Un personnage hors du commun. Témoignages concernant Gaby Martin recueillis par Marc Jean
Voilà qu’après quelques tribulations mineures ce collectif autant qu’amical bouquet de fioretti à la mémoire et en l’honneur de Gaby Martin paraît finalement dans le blog Fiorio – cela, il va sans dire, avec l’entier et plein accord de son fils Didier.
Marc Jean ayant été à la fois l’initiateur, l'un des contributeurs, puis par la suite et jusqu’au bout le maître-d’œuvre de ce recueil.
Gaby tenant sa place parmi tant d’autres, innombrables, dans la constellation Fiorio, ce document se trouve donc ici bien à la sienne sans que pour autant, restant toujours « sur le feu » – c’est là en tout cas ce que pour ma part je souhaite –, jamais rien n’empêche qu’il puisse être encore heureusement augmenté au fil du temps par d’éventuelles nouvelles contributions ouvrant sur d’autres facettes, souvenirs marquants ou traits d’esprit inédits d’un Gaby aujourd’hui d'ores et déjà reconnu, et ce n’est là que justice, personnalité de tout premier plan au sein du patrimoine immatériel des pays de Banon et de Forcalquier.
André Lombard
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UN PERSONNAGE HORS DU COMMUN
Le temps qui passe, inexorable, ne nous permettra plus, bientôt, de croiser dans ce pays certains des personnages qui nous étaient si familiers pourtant jusque dans les années soixante.
C’est la raison pour laquelle je voudrais parler de l’un deux, disparu il y a plus de vingt ans, car une foule d’anecdotes entourent Gabriel Martin comme un halo la lune.
Il est né le 3 Mai 1931 à Banon. Je crois pouvoir affirmer que personne à Banon, ni même aux alentours, ne l’a jamais appelé Gabriel. On l’appelait Gaby et comme ils étaient plus d’un avec ce surnom, quand on voulait éviter un quiproquo on l’appelait « le Fonfon ». Ce surnom mérite à lui seul une explication : son père s’appelait Alphonse, mais là aussi le surnom prévalait avec « Fonse ». Alors pour parler du « fils du Fonse » on disait « le Fonfon ». À l’oreille cela me paraît plus affectueux que Gaby…
Je cède la suite à Claude Martel, car son époux Pierre Martel, le fondateur d’Alpes de Lumière, était le cousin de Gaby Martin :
Rassembler des souvenirs déjà lointains pour tenter de dessiner le portrait d’une personne – qui fut aussi un personnage – est toujours un projet quelque peu hasardeux… Et plus encore dans le domaine de la mémoire orale qui est par essence sélective, donc oublieuse, mais qui retient toutefois par recoupements successifs plusieurs traits significatifs de ce portrait. Et c’est le cas des témoignages recueillis par Marc Jean qui esquissent ainsi l’image de l’adulte qu’il était. On verra les mots pour le dire : insolite, séduisant, homme de passion et de désir, fort intelligent et même surdoué, curieux de tout, entreprenant, prolifique, fantasque, imprévisible, charmant et charmeur…
En qualité de cousine par alliance du Gaby, que j’ai connu dès 1968 quand ma route a croisé celle de Pierre Martel, je retrouve bien ces qualités conjuguées qui ont fait sa réputation à Banon (et bien au-delà). Mais une personne a aussi une histoire familiale et pour lui je veux évoquer son appartenance à la famille Martin de Banon, alliée par sa mère à celle des Martel du Revest-du-Bion. À la fois pour des données de généalogie, car avant d’être soi, on est repéré par un nom de famille, et autrefois dans les villages, par un surnom, donc « le Fonfon ». Et dès lors, la mémoire originelle d’un individu est faite de cette inscription dans une lignée. Mais cette contribution peut aussi éclairer les rapports entre les deux cousins et la connivence qui les unissaient. Du fait de cette parentèle commune qui a forgé leurs souvenirs familiaux, mais aussi du fait de leur appartenance à un même terroir, un même « pays » comme ils disaient alors, et dont l’un et l’autre se sont toujours revendiqués.
Gaby était donc le cadet de 8 ans de Pierre. Né le 3 mai 1931, il était enraciné dans une famille banonaise depuis des générations. Pierre, de son côté, descendait d’une longue lignée de paysans qui « depuis cinq cent ans labouraient la terre sur le plateau d’Albion », le plateau dont Banon est une porte d’entrée et presque une « capitale ». Son père, Clément Félicien Marie Joseph (dit Félix) Martel, né en 1890 au Revest-du-Bion s’était marié le 27 avril 1920 avec Claire-Marie Éléonore Agnès Martin. Les parents de Gaby étaient aussi des gens de la terre : son père Alphonse Léon Antoine Martin dit « Fonse » né en 1895 avait épousé le 18 janvier 1930 à Saumane, Marguerite Louise Constantin « la tante Marguerite » dont Pierre parlait souvent puisqu’elle était la belle-sœur de sa mère, Claire-Marie Éléonore Agnès. Cela éclaire le sentiment d’appartenance commun qui liait Pierre à la famille de sa mère et plus tard à Gaby.
