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Serge Fiorio - 1911-2011.
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  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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25 septembre 2020

Présence poétique de Jean Giono par Jean-Luc Pouliquen.

   Une version plus courte de ce texte a été proposée dans La Gazette de Lurs, n°45 qui est consacrée à l'écrivain manosquin.

*

PRÉSENCE POÉTIQUE DE JEAN GIONO

Numérisation_20200824

« Tout est venu de ce jour de mai : le ciel était lisse comme une pierre de lavoir ; le mistral y écrasait du bleu à pleine main ; le soleil giclait de tous les côtés ; les choses n'avaient plus d'ombre, le mystère était là ». Ces quelques mots que l'on trouve au début de son livre Le Serpent d'étoiles suffisent, par leur force évocatrice et la beauté des images qu'ils ont créées, à nous faire comprendre que Jean Giono est un poète.

Mais c'est un poète qui n'a pas voulu s'en tenir à la verticalité de l'instant poétique, à ce moment d'extase où l'on échappe à la linéarité du temps des hommes, porteur de drames et de catastrophes. Bien au contraire, il a voulu suivre les hommes dans leurs vies afin de raconter jusqu'où elles pouvaient les mener et le constat a pu être terrible. Dans Un Roi sans divertissement le personnage de Langlois est habité par l'instinct de tuer, sans raison, pour le seul plaisir.

La poésie contenue dans l'écriture de Giono permet en continu de se dégager de cette noirceur humaine dont lui-même a fait les frais. Incarcéré en 1939 pour pacifisme, il le sera à nouveau en 1944 pour collaboration. On a pu depuis faire la part des choses.

À dire vrai, ses démêlés avec les autorités politiques et judiciaires ne constituent pas l'essentiel pour les poètes qui ont tout de suite reconnu en lui un de leurs pairs. C'est ce que je voudrais brièvement évoquer en parlant de quelques-uns qui me sont proches.

Mais avant, je souhaite aussi ne pas oublier Gaston Bachelard, le philosophe ami des poètes, qui s'est nourri de leurs œuvres pour écrire ses livres lumineux sur l'imagination. Dès 1938, dans La Psychanalyse du feu, il fait référence à Giono. En 1948, dans La Terre et les rêveries du repos, il retiendra une évocation du grenier dans Que ma joie demeure. Giono y montre qu'à travers lui la maison participe à la vie aérienne.

En 1971, dans le numéro de la revue Poésie 1 qu'il a consacré aux poètes de L'École de Rochefort, c'est-à-dire à René Guy Cadou, Luc Bérimont, Jean Follain, Michel Manoll, Jean Rousselot et quelques autres, Jean Dubacq écrit : « Goût identique, derrière la diversité des formes, pour une sorte de panthéisme rédempteur, au moins par une présence au monde, une vie qui a un ventre et des mains ». Hélène Cadou me parlera plus tard d'échange de lettres de son mari avec Jean Giono.

Dans Entre Gascogne et Provence, livre d'entretiens paru en 1994, que j'avais réalisé avec Bernard Manciet et Serge Bec, ce dernier, poète de langue provençale originaire du Luberon, avait tenu à marquer sa filiation avec l'écrivain de Manosque. Il y tint ces propos à son sujet : « Giono je l'avais découvert dans Le Chant du monde et alors une galopade effrénée m'entraîna à la poursuite de son œuvre ; je m'intégrais avec bonheur dans sa re-création de la Haute-Provence qui me la restituait dans son poids dramatique et je découvrais ce pays, mon pays, l'univers, à chacune de mes enjambées respiratoires, comme un grand ciel d'orage solaire »,

De tous les poètes qui m'en ont parlé, c'est cependant Lucienne Desnoues qui m'a permis de l'approcher au plus près. Alors que nous préparions pour Les Cahiers de Garlaban, l'édition de ses Fantaisies autour du trèfle dont Serge Fiorio illustra la couverture, elle me fit part d'un moment de sa vie particulièrement intense. Un jour, venue rencontrer Giono dans sa maison du Paraïs, elle était restée dormir dans son bureau, l'heure étant trop tardive pour rentrer chez elle. C'était au moment où il terminait Le Hussard sur le toit dont le manuscrit se trouvait sur sa table d'écriture. Elle avait ressenti comme une irradiation se dégageant de ses pages et voyait par la plume de Giono l'expression d'une lignée qui avait pris l'existence à bras le corps, de plusieurs générations qui vivaient toujours en lui.

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Quelques liens :

FIORIO-GIONO

Giono, le doigt dans l'œil !

Instinct nomade n°10 : spécial Giono

Un poème de Jean-Luc Pouliquen. Dans le numéro 79 du Pays d'Apt. Juillet 1990.
Jean-Luc Pouliquen - Biographie, publications (livres, articles)
Jean-Luc-Pouliquen dit de ses poèmes.
L'Itinéraire poétique en étoile de Jean-Luc Pouliquen.
Le poète : entre célébration et désobéissance, par Jean-Luc Pouliquen. 
De quelques moments de poésie et d'amitié partagés avec Serge Bec par Jean-Luc Pouliquen.
Les deux chemins par J-L Pouliquen.
Dada et le médiateur culturel, par Jean-Luc Pouliquen.
La pensée du jour de Jean-Luc Pouliquen. 
Tribune libre : L'art à l'école par Jean-Luc Pouliquen.
Fantaisies autour du trèfle.  
Dans le miroir des livres de J-L Pouliquen.
Faire vivre la poésie de J-L Pouliquen.
Son blog : L'oiseau de feu du Garlaban.

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À chacun son Giono !
La récolte des olives.
Le premier Giono a bien plus qu'un accent, et alors ?
Giono au Mucem : contrepoints.
Un autre poète de la famille.
Giono en japonais, de Satoru Yamamoto.

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Lucienne Desnoues.
Serge Bec.
Bernard Manciet.

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