Lucienne Desnoues.Quelques lignes et une photo.

27 avril 2019

Seul celui qui a osé voir que l'enfer est en lui y découvrira le ciel enfoui. C'est le travail sur l'ombre, la traversée de la nuit, qui permettent la montée de l'aube.

Christiane Singer

Jamais sur quarante années, à aucun moment, je n'ai trouvé Lucienne banale, ordinaire. Blessée et atrocement douloureuse, oui, bien sûr c'est arrivé ; mais même en cela en rien éteinte ou désespérée tant englobant son adorable personne, l’intensité de sa présence au monde était réellement patente, permanente, palpable presque : perception d’une aura chez elle puissante et bénéfique, à vrai dire assez extraordinaire dès qu’elle apparaissait, lumineuse.

Quoi que ce soit de terrible ou de bon, de mièvre, de puant ou de délicat, un mot, un regard, le chant d’un oiseau, le cri d’une bête, un parfum de plante, une forme, l’ange qui passe, tout résonnait, retentissait toujours en elle, loin, profondément. L’impressionnait, voilà le mot. Parfois même tout un temps la dominait.
Et cela, en retour, sans toutefois qu’elle le veuille - mais c'était fatal -, ne manquait pas d'agir favorablement sur la sensibilité des autres autour d’elle. Ce phénomène jouait en effet aussi bien pour celles et ceux qui la fréquentaient au quotidien que pour celles et ceux qui la rencontraient de temps à autre ou quand bien même pour la toute première fois.
Ainsi, de concert avec celle des autres, sa présence à Montjustin ajoutait toujours d'elle-même aux degrés du niveau vibratoire de la communauté villageoise, l'amplifiait. Celui-ci y satellisant finalement, comme on le sait, beaucoup de monde.

Il est vrai que Lucienne vivait à fleur de peau, son être s'en trouvant, à force, tout entier en quasi perpétuelle alerte. Parce que extrêmement attentive, pleine de respect et de soins à leur égard, dispensant de vibrantes bénédictions de toutes sortes envers les trois règnes, de nombreux scrupules perfectionnistes nichés en sa psyché venaient régulièrement parasiter son enthousiasme natif avec force, lui menant donc en même temps la vie dure. Aussi cultivait-elle chaque jour de son mieux et autant que possible - par l'écriture entre autres - son allié le merveilleux afin qu'il l'aide, autant que faire se peut, à contrebalancer en les transmuant la souffrance et le tragique auxquels elle eut comme tout un chacun sa part secrète et sa part indivise.

Des liens :

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