Mais il y a plus : c’est qu’à l’âge de 6 ans, en 1929 (Pierre était né le 22 mai 1923), ses parents le mirent en pension chez son oncle et sa tante Martin pour qu’il puisse aller à l’école de Banon (celle du Revest étant à 4 km de sa ferme du Labouret). Le Gaby naîtra 2 ans plus tard et n’a pas partagé le cocon familial avec Pierre qui, à 10 ans, partit pour Marseille, au juvénat des Œuvres de l’abbé Fouque. Mais cette forme d’adoption du jeune Pierre par les parents de Gaby (où il revenait parfois pour les vacances) les marquera tous les deux d’un lien plus fort que le simple cousinage. Ce fut le premier jalon d’une connivence d’ordre familial, alimenté sans doute par les récits familiaux.
Le second lien a dû se tisser autour du personnage de l’abbé Arioste, curé de Banon depuis 1907 et qui, dès la fin de la guerre de 14-18 avait entrepris des programmes d’aide et d’éducation pour les enfants et les jeunes (école paroissiale, garderie, patronage du jeudi et du dimanche, bibliothèque paroissiale, animations et évidemment formation des enfants de chœur). Mais aussi des lieux de rencontre, de convivialité et d’action pour les adultes, avec le Cercle paroissial, les projections de cinéma ou les pèlerinages en voiture dès les années 1925. Les parents du jeune Gaby avaient comme tous les paroissiens de Banon une grande admiration pour ce curé charismatique, dynamique, exigeant ; admiration qui ne fit que croître au moment de la Résistance et de la Libération de 1945.
Entre 1933 et 1947, Gaby et Pierre n’ont pas partagé la même enfance ni la même jeunesse puisqu’ils étaient l’un et l’autre scolarisés loin de leurs Basses-Alpes natales (puis pour Pierre éloigné par 4 années de sana en Savoie). Mais ils ont vécu le même sentiment de déracinement (souvent évoqué par Pierre dans ses écrits) qui les a probablement rapprochés une fois le pays retrouvé. Ce haut pays dont tous deux connaissent les habitants, les lieux avec leurs toponymes (savoir nommer l’espace c’est en partager l’essence intime), les valeurs, la culture rurale et la beauté.
Ces retrouvailles se sont précisées en 1947, quand le jeune abbé Martel, passé par le séminaire de Toulouse, et à peine ordonné, fut nommé curé de Simiane-la-Rotonde. Il avait alors 24 ans quand Gaby était encore un ado de 16 ans. Dès lors, les cousins ont partagé quelques expériences pionnières, et d’abord l’aménagement et le balisage des gorges du Calavon à Oppedette, dès 1950, aventure où l’abbé entraîna toute la jeunesse du plateau. Puis, en 1953, la fondation d’Alpes de Lumière dont Gaby sera un des premiers membres : le numéro O du Bulletin qui a modestement préludé aux Éditions, mentionne son nom « Gabriel Martin, électricien, Banon Basses-Alpes ». Ou encore, les campagnes de spéléologie dans les avens d’Albion ou les fouilles archéologiques du Chastellard de Lardiers. Plus tard quand Pierre éveilla les gens à l’importance et l’intérêt des constructions en pierre sèche (qui feront l’objet de nombreuses recherches et de publications dans Alpes de Lumière), les deux cousins montèrent souvent ensemble jusqu’à l’enclos-verger de Chanteperdrix, à Dauban, où leur grand-père Pierre, Joseph Auguste Martin, dit « Lou Mestroun » (1840-1927) avait épierré la terre année après année pour aménager et planter d’arbres treize bancaus (terrasses de culture étagées), des escaliers et des rampes et construit deux cabanes servant d’abri et de postes de chasse. Leur égale fierté pour l’ingéniosité de cet enclos et la beauté de ces cabanons encore debout depuis les années 1880, était aussi un des motifs de leur entente profonde.
Si Gaby n’a pas pris de responsabilités administratives dans le mouvement, il en a toujours suivi de près les activités et les tribulations, les grands moments comme les crises. Dès les premières années, il a pris goût à côtoyer les personnalités qui ont cautionné Alpes de Lumière (Eugène Claudius-Petit, Jean-Marie Gatheron, Georges Meyer-Heine, Guy Madiot…). Mais il a soutenu fidèlement Pierre dans les turbulences des années 68-70. Et surtout il a conseillé judicieusement l’association pour la restauration du centre de Biabaux à St-Michel en 1964 et exécuté les travaux aux moindres frais et au meilleur niveau technique. Tout comme il l’avait fait à la Bonnechère en 1960, pour aménager l’ancienne colonie de vacances en maison habitable. J’ai encore en mémoire l’évocation de leurs communs fous rires pour décaper au marteau et au burin les coulées multicolores de soupes séchées derrière le gros fourneau de la colonie ! Plus tard, en 1968-1969, c’est encore Gaby qui installera aux moindres frais l’eau et l’électricité à l’ermitage de la chapelle de l’Ortiguière au Revest-du-Bion, alors géré par l’association. C’est dire que dans le domaine de l’action et des interventions, Gaby savait allier compétence, excellence et générosité !
