Lartigue à Montjustin ?

Dernièrement, l'ami Jacques Ibanès  me faisait part d'une récente découverte par ses lectures. Ma réponse suit.

   Cher André, depuis plusieurs mois, je me délecte du journal de Jacques Henri Lartigue dont j’attaque le 3ème volume (année 32) ce jour. Je n’ai pas résisté au plaisir de grappiller plus loin et voici ce que je trouve en date du 20 juillet 79 :

20 JUILLET–VENDREDI-MAS “THEOTIME”

Sur une bosse du grand pays abasourdi de lumière, la maison d’Henri-Cartier-Bresson. Martine est là. Le minuscule bébé adopté devenue grande petite fille est là. Une vieille servante est là. Une grande jeune anglaise est là. Avec sa jolie figure, elle semble tellement attendre un prince charmant que chaque nouveau venu en est un pour elle.

Déjeuner tous autour d’une table très loin du plafond dans la grande pièce aux murs blancs. Apprivoiser Henri, c’est facile, il suffit de lui apporter un peu d’amitié vraie. Tous encore dans la maison, je suis sorti, les pieds au bord d’un champ de lavandes avec mon appareil de photos.

Je pense que c’est le seul passage qu’il fit à Montjustin.

   Cher Jacques,

merci !  en rallongeant un petit peu à ma sauce à moi, vaiz-en faire sans tarder un pti' tarticle pour le blog, comme il se doit !

Dans la liste des illustres photographes que Serge a rencontré - ou qui ont rencontré Serge, comme on voudra - j'ai parfois vu le nom de Lartigue en me disant : celui-là c'est pas possible, aucun témoignage - photo ou autre - n'atteste de son passage à Montjustin. À vrai dire aussi, sans avoir vérifié, je le croyais décédé depuis trop longtemps.

Avec ton envoi de cette citation tirée de son journal, je pense aujourd'hui qu'il peut donc en avoir été autrement. De plus, de mon côté, j'ai souvent vu HCB se promenant au village en compagnie d'amis de passage ou en séjour chez lui, à sa maison en contrebas, en direction de Céreste. Jean Lacouture, Jean-Max Toubeau, Yves Bonnefoy, bien d'autres encore, connus, célèbres ou inconnus, ont été de ceux-là. Et en général, il les entraînait à faire avec lui une visite-pause dans l'atelier de Serge qui, souvent, ne s'arrêtait pas pour autant de peindre tout en discutant à bâtons rompus avec eux ! Lartigue et HCB seraient-ils, comme cela, venus chez lui ensemble ? Je n'en sais rien, Serge n'ayant jamais évoqué pour moi - comme bien d'autres encore, elles, sûres et certaines - cette hypothétique visite. Cependant, l'éventualité de la chose paraît maintenant plausible. Reste, pour en avoir le cœur net, à dénicher quelque chose d'idéal comme...une photo-souvenir par exemple, quelque chose comme ça : dans le genre où l'on verrait le Saint-François d'Assise de la peinture tout entier soulevé à soixante centimètres du sol, en pleine lévitation aux abords de son chevalet tandis qu'il parle par-dessus la toile, pinceau en main, à ces deux oiseaux rares, l'un ou l'autre faisant la photo !  

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Pour finir, Jacques m'écrivait encore, m'invitant à poursuivre : « Le journal de Lartigue publié n’est pas son journal intégral. Tu pourrais te renseigner auprès de la donation Lartigue (adresse courriel sur internet) qui possède le journal et l’intégralité des albums de photos. Ils pourront probablement te dire s’il y a des mentions à Serge, voire des photos, qui sait ?

Le contexte de cette visite est sa présence au festival d’Aix quelques jours auparavant.

Voici la référence du livre : L’œil de la mémoire 1932-1985, Carrère/Michel Lafon. »

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Je ne sais si je piocherai plus avant pour Lartigue, car je devrais faire de même pour un tas de gens et j'aime aussi, mine de rien, laisser filer des pépites entre les pages du blog... À l'inverse de nombreux autres de mes confrères, plus collectionneurs, en fait, que commentateurs ou chercheurs de sens, qui répertorient uniquement, à l'infini...Ce qui est beau aussi, j'en conviens, et sauvegarde alors un maximum. Façon d'indiquer des pistes, de penser à l'avance à passer le relais et de tenir aussi la porte ouverte à d'éventuels collaborateurs, j'aime bien l'idée de devoir laisser du travail aux autres comme - pour moi cadeau royal - on m'en a donné !

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