lucien Jacques che edita i Bollettini della medesima, l’ultimo dei quali (n°10, LA GUERRE DE 14 – 18 vue par Lucien Jacques, ottobre 2013, pp.120) tratta appunto dell’argomento soggetto di questa comunicazione. Per contattarne il Presidente :jacky.michel@sfr.fr
http://cinepax.canalblog.com/archives/2014/02/08/29152063.html riferisce invece dell’indirizzo in Rete di una trasmissione di Radio libertaire - frutto in gran parte del lavoro realizzato da Jacky Michel e dall'Association des Amis de Lucien Jacques - nel corso della quale Bernard Baissat, dell’Union pacifiste, racconta la vita del pittore e poeta Lucien Jacques, del suo pacifismo integrale, del suo antimilitarismo.
Ritorneremo senz’altro e ben volentieri su questa importante figura della poesia e della pittura che fu Lucien Jacques. La sua opera e il suo personaggio rappresentano entrambi un essere fuori dal comune e nelle strette vicinanze di Serge. Speriamo quindi di poter ospitare qualche intervento di Jacky Michel o di altri dell’Associazione.
Sopra un’incisione su legno, tecnica nella quale, al pari dell’acquerello, Lucien Jacques eccelleva in modo magistrale.
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