Dans les rapports plus personnels, Gaby voyait en Pierre un grand frère qu’il admirait et dont il acceptait les critiques et les reproches, parfois sévères comme ce fut le cas une année où Ginette était venue se réfugier deux ou trois mois à la Bonnechère avec leurs deux enfants, car Gaby avait eu la main un peu trop leste ! Au bout d’un mois, repenti et attaché à sa femme, il venait dormir avec elle chez nous !!! Et Pierre de lui dire, non sans l’avoir copieusement savonné : « Allez, ouste les amoureux si maintenant c’est réparé, regagnez vos pénates et en douceur s’il vous plaît ».
Pour clore cette évocation ressurgit un souvenir lointain, très souvent raconté par Pierre. Je le cite : « Un jour où l’oncle Fonse racontait un fait divers à table, le Gaby qui avait 4 ans lui coupe la parole – « Noun père, es pas verai, es pas coum’aco ! » – Mais qu’est-ce-que tu racontes ? Comment tu peux le savoir à ton âge ? – « Vo, es escrit dins lou journau ! ». Et vérification faite, c’était bien écrit dans le journal ! Nul n’a jamais su comment à 4 ans il avait appris à lire tout seul ! » Mais ce qui est certain, c’est que sa boulimie de lecture s’est largement confirmée par la suite et qu’il n’en a jamais guéri !
Il me faut maintenant passer la plume à André Lombard, banonais de naissance et, à ce titre, bien placé pour nous donner des détails sur Gaby Martin et sa famille, car sa grand-mère tenait un café et comme vous vous en doutez, dans les cafés il se raconte, aujourd’hui comme hier, beaucoup de choses.
Le Fonfon, c’est le surnom donné par les habitants de Banon à l’un d’entre eux plombier-électricien, sillonnant le pays, de petit chantier en petit chantier, en compagnie de son père auprès duquel il finissait alors d’apprendre le métier.
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Je me souviens moi-même encore d’Alphonse Martin, quand déjà bien sur la pente, il venait passer un moment, converser, ou jouer aux cartes, tout en sirotant un petit verre de rhum au Café Bellevue de la Ninie, Léonie, ma chère grand-mère. C’était un homme grand, bavard, affable, toujours accompagné d’un tout petit chien blanc, très joyeux comme son maître qu’il ne quittait pas d’une semelle.
Mais, alors encore enfant, ce qui d’abord m’impressionnait le plus était la vision, quand il se découvrait ou arrivait nu-tête, d’un creux important bien visible sur le côté gauche de sa boîte crânienne. C’est qu’il avait été trépané après avoir été trois fois enterré vivant dans des cratères d’obus où il se réfugiait – seul ou à plusieurs – pour tenter instinctivement de sauver sa peau pendant les bombardements à la guerre de quatorze.
J’avais un mal fou à me faire à l’idée que quelqu’un était bel et bien réellement allé mettre son nez là, dans le fonctionnement de son cerveau et cela me mettait terriblement mal à l’aise en face du Fonse, un peu comme si c’était moi, du coup, et non plus lui, qui avait « ce trou d’obus sur la tête » ! C’est encore à son propos que j’entendis pour la première fois prononcer le très parlant mot de « cratère » qui le fut encore bien davantage pour moi chaque fois que je l'ai croisé !
Mais revenons à son fils Gaby qui, en plus du sobriquet de Fonfon, portait aussi ce diminutif courant en Provence pour les Gabriel. Faisant dès ses débuts partie du petit comité des Amis du vieux Banon créé sous l’impulsion de son cousin Pierre Martel, c’est lui et ses collègues qui mirent sur pied la première exposition de peinture de groupe qui eut lieu sur les murs badigeonnés de frais à la va-vite de l’église haute délabrée.
Exposition pour moi mémorable – allant tout juste sur mes dix ans – puisque au détour d’un pilier j’y fus instantanément frappé d’étonnement au sens fort du terme par ce tout premier Fiorio soudain offert à mon regard dans la pénombre ambiante : un très imposant et très silencieux Chardon dans la neige que je méditerai longtemps et qui, aujourd’hui je peux le dire, fut véritablement mon sésame pour approfondir tout le reste de l’œuvre !
Original, non-conformiste, volontiers provocateur, tête-en-l’air ; bref, « foligaud » comme on dit familièrement par ici pour qualifier ce genre de personnage, j’ai par exemple vu de mes yeux vu, le Fonfon s’engouffrer – avec ce grain de folie native, son courage spontané, son inconscience du risque, peut-être bien un peu de chacun de ces trois ingrédients mélangés – dans la cage d’escalier enfumée d’une maison déjà en flammes pour aller y sauver de l’explosion, à mains nues, à l’étage, la bouteille de gaz qu’il savait s’y trouver, et qu’il déposa, au retour, précautionneusement sur le trottoir sous nos yeux ébahis de le voir revenu !
