Giono. Cherchez l'erreur !
Force est de constater que, tenaillé entre profanation touristique et gionisse universitaire, le monde de l’écrivain manosquin se trouve aujourd’hui être de facto une proie facile – mais bien malgré lui cependant, Dieu ne l’en ayant pas préservé – pour servir de prétexte ou de marchepied à d’innombrables hommages et célébrations en tout genre qui, par eux-mêmes, ne sont pas tous véritablement des plus congruents.
Parmi tant d’autres tout aussi absurdes ou inconvenants lus ici ou là, le titre d’un récent article de la revue L’Alpe, par exemple, ne le qualifie-t-il pas, ni plus ni moins, de… « performeur » !
Et quoi encore !
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Giono par Justin Grégoire
« N’agglomérez pas vos individus. Restez libres. Repoussez tout ce qui coagule » écrivait-il en 1937 dans Au-devant de la vie. Réitérant cette même sage consigne l’année suivante, sous une autre forme, aux dernières lignes du Poids du ciel : « Je ne fais effort ni pour qu'on m'aime ni pour qu'on me suive. Je déteste suivre et je n’ai pas d’estime pour ceux qui suivent. »
Cela tandis que, s’en souciant comme d’une guigne, n’ont jamais cessé de se multiplier, ici et là, jusqu’à plus soif, nombre de publications, de déambulations ou encore de pèlerinages et autres produits dérivés, tous estampillés, c'est un comble : Sur les traces de Jean Giono.
Cherchez l’erreur ! Qui ne peut donc être autre, désolante, que la conséquence d’un monstrueux autant que magistral déni de lecture ; à moins que l’habitude soit depuis longtemps prise – à vrai dire depuis sa mort en octobre 70 – de tout simplement détourner la puissance de Giono en toute impunité pour en faire selon le cas celle, plus directement avantageuse, d’un remorqueur, d'un tracteur, ou d'une… locomotive !