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Serge Fiorio - 1911-2011.
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  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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5 octobre 2019

Viwène.

    Voilà un beau et véritable peintre, authentique, à la personnalité et à l'œuvre duquel n'a pas même encore été faite la moindre allusion en ce blog ; étant pourtant l'un des artistes que Serge, aimant son dessin et sa peinture, a côtoyé de près quand elle a - de plus - habité et peint pendant plusieurs années, environ de 1965 à 75, au quartier St-Denis, au pied du clocher, tout en haut de Reillanne.
Dommage que j'aie malencontreusement égaré le catalogue d'exposition où figure sa biographie car je ne suis pas capable de la reconstituer dans le détail de mémoire avec assez d'assurance.
Ce qui est sûr toutefois est que Viwène Michel (puis Jung de par son second mariage) est née à Paris en 1931 d'une mère charentaise et d'un père chinois du nord. En 1950, elle est dessinatrice pour tissus, à Paris. De 52 à 64, elle s'initie à la peinture avec Gleizes, Metzinger et Papazoff. Après quoi elle s'installera à Reillanne. En repartira pour deux trois autres destinations avant de se poser alors définitivement par ici, en Haute-Provence, en s'y faisant aujourd'hui, selon son souhait, « la plus discrète possible ».

***

   Tout le secret du bonheur du contemplateur est dans son refus de considérer comme un mal l'envahissement de sa personnalité par les choses.

Francis Ponge

*

   Le parti pris des choses est, comme on le sait, le titre hautement significatif du recueil le plus connu du poète Francis Ponge. D'entrée, ce titre qui est déjà en lui-même tout un art poétique en résumé, annonce la couleur. Mais il pourrait, tout aussi bien, être la formule magique, le sésame, ouvrant à chacun des tableaux de Viwène ; bref, être la clé de son monde s'il en fallait vraiment une pour y entrer et faire plus ample connaissance.
Depuis toujours qu'elle dessine ou qu'elle peint en rêvant à chaque fois la réalité, lui rendant ainsi tout à la fois justice et hommage  - et, là-dessus, n'ayant jamais varié - Viwène s'est toujours enfoncée plus avant en les arcanes de cette dernière et par là même, mine de rien, en elle-même par une multitude de sujets d'élection interposés : perso, je ne lui connais, par contre, qu'un seul portrait, fort réussi au demeurant - celui d'un enfant - aucun animal, pas l'ombre non plus du moindre autoportrait. En vérité, fidèle et vaste autoportrait en creux, in absentia, que son œuvre en entier, évidemment !

Viwène
Quelque chose du trait chinois pour exprimer la poésie de Haute-Provence...

Loin de « ce qui se fait en peinture », Viwène peint ! - ou plutôt peignait car elle a hélas cessé tout travail artistique depuis maintenant de nombreuses années.
Et sa très évidente personnalité de peintre se double heureusement de celle d'un poète de caractère intimement amoureux de la matière, des matières ; elle se trouve liée au monde par ce goût immodéré et comme impératif pour elle, des textures, des aspects. Aussi bien la ruguesse d'un bois, le poli d'un galet, l'âpre rêche d'un métal brut, la matité ou le vernis huileux d'une cruche en terre cuite. La nuit miroitante de l'aubergine, le velouté de la pèche. Avec une préférence plus que marquée, passée au crible de son trait, pour tout ce que - bien qu'encore de ce temps - la vie, l'usage et le temps lui-même justement, ont marqué, usé, patiné à souhait, parfois même à jamais quelque peu abîmé. 
Une sorte de sixième sens exigeant que l'on pourrait nommer psycho-physiologie, ou bien plutôt morphopsychologie des fruits, feuillages, et des objets, est en même temps toujours à l'œuvre en son art très particulier. Et on l'entend répondre entièrement « Oui ! » en ses toiles à la fameuse demi-question du poète : « Objets inanimés avez-vous donc une âme qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ? ». Un autre assurant, dans le même sens  : « Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres ! »
Un autre encore, au moment de s'en aller bien trop tôt*, de changer de plan - renversant brusquement au passage une image usée jusqu'à la corde du langage populaire - ne proclamait-il pas face à sa mort prochaine, imminente, sans pour autant sourciller cependant : « Heureux malgré la mort, heureux comme les pierres ! » Viwène est de ceux-là, de cette trempe.

Viwène 1
Sans titre, huile sur toile, 73x60 cm, 1986.

Des années après lui avoir acheté l'un de ses premiers tableaux, Serge s'était encore offert ce paysage quelque peu fantastique qu'il avait acquis lors de l'exposition de groupe ayant eu lieu en la salle des Amis des Arts, à Reillanne, du samedi 11 avril au lundi 27 avril 1987.

Derrière ses coins de jardin ou de nature, derrière ses lanternes d'une autre époque, cabossées, au travers de ses paniers d'osier troués ou raccommodés, sur l'aile de ses vieilles toitures provençales, pendant la danse tourbillonnante ou le ballet des feuilles mortes emportées, s'invente en douce une peinture tout à fait originale ; Viwène ayant les yeux bien en face des trous quant à la conscience du métier et le cœur battant à l'endroit pour tout le reste de la grande mission de créer, d'être artiste en ce monde. 
Car, arriver à capter et réussir à transmettre autour de soi, sans encombre, intacts, certains hauts silences tout droit venus des profondeurs les plus intérieures et les plus poétiques de l'être, c'est aller évidemment bien plus loin et en sens totalement inverse de tant de prétentieuses absurdités dont le parcours, pour finir, les fait bien entendu s'échouer à la FIAC, au Palais de Tokyo ou encore à la Biennale de Venise !

* Le cher Jean Mogin 1921-1986, époux de Lucienne Desnoues.
Deux autres articles à propos de Viwène sont en préparation.

*

Carnets de guerre de Lucien Jacques - 1891-1961

 

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Les Carnets de Guerre du pacifique et pacifiste Lucien Jacques viennent tout juste de paraître par les soins de la méritante Association des Amis de Lucien Jacques  créée en 2004. Je ne peux que signaler cette parution, sans rien en dire, car c'est... Lire la suite

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