« Attention, elle est très chaude, reculez-vous les minots, elle peut encore vous péter à la gueule ! » nous lança-t-il à la ronde sans plus d’histoire !
Passionné, attentif à ce qui était alors les toutes nouvelles techniques : pompes à chaleur, solaire, planchers chauffants, etc. Il fut un pionnier dans leur installation qu’il améliorait parfois encore de sa science ou de trouvailles plus personnelles. Haute qualification qui lui attira pas mal de monde et qui, alliée à sa grande culture, lui permit aussi de rencontrer puis de fréquenter ensuite, d’égal à égal, tout le gratin culturo-artistique dont il devint la coqueluche, devenant ainsi celui que l’on eu vite fait d’appeler « le plombier des stars » entre Lure et Luberon.
Son avis de décès est paru le 21.06.2004, et il repose au petit jardin-cimetière de Saumane, un peu plus loin que Banon en direction de la montagne de Lure, d’où sa famille est originaire.
Comme l’a écrit André Lombard, c’est avec son père que Gaby Martin apprit le métier d’électricien-plombier. Pourtant, j’ai su qu’il avait fait d’assez bonnes études chez les Jésuites à Avignon. Cela lui aurait permis de devenir, à ce qu’il m’avait dit, receveur à la Poste. Il préféra s’établir à son compte : l’indépendance c’est précieux, même si on en retire aussi quelques désillusions.
Gaby était du signe du Taureau, mais il devait avoir un ascendant Lion, tant sa belle chevelure tirant sur le roux lui donnait un aspect léonin et solaire.
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Il était prudent de ne pas prendre pour argent comptant tout ce que racontait Gaby, sans quoi vous auriez pu vous retrouver vite avec des ragots servis comme des vérités, tout justes bons à faire battre des montagnes, comme on dit. Cela ne lui attira pas que des amis, comme on s’en doute. Voici ce que dit Jean-Claude Savouillan, autre natif de Banon qui l’a bien connu.
Au café, Gaby Martin et le père Caton se lançaient fréquemment dans des concours d’esbroufe. L’un racontant le plus sérieusement du monde qu’en tombant d’une échelle lors de la pose d’une gouttière à Vachères, il avait réussi en plein vol plané à récupérer la cisaille qui le suivait afin qu’elle ne lui tombe pas sur la tête ; et l’autre, que pendant la guerre ils avaient pu traverser le Rhin a pied sec tellement il était gelé !
Flagorneur, le Gaby n’en était pas moins généreux et capable d’offrir un coup à boire à ceux avec qui il venait de s’engueuler.
Demeure aussi le souvenir de ce que firent Gaby Martin et Pierre Martel, remuant ciel et terre, comme on dit, pour trouver les moyens de barrer la route au projet farfelu d’un promoteur qui rêvait de réaliser un ensemble immobilier au Grou de Bane, colline emblématique située au-dessus de Banon.
Ingénieux, il installa chez de nombreux banonais mécontents des aléas de pression du réseau d’eau public, des cuves dans les combles de leurs maisons qui servaient de compensation lorsque le réseau était défaillant.
Pour illustrer le goût du canular, après celui de l’esbroufe, de Gaby Martin je ne vois guère mieux que ce qu’à écrit l’historien Jean-Yves Royer, qui l’a bien connu, lui aussi : « Qui n’a pas connu Gaby Martin ? Je rêve d’un recueil de « Fioretti du Fonfon », dont Pierre Martel aurait pu être un des grands contributeurs. Mais tu pourrais l’être aussi, comme tu le fais déjà ici, tout comme Claude Fernandez, qui l’a très bien connu, et m’en a parfois raconté de bien bonnes…
Pour ma part, je me souviens d’une des premières campagnes de fouilles du Chastelard de Lardiers, à laquelle je participais avec quelques autres ados rassemblés par Pierre, sous la direction des Barruol père et fils, et quelques adultes, dont Guy Pascal (que j’ai connu, tant comme homme de théâtre que comme peintre, à la technique si particulière que, fasciné, j’ai alors tenté d’imiter, sans grand succès) et donc Gaby Martin.
