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Serge Fiorio - 1911-2011.
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  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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13 mai 2025

De Pierre Magnan à Eugène Martel et Jean Carrière à propos de régionalisme

   Pourquoi et au nom de quoi, je vous le demande (du parisianisme peut-être bien !), le terroir ne pourrait-t-il pas être pour l’artiste un terreau idéal où laisser s’enfoncer à cœur ses racines, puis à partir de là croître à l’aise pour, par la suite, y parfaire finalement son œuvre à l’air libre ?
Certes, encore faut-il, a minima, que ce soit avec art et pour mille et une raisons percutantes, bien entendu ; sans quoi n’ont pas tort nombre de créateurs, ceux-là sans doute encore trop vulnérables, qui gardent hélas toujours trop présente à l’esprit, et donc pesante à leurs pinceaux ou à leur plume, la hantise de pouvoir être dépréciés d’office une fois relégués, par médias interposés, parmi celles et ceux catalogués « régionalistes ».
Mais j’en connais au moins une paire de par chez nous qui, grâce à leur talent et n’écoutant aussi que leur cœur, ont bel et bien tout naturellement passé outre sans donc se soucier de quoi que ce soit, sinon d’affirmer et d’affermir au mieux leurs capacités artistiques depuis, terre d’élection pour leur art, leur territoire d’origine : Pierre Magnan n’a très certainement jamais eu l’idée de se départir d’un tel sort en son for intérieur. Sans rien forcer d’aucune manièresans jamais rien en lui, non plus, « 
qui pèse ou qui pose », n’a-t-il pas en effet situé chacune de ses fictions sur une aire géographique somme toute chaque fois limitée ; y faisant de plus fleurir, enrichissant sa prose, des vocables et des expressions, jusqu’à des tournures d’esprit ou grammaticales, venus tout droit de l’usuel riche parler vernaculaire de sa native région de Manosque ? Cela, je crois, allant pour lui de soi, sans donc avoir eu à expressément y réfléchir, pas même à y penser une seconde avant que de s’assoir pour se mettre à écrire ; usant alors de ce langage populaire haut provençal quand il en éprouvait tout naturellement le besoin ou l’envie au fil de la plume. Autrement dit, uniquement quand ça lui venait ainsi, si je puis écrire ; mais jamais au grand jamais pour une quelconque basse ou obscure raison parasite.
Quant à Eugène Martel, le si bien nommé « peintre du Revest », tout son œuvre dessiné et peint n’a pour ainsi dire d’autre sujet, ou presque, que les personnages familiers de son cher village natal et de ses alentours dans leur vie quotidienne à une époque donnée : la sienne, précisément !
De s’être lui aussi bien à sa façon « cantonné à la petite patrie » (selon ses propres mots alors employés dans une lettre à l’endroit d’un illustre compatriote) ne l’a visiblement en rien défavorisé (dans son cas, tout au contraire !) pour devenir le grand peintre qu’il est et reste encore en partie à découvrir.
Soit justement dit ici en passant mais à retenir ferme, que 2026 sera l’année d’une grande exposition Martel à aller visiter sans faute au musée Vouland d’Avignon. Cela tandis que, dès l’automne prochain, l’annuelle revue de la Société scientifique et littéraire du 04 proposera un brillant article solidement illustré d’Élisabeth Juan-Mazel à propos de son ancêtre. Fermons ici la parenthèse pour revenir à nos moutons.

Il est par ailleurs à remarquer que tout artiste, parisien ou pas, campant ses sujets à la capitale ou en région parisienne, ne sera jamais taxé, celui-là, de « régionaliste » ! Adjectif dont la partisane coloration péjorative est de toute évidence à dessouder au plus vite afin que cessent de faire des dégâts les préjugés hautains et la condescendance caractérisée de Paris-centre-du-monde à l’encontre de tout le reste de l’Hexagone ainsi que des DOM-TOM.
Ainsi, le Gardois Jean Carrière qui pour son malheur, puisque de fil en aiguille il en souffrit à mort, obtint le Goncourt 1972 via son excellent Épervier de Maheux situé dans les années 50 chez les paysans des hautes Cévennes, n’aurait-il pas, pour cette raison, subi un sévère choc en retour pour n’avoir pas pu ou su endurer à toute force comme tous les autres écrivains couronnés de ce prix avant et après lui, les impératifs médiatiques, occultes et autres, des hautes sphères littéraires parigotes ?
Via Le prix d’un Goncourt, il tenta bien de faire éclater au grand jour sa vérité, mais un livre non primé chassant aussitôt l’autre dans les librairies, ce fut en pure perte…

*

Sur le sujet : Claude Martel, Adieu pays ! La langue régionale d’un écrivain de Haute-Provence. Du sel des mots à la saveur des expressions. Provençalismes et régionalismes dans l’œuvre de Pierre Magnan. Éditions Alpes de Lumière.

 

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