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Serge Fiorio - 1911-2011.
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  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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10 septembre 2020

Dessiner puis peindre !

Quelqu'un qui ne laisse pas la réalité déranger ses rêves est un sage.

Christiane Singer.

*

   Dessiner, d'abord. Cela lui est venu en effet très tôt, à peine au sortir du berceau, presque ; quasiment tombé du ciel, pourrait-on dire, droit dans le bec sitôt les yeux ouverts, tous les autres sens en éveil à queue leu leu ! 
À quatre-vingt-dix-neuf ans bon poids, depuis l’autre bout de la lorgnette donc, les images défilent en lui de ce parcours de vie. Il va mourir dans peu de jours maintenant, s’éteindre, tout naturellement s’éclipser derrière son œuvre de peintre jamais interrompu et, d’avance, il accepte en bloc tout cet inéluctable avec sagesse.
Il y eut tout d’abord, pour commencer, la prosaïque patate qu’en bonne fille de jardiniers sa maman eut la bonne idée de lui glisser en ses petites mains pour, tout à la fois, ensemble, l’occuper, l’amuser ; et sans aucun doute aussi, donner par là à cet enfant, par-dessus tout rêveur émerveillé, quelque peu le sens du réel, du concret, et du charnel. 
Aussi pouvait-on le voir la tourner, rapporte la chronique familiale, et la retourner inlassablement en ses menottes à longueur de journée, l'y faisant peser un instant au passage de l’une à l’autre. Là-dessus tout sourire, jusqu’à se mettre aussitôt à pleurer dès que, lui échappant, la patate tombait parfois par terre au pied de sa chaise où, roulant, allait se cacher sous un meuble – enfant, Dieu n’aurait-il pas joué lui aussi de la sorte avant le commencement du commencement, lui avec une mythique boule d’argile d’où tout serait sorti finalement ? 

Cet enfant-à-la-patate, son amie voisine et poète Lucienne Desnoues n’en dit pourtant rien, pas un mot, dans son abondant et savoureux Toute la pomme de terre ; c’est qu’il a dû oublier de le lui raconter quand elle s’était mise en quête de matériaux auprès de son entourage immédiat. Dommage, car je crois que son recit lui aurait plu pour enrichir, comme elle disait, sa « gratinée ».

On pourrait supposer qu’une telle activité, si précoce, l'eût plutôt facilement aiguiller vers les matières et les volumes. En faire un sculpteur, quoi, un potier, un maçon pourquoi pas ; des maçons, il y en avait plus d'un dans la famille. Mais non, rien à faire, c’est peintre qu’il sera, c’est peintre qu’il fut et qu'il est à jamais.

*

Lucienne Desnoues. Plus qu'une lettre de remerciement.


 

 

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Commentaires
A
Ingres : "le dessin est la probité de l'art."
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