Guy Pascal faisait parfois des réflexions, ou formulait des questions, d’une naïveté assez désarmante. Comme il ne comprenait pas pourquoi dans ces fouilles il ne trouvait jamais de monnaies, un beau jour, en tamisant il en vit surgir tout un lot qui le fit hurler de joie ! Puis, s’apercevant qu’il s’agissait de mauvaises pièces de bronze usagées de Napoléon III et Vittorio-Emmanuelle, il fut sur le point de soupçonner quelque farce, dont le caractère gabymartinesque ne t’aura pas échappé… Mais il lui expliqua, de façon parfaitement convaincante, qu’elles avaient été perdues par des charbonniers italiens ! Cela valait pour Vittorio-Emmanuelle, mais aussi pour Napoléon III dont les sympathies carbonaristes (quelle coïncidence !) de jeunesse étaient connues. Que ces pièces se trouvent à un niveau antique s’expliquait bien sûr par quelque trou que ces charbonniers avaient creusé je ne sais plus trop pourquoi…
Mais il y eut encore mieux dans le même genre. Comme on entreprenait de creuser le petit aven situé au bas du plateau, on se mit à plaisanter sur la chèvre d’or qu’on allait sûrement y trouver, ce qui excita considérablement Guy Pascal.
Un matin (les fouilles estivales commençaient très tôt) qu’il était préposé au dégagement progressif de ce trou, il poussa un cri qui dut s’entendre jusqu’à Banon : « J’ai trouvé la chèvre d’or ! »
On approche. Une corne dorée émerge en partie de terre. Guy Pascal se met à gratter frénétiquement autour. La deuxième corne apparaît, puis la tête. Une chèvre complète d’une trentaine de centimètres de longueur finit par se révéler, dont Guy se rendit bien compte qu’elle n’était manifestement pas en or. Il s’agissait à l’évidence d’un de ces bronzes (ou fonte pour les moins chers, comme ici) animaliers qu’on trouvait notamment sur le catalogue de la manufacture de Saint-Etienne, et que quelqu’un s’était amusé à peindre à la dorure, et à venir enterrer de nuit (ou tard le soir) dans l’aven. On ne chercha même pas à inventer quelque histoire plausible pour expliquer la présence d’un tel objet à cet endroit, et Guy Pascal ne comprit jamais comment il avait pu se retrouver là ! Nous on ne se posa même pas la question, tant la réponse semblait évidente.
Il est temps que je livre le témoignage de Claude Fernandez qui travailla et habita longtemps à Banon :
Dans le livret que Serge Devic-Arroyo a consacré à quelques banonais, il y a peu de choses sur Gaby. Le passage qui lui est consacré parle surtout de Ginette, son épouse. Ginette était aussi un personnage localement incontournable et l’inverse même de Gaby.
Chez Gaby, le plombier de l’élite, il n’y avait pas de salle de bain. Un soir que j’étais chez eux, dans la cuisine en buvant un cognac avec Gaby, Ginette nous a mis à la porte parce qu’elle voulait se laver à la pile, à l’ancienne, à l’évier. Nous avons pris la bouteille, nos deux verres et nous sommes allés nous asseoir dehors devant le magasin comme deux clodos, pour finir la soirée en attendant qu’elle nous dise de rentrer. Un autre soir, pour la même raison, nous avons fini la bouteille au sommet du Grou-de-Bane !
Le magasin de Ginette ressemblait à l’inventaire du café-droguerie-quincaillerie des parents d’André Lombard. Sur quelques mètres carrés, il y avait de tout : des boulons de 12 aux casseroles, en passant par des tapettes pour les souris… Il ne manquait que les couronnes mortuaires et les apéritifs.
Il y avait alors à Banon des femmes qui, par leur personnalité, marquaient profondément la vie du village : Irène Brest, l’épicière de la « rue de l’Industrie », l’épicière du centre du village, qui se trompait dans ses additions : « 8 et 6 = 15, je pose 6 et je retiens 2… », la Poupette, une autre épicière, la sœur de Léon, le patron du bistrot, qui a plus de 90 ans le surveillait par la fenêtre de sa cuisine lorsqu’il rendait la monnaie et tapait à la vitre quand il se trompait, la secrétaire de mairie, Madame Belval, avec qui nous partagions le fonds de commerce avec « La Ministration »…
Gaby n’était pas un saint homme et je suis un peu d’accord avec Serge Devic, « il se la pétait », et il a terminé en règlement judiciaire après avoir construit sa superbe maison aux Gravières, dans laquelle il avait accroché des « tableaux de maître » (Pollock ?). Il était menteur, fanfaron, coléreux. Il faut demander à Didier qui a été parfois son souffre-douleur, et à ses ouvriers. Quand je construisais ma maison de La Combe au Revest-Saint-Martin, j’ai assisté à l’atelier des Gravières, lors du démarrage des équipes, à des crises mémorables.
Mais il était aussi capable de lancer des manifestations comme La journée du soleil à la gloire des énergies renouvelables, dans les années 70, mobilisant pendant plusieurs jours, tout le village, la télévision, et même l’armée qui nous avait prêté des véhicules.
(Didier Martin m’a précisé à propos de cette journée mémorable, que parmi les personnalités invitées, se trouvait Alain Poher, président du Sénat à l’époque. Lors de ce repas homérique de 400 convives, ce fut l’acteur Pierre Vaneck, habitant Murs (Vaucluse) qui apporta les cerises de sa propriété pour le dessert).
