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Serge Fiorio - 1911-2011.
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  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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15 mars 2020

Le frappeur de faux.

   Parti au lever du soleil pour faucher le sainfoin ou garder le troupeau, il en revient « plein du ruissellement d'ors par-dessus les Alpes, d'odeurs, de chants d'oiseaux et de cris de bêtes »  dont se nourrit sa peinture.

Itinéraire, dans l'album de 1992.

*

   On dit (disait !) indifféremment le frappeur, le batteur ou le piqueur de faux.
Il s'agissait de redonner par là une excellente capacité de coupe à - désolidarisée de son manche - la longue lame courbe en la frappant sur toute sa longueur d'une certaine façon à l'aide d'un petit marteau de fer une fois adroitement posée et maintenue sur une enclumette spéciale - l'encas en provençal, mais prononcé l'incaz - à moitié plantée dans le sol entre les jambes du piqueur ; lui-même donc assis cul par terre, le plus souvent sur une vieille veste usagée ou encore sur un grossier sac de jute plié en quatre, les jambes allongées ou, comme sur le tableau, repliées en tailleur, ce qui était plus rare.

IMG_4908

 Piqueur de faux de 45x37, huile sur contreplaqué datée du 11. 8. 56.

IMG_4911         IMG_4912

L'opération - minutieuse, délicate, comme tout aiguisage - qui pouvait, au besoin, prendre jusqu'à trois quarts d'heure, se terminait par un obligatoire lissage recto-verso du fil de coupe à la pierre à aiguiser qui rendait ladite lame d'une efficacité impitoyable. Pierre à aiguiser (la lime triangulaire ou tiers-point est, elle, pour le fer de hache) dont le faucheur se servait encore par la suite au cours de son travail tout au long de la matinée (on ne fauchait pas l'après-midi en général à cause du manque d'humidité nécessaire pour une coupe franche), en ayant toujours une à disposition, trempant soit dans une corne bovine évidée ou alors un récipient oblong en tôle zinguée, l'un ou l'autre rempli d'eau et accroché à sa ceinture, sur le haut de la fesse. 
Il fallait avoir une bonne vue ou s'équiper de lunettes, car encaper est un travail de précision qui ne s'improvise pas, ni ne supporte l'à peu près. On doit l'avoir appris, et dans les règles de l'art, pour pouvoir un jour y ajouter, de surcroît alors, son propre tour de main. L'idéal étant d'avoir, je crois, au départ, des dispositions ; c'est-dire, dans le cas, un caractère de perfectionniste pour que la coupe s'en trouve à la fois des plus efficaces en même temps que la moins pénible possible.

Partant de bonne heure faucher le sainfoin avec Aldo, son frère d'armes, Serge pratiqua sur des années cet exercice pour lequel il était doué. Plus tard, ne partant plus faucher, il réutilisa alors les cornes "désaffectées" pour y rassembler, en bouquet serré, les multiples pinceaux dont il se servait. 

Ce Piqueur de faux de 45x37 centimètres et très précisément daté du 11. 8. 56 ressort donc de ce qu'il est maintenant convenu d'appeler la période ocre ; il fait en outre partie d'une longue série pouvant bien être intitulée - car, il est vrai, faisant partie d'une famille de tableaux bien dans l'esprit poétique et didactique du poème d'Hésiode - Les travaux et les jours où s'y trouve développés plusieurs thèmes comme celui du bûcheronnage, celui des labours, des chantiers de maçonnerie aussi, du jardinage, de diverses cueillettes, de la garde du troupeau, etc.

Photo Doisneau

Photo Robert Doisneau, Montjustin 1957.

Proches du monde paysan, Chabaud et Coubine (qui vécut à Simiane-la-Rotonde puis, un peu plus bas, à Caseneuve où il restaura le château) ont aussi traité ce même sujet, assez rare en peinture. 

Le jeune faucheur

Dessin de Coubine.

*

Un paysage de haute époque.  
La peinture Fiorio en ses périodes majeures.  
Le cueilleur de champignons. 
Bûcherons de 58 et de 59.

 

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