Impromptu 17
La peinture permet de regarder les choses en tant qu'elles ont été une fois contemplées avec amour.
Paul Valéry
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Serge Fiorio était plus qu'ami avec le pays de Haute-Provence, avec son esprit, sa lumière, ses gens, ainsi qu'avec la musique de ses paysages qui, entre tout, l’y enchantait le plus, par-dessus tout.
Toutes choses dont il nourrissait tout naturellement, à mesure, son œuvre de peintre en laquelle, en retour, on les y retrouve aujourd’hui ; mais rendues à leur âme première, dépouillées de toute actualité et de tout réalisme, comme également, bien sûr, de tout pittoresque : plus Fiorio que nature, en somme !
Photo Michel Zanghi.
Travailleur fervent et passionné, impénitent, mais réfractaire en bloc à quel qu'éclairage artificiel que se soit, il ne s’arrêtait de peindre qu’à partir du moment où il estimait que la lumière ambiante n’était plus assez favorable et en devenait trompeuse, même.
Cela pouvant se produire aussi bien par matin pâle qu'en plein cœur d'une journée devenue maussade ou bien orageuse, par exemple : « J'arrête, la lumière est en train de tomber à la renverse » avait-il alors coutume de dire, cela justifié par une attention extrêmement sensible - et permanente ! - au degré variable de sa qualité. Dans le cas, il lavait donc précautionneusement ses pinceaux et s’adonnait ensuite, parfois sous la lampe, à la mise en chantier au crayon d’une autre toile, celle-là frappant du coup, à ce moment-là, généralement assez fort à la porte de son imaginaire. Un tableau l'aiguillant ou même le poussant ainsi vers un autre, l'un chassant donc l'autre dans le même temps, était en effet chez lui un phénomène dans l'ordre des choses courantes.
Volontaire, confiant en sa bonne étoile, mais n'attendant pas, jamais, l'inspiration sur place, Serge se mettait au contraire chaque matin courageusement en route à sa rencontre ; se faisant des plus dociles et obéissants quand celle-ci de son côté, venant à lui d'elle-même - quoique sans doute, mais de façon occulte, par aimantation mutuelle - se présentait en chemin, ou alors au carrefour, où il avait très vite fait de la reconnaître comme n'étant pas un jeu de l'esprit mais quelque chose de bien plus profond, venant d'ailleurs - s'imposant alors à lui ou à saisir au vol ! -, depuis l'esprit même de la peinture régnant en maître quasi absolu sur son travail quotidien. Ce en quoi je vois volontiers la raison pour laquelle Serge n'a jamais eu à renier et à détruire une seule de ses toiles en à peu près, grosso modo, quatre vingt années de création !
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