Ce qui m’attirait chez lui, c’était son caractère fantasque, imprévisible. Avec Gaby on pouvait parler de tout. Avec lui c’était aussi un peu l’aventure. J’en ai vécu quelques-unes de rocambolesques, qui sont de bons souvenirs, mais qui n’ont pas un intérêt « historique ».
Pour mémoire, une de ces aventures de la vie ordinaire avec Gaby. Un 31 décembre, il a sonné à ma porte en début de matinée, nous habitions à 150 mètres l’un de l’autre. Comme je lui ouvrais la porte, sans préambule, il m’a dit : « Tu as des huîtres ? ». Je n’en avais pas, il m’a répondu : « Moi non plus et un 31 décembre sans huîtres, ce n’est pas un 31 décembre. Viens avec moi, nous allons en chercher ». Pour les huîtres il n’y avait qu’une seule adresse, chez Toinou, cours St-Louis à Marseille. Il neigeait, mais nous voilà partis à Marseille en passant par La Bastide-des-Jourdans, à l’époque il n’y avait pas encore l’autoroute. Route difficile, avec quelques glissades, mais le soir du 31 décembre, pour faire un vrai 31 décembre, nous avons mangé des huîtres.
Cette tradition m’est restée puisque, par la suite, c’est avec Edmond Gaubert de St-Etienne-les-Orgues, que nous partions à Marseille chercher des coquillages pour faire une « oursinade » comme disait Edmond. Nous faisions ces « oursinades » chez Joséphine, la copine d’Edmond. Un peu comme Ginette, Joséphine avait aussi son caractère et son franc parler. Marseille était pour elle un lieu de perdition et notre voyage, méritant pour aller chercher des coquillages, n’était pour elle qu’un prétexte pour aller aux putes, comme elle nous disait.
Plus tard c’est encore avec Jean-Yves Royer, que nous avons continué la tradition avec un plat de coquillages, début janvier, au soleil, sur la terrasse de La Combe. …et cette fois, ces repas de coquillages sont entrés dans la légende :
A la Comba totjorn començavian l’annada
dins un grand soleu clar, que nos veniá caufar
a taulo onte, defòra, avant que de brifar,
lo vin blanc dins leis gòts nos disiá : Ben granada !
De cauquihatgis a bòudre après s’empassavian
e tot d’un temps la mar jusqu’au Revèst montava…
Les temps passats CXXXIV de Joan-Ives Roier
Les conquêtes de Gaby alimentaient aussi les ragots. On lui prêtait de nombreuses maîtresses… Mais je pense que cette réputation avait beaucoup amplifié la réalité.
Je me rappelle une réflexion de Mémé (Aimé) Martel, un des deux frères garagistes, personnages hauts en couleurs, indispensables à la vie banonaise. Nous parlions des affaires de Gaby, au moment où elles avaient commencé à mal tourner. « Il récolte ce qu’il a semé » me disait Mémé, et il a ajouté en secouant la main « et il en avait, de la graine ! ».
Pour conclure, je dirais que Gaby reste pour moi un personnage attachant, un ami qu’on aime quand même.
Gaby Martin connaissait ma famille, surtout les garagistes (mon grand-père, mon oncle et mon père) et nous avions comme amis communs la famille de Robert Morel l'éditeur, installée au Revest-St-Martin. Son épouse Odette, éveilla chez moi encore ado l’attrait pour la conception des plans et la réalisation des travaux de restauration. Sur ses conseils j’allais apprendre le métier chez un architecte de Manosque.
Voici ce qu’elle m’a adressé sur Gaby, en forme de poème (in extenso) :
Gaby est entré dans mon atelier
Je ne connaissais pas Gaby Martin
Il s’est installé à croupetons : près d’une bugadière trouvée dans des ruines…
Nous quittions Paris. Je redonne vie à un hameau Le Jas, sept maisons, un four banal, une chapelle…toitures en lauzes
Jean Mascaux m’a conseillé de faire appel à Gaby Martin pour les installations fines : électricité, plomberie…
Ce matin là, il s’agit de faire couler trois fils d’eau en forme de quart de rond.
Ils jailliront du mur jusqu’au bassin à peine creux de la bugadière
Je ne connaissais pas Gaby Martin.
Il est né au printemps, c’est un Taureau
Homme de passions et de désirs
Insolite. Séduisant, il veut séduire, il veut qu’on l’aime
Entreprendre avec lui ressemble à la traversée d’un continent. Il parle
Il entremêle sa culture, ses convictions, ses projets…ses compétences
Au Jas Gaby installe les pièces d’eau, la cuisine et autres… Il gère l’achat de la première télévision du Revest-Saint-Martin en 1964. Le soir même j’ai pu écouter et voir Bachelard sur l’écran
Parler de Gaby Martin c’est aussi faire un détour par Banon, village perché dans un ciel clair entre Lure et Ventoux
C’est son domaine !
