Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Serge Fiorio - 1911-2011.
Serge Fiorio - 1911-2011.
  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Serge Fiorio - 1911-2011.
Newsletter
40 abonnés
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 364 854
9 mars 2019

Le pays magique : extrait d'une lettre du 9 juillet 1947.

Sans la passion on ne peut faire que de doux fromages blancs.

Jules Mougin

*

EXTRAITCliquer sur le document pour une lecture plus facile.

     Je ne sais pourquoi, aussi j'imagine que c'est tout simplement parce que n'ayant pas le temps d'entrer dans les détails que Serge écrit être passé par là (à Montjustin) un peu comme par hasard, alors qu'en réalité, deux mois plus tôt, se dirigeant vers Taninges à pied depuis le Paradou où il a passé tout l'hiver avec Simone Jouglas et sa mère dans un grand cabanon, il a très volontairement fait halte à Manosque pour s'ouvrir à Giono de son ferme désir d'installation dans le beau pays rêvé de Haute-Provence afin d'y vivre de nouveau en paysan. Tout comme ce fut en effet déjà le cas pour lui et les siens pendant les six dernières années écoulées à la ferme du Vallon, dans le Tarn-et-Garonne, où ils viennent de traverser la guerre en y prêtant en même temps main-forte aux réseaux de la Résistance : cache d'enfants juifs et aide humanitaire principalement.
Giono l'a alors aussitôt et tout naturellement aiguillé vers Montjustin où, un peu plus de deux ans plus tôt, son découvreur et ami Lucien Jacques venait justement d'acquérir à la fois quelques lopins et plusieurs ruines en un même lot. Serge s'y rendit sur-le-champ.

La première pièce de terre que Serge ait acquise là-haut, entre Aiguebelle et Encrême, ce fut (celle-là même ci-dessous) auprès du « père Leduc », vieux paysan solitaire à la ferme de Marembrème (émerge au loin son toit à deux pans) qui, ayant tout de suite fait amitié avec lui, la lui vendit de bon cœur, assortie d'un bien plus vaste : « Avec tout le ciel qui va avec ! » lui avait-il dit pour démesurément faire belle et bonne mesure dans la vente de ces quelques arpents ; accompagnant de plus ses paroles d'un geste du bras levé et de la main ouverte, le visage tourné au zénith.
Ce qui, l'on s'en doute, ne pouvait que combler Serge dans son ardente attente d'un initial achat devenu en ces conditions, de surcroît, de bien excellent augure : en effet, ainsi "adoubé" in situ par un ancien, c'est l'esprit lui-même du pays qui lui envoyait par là, à travers celui-ci, un signe des plus enthousiastes et fortement significatif, sésame en bonne et due forme en vérité. Ce que toute la suite du déroulement de la vie de Serge à Montjustin confirma à mesure.

Photo CiLe voilà à l'œuvre lors de ses premières mises en culture à Montjustin, passant ici la herse avec l'aide de l'un des deux mulets (et non chevaux comme il l'écrit) souvent prêtés par monsieur et madame Roure, le dernier couple de paysans (âgés) habitant encore intra muros avec leurs bêtes : deux vieux mulets, un chien, ainsi qu'un petit troupeau de chèvres et des poules.
Se trouvant alors sans doute en séjour chez Lucien Jacques, Pierre Citron le photographie au passage, sans fard ni masque, les pieds (carrément nus, comme à son habitude !) bien sur terre mais le cœur battant la chamade dans ce paysage grandiose qu'il cultivera très bientôt tout aussi passionnément du pinceau. Photo Pierre Citron.

Le presbytère de MontjustinLe presbytère désaffecté où loge alors d'entrée la chaleureuse famille Fiorio.

Comme certains s'en souviennent peut-être, la tribu Fiorio s'amarra d'abord, pour une bonne demi-douzaine d'années, tout en haut du village dans le vieux presbytère passablement délabré ; puis Césarie Médaille, veuve du berger Justin Nègre ami de Lucien, et Lucien Jacques lui-même leur cédèrent chacun des ruines sur lesquelles, à force d'entêtement, de courage dans le travail, d'entraide et d'économies, les Fiorio finirent par bâtir et parfaire leurs habitations. Aldo dans le haut du village, Serge dans le bas.

La maison de Serge encore en état de ruineSur la gauche, encore debout, l'ancienne forge du village qui deviendra la maison de Serge où son frère Aldo lui aménagera un merveilleux atelier sous les toits après qu'il eût peint plusieurs hivers dans la cuisine - la seule pièce chauffée - et le reste du temps dans la modeste mais lumineuse salle-à-manger.

Enthousiasmés par la beauté du pays, son esprit, sa lumière, faisant feu de tout bois et chantant à tue-tête en bons piémontais, les Fiorio gagneront leur pari de faire souche là, sur cette colline pelée ratiboisée par les deux guerres, d'y gagner leur vie tout en y entretenant, à mesure, la flamme vive sans cesse agrandie d'un foyer d'art et de poésie initialement allumé - dès son arrivée au village du 17 janvier 1945 - par Lucien Jacques.

Évoquant cet accueillant et idéal territoire, « Tout y vient merveilleusement » écrit Serge, rêveur par nature. À ce moment-là, il ne croit sans doute pas une seconde si bien dire tout en parlant, là, d'abord et avant tout de lui-même !

 *

Le viager des Roure.
Le livret Trois de Montjustin.
Montjustin à la belle époque.
Simone Jouglas.
Simone Jouglas II.
Dans Le livre de la haine.
Paul Geniet.

*

 

Pendant ce Printemps des Poètes, le samedi 16 mars à 16h 30 (durée 1h environ),
le Théâtre du Nord-Ouest à Paris 9ème a programmé une lecture
de poèmes de Claude-Henri Rocquet.
choisis dans le tome 1  - Aux voyageurs de la Grande Ourse - de son Œuvre poétique complète, éditions éoliennes, 2019.
Lecture par Paule d’Héria, Édith Garraud, Jean-Luc Jeener, Bernard Lefevbre, Hélène Robin.

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité