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Serge Fiorio - 1911-2011.
Serge Fiorio - 1911-2011.
  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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11 septembre 2019

Une source d'inspiration majeure : le carnaval au village de Taninges.

  Chacun de mes tableaux raconte quelque chose.

Serge Fiorio

*

   La réinvention réussie d'une scène burlesque sous la forme d'un de ses tableaux semble devoir être d'autant plus facile - et comme naturelle à Serge - qu'il puise pour ce faire en un mémorable vécu personnel de la meilleure espèce : le carnaval de Taninges, fête du rire et du mystère, auquel il participa fort activement en sa jeunesse, sans réserve, de 1924 à sa mobilisation de 39.
Comme magistralement exprimé dans l'impressionnant célèbre tableau du Douanier Rousseau, la guerre piétine, lynche à elle seule, éclate, met en pièces, détruit tout sur son passage.
Et cela irrémédiablement assurait par exemple Serge en un direct clin d'œil rétrospectif à l'esprit de son cher populaire carnaval de Taninges auquel nombre de ses peintures se réfèrent et rendent hommage : « Il y a des choses qui se vivent mais ne se recommencent pas », la guerre étant bien entendu aussi passée par là.
Cependant, toutefois, un vécu à la fois aussi riche et, en le cas, aussi extravagant, haut en couleur(s !), ne pouvait pas ne pas laisser autre chose qu'une empreinte  profonde, indélébile, dans la sensibilité de Serge et donc dans la peinture Fiorio qui, du contenu de sa vie, est un miroir des plus fidèles. 
En ce même sens,
 et dans le droit fil de la genèse de sa propre création, Serge n'écrivait-il pas justement, dans sa préface enthousiaste à une exposition de son amie et proche voisine Aimée Castain : « Quand l'esprit, le cœur, la main, travaillent ensemble à exprimer ce qui a été vécu et senti au plus profond d'un être, l'émotion passe. »
C'est ce qui, entre autres, s'est passé pour lui avec le carnaval de Taninges qui lui a été  - sans jamais beaucoup discontinuer, sauf de 39 à 47 - une source d'inspiration majeure faisant, de plus, la joie et le bonheur d'une foule, cette fois, d'amateurs.

Cocasses et baignées d'un prégnant mystère, ses premières mises en scène furent, en effet, de bien étranges bals masqués qui n'ont vraiment rien à voir avec ceux, insolents et tourmentés, d'Ensor auxquels ils se trouvent même totalement opposés : tout n'y est, en effet, que théâtre et raffinements mystérieux quand chez son aîné, par contre, règnent en maîtres tyranniques dérision et dégradations finales, ou en cours.
Ayant lieu dans les salles de café du village, chaque génération, ou presque, venait y prendre part quand ces jours-là au-dehors, sur les places, aux carrefours et dans les rues,
pluie, neige, bise noire ou vent noroît, menaient - parfois tous les quatre enlacés - une danse parfaitement contrariante, rédhibitoire à toute chaleureuse ambiance carnavalesque.

Carnaval_et_Serge___gaucheCarnaval De Taninges 1

Le noir et blanc facilite ici, et accentue encore, la perception des similitudes entre un réel vécu et l'imagination du peintre.
Serge est présent sur la photographie de gauche : c'est lui qui porte la longue barbe, un chapeau clair et tient un long bâton en ses mains. En ce temps-là, pas besoin de cure du Docteur Freud à Taninges, Carnaval lui aussi y soigne et y rafraîchit à sa façon traditionnelle les rapports humains : profitant de l'incognito général, Serge lui-même, par exemple, ne ne se serait-il pas cette fois-ci malicieusement travesti en son auguste père par rapport auquel, tel quel, il fait d'évidence figure d'alter ego ?
Dans la reproduction du tableau, il est de nouveau présent, mais cette fois en abîme, invisible : en peintre, certes, mais en lieu et place du photographe - qu'il a lui-même été de 1936 à 39 -, celui-là forcément posté ici, quoique lui aussi absent sur la peinture, à l'avant premier plan, en train de prendre, sur place, la très burlesque photo de famille dont, par réminiscence, le peintre, son double, a fait sien le sujet.

Carnaval De Taninges 1

(Sur l'aile de la brouette : Maison d'enfants La Chopinette.)

Durant toute la guerre Serge n'a pas peint un seul Carnaval. Il faut attendre son arrivée à Montjustin, en 1947, pour le voir bientôt reprendre ce thème et le développer, s'en donnant alors à cœur joie. Il y rend dès lors la présence de Charlot habituelle dans la foule, son visage apparaissant à une fenêtre, furtif sous un porche, etc. Parfois aussi le faisant biloquer ici et là à tire-larigot : disséminé en plusieurs "exemplaires" en un même tableau ! Facétieuse façon de fervente reconnaissance envers ce clochard céleste qui, depuis sa jeunesse, le fait toujours autant rire, si salutairement, parce qu'à chaque fois de si bon cœur.

Carnaval_et_Serge___gauche

 Aimée Castain, In memoriam.
Aimée Castain.
La Crèche selon Aimée Castain.
Le Semeur.
Pierre Martel, une facette seulement.

*
Carnaval de Taninges.
Autre Carnaval...par Claude-Henri Rocquet. (Extrait de Rêver avec Serge Fiorio).
Un Carnaval au village daté du 4.3.59.
L'aubade au peintre des Carnavals.
Sur un détail d'un Carnaval.

Une double citation du même.
Des figures et des masques...
Quelques réflexions.
Le billet de François Mangin-Sintès.
Sur une photo de l'atelier.

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