Les champs de lavande en fleurs, comme une peinture abstraite tous les mauves et les violets de la palette ! Et l’odeur…
Jean Lamiral, dans son beau texte pour les obsèques, parle de la maison des Gravières, du canapé noir où les amis venaient retrouver l’homme libre
Je ne connais pas cette maison
Ma mémoire me restitue la petite boutique bleue, le bleu d’un tablier usé. Ginette, sa femme, simple, discrète, à l’abri des préoccupations philosophiques de son mari, y vend toutes sortes de choses
Entre Aristote et Socrate, nous avions des discussions concernant la hauteur de pose d’un interrupteur électrique et des normes imposées
Esprit de rébellion. Intelligent, il aime réfléchir
Lorsque mes amis Lévy ont acheté Pierrefeu, la ferme isolée, abandonnée au Revest-des-Brousses, ils m’ont demandé de la restaurer
J’ai proposé à Gaby d’intervenir avec moi
Jean-Louis Lévy était le petit-fils du capitaine Dreyfus. Gaby s’enflamma aussitôt pour ce drame de la IIIe République. Il lut J’accuse d’Émile Zola. Étudia avec passion cette tragédie
À Pierrefeu nous avons recherché les arrivées d’eau, repéré la source au sommet du champ de sarriette et de thym, afin que l’eau coule dans le bassin carré de la maison… (Il y a des nénuphars et des poissons)
J’entends le rire et la voix de Gaby
J’ai oublié nos discussions sur les couleurs. Sans doute la puissance des ocres et des rouges
Un jour d’ombre, Gaby est venu avec moi, fermer les portes du Jas
Ce fut notre dernière rencontre ».
Comme on l’a vu, Gaby était le plombier-électricien-chauffagiste attitré d’Odette Ducarre. Lorsqu’elle entreprit le vaste chantier des nouveaux bâtiments pour la maison d’éditions Robert Morel aux Hautes-Plaines de Mane, il était à ses côtés. Je dois ajouter que ce charmeur était à cette époque sous le charme et, j’en suis témoin, il avait beaucoup de mal à refuser quelque chose à Odette Ducarre.
Après quelque temps, je rencontrais Alexandre Favre, architecte installé à Bonnieux, et très talentueux. Pour cette raison il fut choisi par une équipe manosquine pour dessiner le projet d’envergure répondant au concours lancé pour la reconstruction du village des Salles-sur-Verdon en 1969. Ce village allait être noyé sous les eaux du lac de Sainte-Croix. Il ne s’agissait de rien moins que d’un village flottant intégrant logements, boutiques, écoles, église et même un héliport en superstructure !
Alexandre Favre avait adopté Gaby Martin comme plombier-électricien-chauffagiste. Je me souviens de ce tandem hors du commun, défendant ardemment les projets pour séduire leurs clients et parvenir à leurs fins. Qu’il s’agisse d’hôtel quatre étoiles à Gordes, à Roussillon ou dans l’île de Porquerolles, ils faisaient des étincelles ! Je les ai vus plus d’une fois revenir de rendez-vous de chantiers achevés par des agapes, en état euphorique.
Les réjouissances se déroulaient aussi à Paris quand ces compères s’y retrouvaient pour le salon de Bâtimat. L’amitié entre ces deux là était telle, que Gaby Martin confia à Alexandre Favre le projet d’aménager un bureau-salle d’expo dans le local lui appartenant place Saint-Just, à deux pas de l’actuelle librairie Le Bleuet. J’ai participé à ce projet.
Plus tard, une fois établi à mon compte, je fis travailler Gaby Martin et son équipe, et ce n’était pas une sinécure ! À cette époque, pas de mail, pas de téléphones portables et bien peu de fax en service. Alors comment faisait-on ? Tous les architectes, mais pas seulement eux, téléphonaient à Ginette, faute de pouvoir joindre Gaby souvent sur les chantiers ou sur les routes quand il n’était pas en train de faire un banquet avec quelques-uns de ces « artistes » dont il revendiquait l’amitié…
Si Ginette Martin au cours de ces années n’a pas pu, par ses trésors de patience gagner le Paradis, c’est qu’il doit bien se trouver là-haut quelque anomalie à corriger !
La grande difficulté pour travailler avec Gaby était qu’il avait l’art de mêler le privé, le confidentiel et parfois même l’intime aux relations professionnelles. Cela frisait souvent l’ingérable, je n’étais pas le seul à m’en plaindre. C’est ainsi qu’au cours des années, beaucoup se lassèrent, il faut le dire aussi, de ces relations compliquées et j’appris un jour avec peine, par Gaby Reymonet, l’un de ses amis, menuisier estimé de Banon, que le ciel s’assombrissait sur Gaby Martin qui se retrouvait bien seul et face à une dépression.
De surcroît Gaby acheva sa carrière professionnelle sur un règlement judiciaire après avoir achevé la maison des Gravières qu’occupe aujourd’hui son fils.
Didier Martin m’a aussi raconté que son père, dans un moment de délire particulier, avait entreprit rien moins que d’acheter un ranch en Argentine… sans en avoir les moyens ! Il avait fallu que Ginette déploie des trésors de patience pour réussir à faire casser cette vente. La bipolarité de Gaby Martin, que nous étions nombreux à ignorer, n’y était certainement pas étrangère.
Quand Gaby Martin est mort en juin 2004, un hommage émouvant lui a été rendu en l’église de Banon par Jean Lamiral un ami de plus de 30 ans. Il prit le soin de préciser : « J’espère que ma franchise ne blessera personne et que mon respect lucide sera évident ». Comme on l’a sans doute constaté plus haut, la franchise peut quelques fois égratigner, mais n’empêche jamais d’atteindre le cœur des choses pas plus que les épines n’empêchent de cueillir une rose. Nos divers récits doivent en être la preuve. Voici donc quelques extraits de cet hommage, heureusement conservé par Didier Martin :
« Nous avons été témoins de sa nature singulière, qui surprenait, de cet homme de passion et de « raison ardente » (Éluard) dont la loi organique était le mouvement perpétuel d’action, de liberté, de rébellion, de solidarité, d’invention… Si je veux récapituler la trace de ma relation, avec mon ami Gaby, je dirai que j’ai trouvé en lui l’homme le plus attachant, le moins facile à garder, le plus déconcertant et le plus enthousiasmant, le plus fort enfin et le plus vulnérable… Chacun sait le besoin et la difficulté de s’élancer dans la vie comme dans une arène, de se projeter, d’oser, de heurter les gens ou les murs, de risquer souvent à la limite du déraisonnable… On était souvent fasciné par son charme, sa verve, son ascendant intellectuel, une sorte de charisme bien à lui. Il a intéressé et séduit des intellectuels, de grands patrons du business, des artistes célèbres, étonnés de découvrir chez cet artisan de haute compétence, certes, un esprit pénétrant, curieux de tout, ouvert à l’Universel et doté d’un sens esthétique aussi fin qu’éclairé.
Je vois chez Gabriel ce beau contraste que Paul Claudel définit ainsi : « Si l’ordre est le plaisir de la raison, le désordre est le délice de l’imagination »… Le long cours de notre navigation amicale fut traversé de quelques orages, mais le retour de l’embellie rendait l’amitié indéfectible, et après le coup de froid, plus chère et plus forte».
Le 24 juin 2004, Alexandre Favre et son ex-femme m’avaient rejoint pour accompagner Gaby Martin jusqu’au cimetière de Saumane, où, dans la tombe familiale, il allait retrouver ses parents. Je découvris alors, avec le discours, la musique et le drapeau incliné en hommage, qu’il était ancien combattant en Tunisie lors des évènements en Algérie.
Pour ne pas terminer sur une note triste, j’ai gardé pour la fin cette anecdote que m’avait raconté un jour Gaby lui-même : lors du tournage de Crésus, qui se fit pour partie à Forcalquier et pour partie au Contadour, Jean Giono, réalisateur, souhaitait pouvoir montrer un vol de corbeaux au moment où se tient le fameux banquet offert par Crésus-Fernandel au sommet des Frâches. Seulement, vous vous en doutez, les corbeaux ne volent pas sur commande ! Alors, comment faire ?
Une bonne partie du pays était au courant de ce tournage, et les Banonais en tout premier. Inutile de dire que cela parvint aux oreilles de Gaby Martin. Et, bien sûr, il avait une idée… Il me raconta avoir demandé à une bande de jeunes de Banon de venir l’aider à capturer les pigeons colonisant l’église haute du village. Une fois ces pigeons attrapés en grand nombre, ils maquillèrent leurs ailes avec de la peinture ou du cirage noir pour les transformer en d’improbables corbeaux, vus de loin…
Évidemment, connaissant notre homme, je ne crus pas un instant à cette histoire. Eh bien quel ne fut pas mon étonnement, il y a trois ans, en découvrant une affiche de Crésus (Amazon) de constater que le corbeau qu’on y voit avait un air bien curieux : le Gaby avait dit vrai !
Aujourd’hui, même s’ils sont âgés, comme d’ailleurs ceux qui viennent de témoigner, vous pourriez encore recueillir plein d’histoires, auprès des Banonais sur Gaby Martin.
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Il n’est pas simple de conclure : une vie comme celle-là ne se résume pas avec des mots. Ce bouquet de témoignages fait ressortir un Gaby Martin attachant, généreux, intelligent et en même temps fantasque et souvent déconcertant.
On percevait, dès qu’on parlait avec lui du pays, et des actions entreprises par son cousin Pierre avec Alpes de Lumière, son attachement sincère au terroir, surtout quand il me disait : « Marc, si on ne fait rien on va devenir une réserve d’Indiens ». Je garde aussi en mémoire cette image de lui, lorsqu’au cours d’une conversation, on le sentait happé par son imaginaire, il s’absentait…
Aujourd’hui, c’est dans notre imaginaire à nous qu’il se trouve… et pour longtemps.
Marc Jean