Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Serge Fiorio - 1911-2011.
Serge Fiorio - 1911-2011.
  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Serge Fiorio - 1911-2011.
Newsletter
40 abonnés
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 364 721
16 juin 2016

Le Fonfon

   Le Fonfon, c'est là le surnom donné par les habitants de Banon à l'un d'entre eux que Serge a connu très tôt à Montjustin parce qu'il était plombier-électricien, sillonnant le pays, de petit chantier en petit chantier, en compagnie de son père auprès duquel il finissait alors d'apprendre le métier.

Je me souviens moi-même encore d'Alphonse Martin - d'où ce surnom de Fonfon dont son fils, Gabriel de son prénom, ne fit qu'hériter, sans doute - quand, déjà bien sur la pente, il venait passer un moment, converser, ou jouer aux cartes, tout en sirotant un petit verre de rhum au Café Bellevue de la Ninie, Léonie, ma chère grand-mère. C'était un homme grand, bavard, affable, toujours accompagné d'un tout petit chien blanc, très joyeux comme son maître qu'il ne quittait pas d'une semelle. Le genre de bête attachante parce que pleine de bonne volonté que Picasso en verve dessine marchant debout sur les pattes de derrière ou faisant son numéro de cabrioles auprès des saltimbanques de sa période bleu ou rose, je ne sais plus. Mais, étant encore enfant, ce qui d'abord m'impressionnait le plus était la vision, quand il se découvrait ou arrivait nue-tête, d'un creux important bien visible sur le côté gauche de sa boîte cranienne. C'est qu'il avait été trépané après avoir été trois fois enterré vivant dans des cratères d'obus où il se réfugiait - seul ou à plusieurs - pour tenter instinctivement de sauver sa peau pendant les bombardements à la guerre de quatorze. J'avais un mal fou à me faire à l'idée que quelqu'un était bel et bien réellement allé mettre son nez là, dans le fonctionnement de son cerveau et cela me mettait terriblement mal à l'aise en face du Fonse, un peu comme si c'était moi, du coup, et non plus lui, qui avait « ce trou d'obus sur la tête » ! C'est encore à son propos que j'entendis pour la première fois prononcer le très parlant mot de « cratère » qui le fut encore bien davantage pour moi chaque fois que je le croisai !

Mais revenons à son fils Gaby; oui, en plus du sobriquet de Fonfon, il portait aussi ce diminutif courant en Provence pour les Gabriel. Faisant dès ses débuts partie du petit comité des Amis du vieux Banon sans doute créé sous l'impulsion de son cousin Pierre Martel, le fondateur d'Alpes de Lumière, c'est lui et ses collègues qui mirent sur pied la première exposition de peinture de groupe qui eut lieu sur les murs badigeonnés de frais à la va-vite de l'église haute délabrée. Exposition pour moi mémorable - allant tout juste sur mes dix ans - puisque au détour d'un pilier j'y fus instantanément frappé d'étonnement au sens fort du terme par ce tout premier Fiorio soudain offert à mon regard dans la pénombre ambiante : un très imposant et très silencieux Chardon dans la neige que je méditerai longtemps et qui, aujourd'hui je peux le dire, fut véritablement mon sésame pour accéder et approfondir tout le reste de l'œuvre !

Chardon dans la neige 1

Quatre décennies plus tard - mon Dieu que le temps passe vraiment trop vite, n'est-ce pas ! - le samedi 22 Juillet 2005 - horreur, il y a de cela même aussi déjà plus de dix ans ! - dans son allocution prononcée à l’occasion du vernissage d'une autre exposition, non plus sous l'égide des Amis du vieux Banon, mais sous celle d’Art et Expressions, à laquelle Serge avait été invité à présenter quelques toiles en qualité d'invité d'honneur, le maire d'alors, Claude Barthe, rappela les temps héroïques : « Il y a quarante ans, avec les Amis du Vieux Banon, nous avions organisé une exposition semblable à celle-ci, c'était la toute première en ces mêmes lieux que nous avions soustraits à une colonie de pigeons ». Puis, s'adressant plus particulièrement à Serge présent ce jour-là à ses côtés, il évoquait Jean Tourette, le critique d'art au journal La Marseillaise auprès duquel ils étaient allés tous en chœur quérir des conseils pour l'organisation et le contenu de cette première : « “Vous faites une exposition à Banon !” nous avait-il dit, enthousiaste. “Alors il vous faut Serge Fiorio, Eugène Martel, Lucien Jacques, les frères Ambrogiani, Grivolas, Monticelli : c’est indispensable !.. ”
Il nous avait aidé à avoir des œuvres de chacun de ces grandes figures de la peinture locale ou régionale. Moi j’avais eu la chance de vous approcher. Vous nous aviez ouvert votre atelier, prêté spontanément quelques-unes de vos œuvres et notre exposition fut une réussite. Avec vous, et aussi...grâce à vous !
Quarante ans déjà !.. Quel plaisir extraordinaire vous nous faites d’être de nouveau parmi nous aujourd’hui ! Merci Serge ! »

Original, non conformiste, volontiers provocateur, tête-en-l'air; bref, « fouligàou » comme on dit familièrement par ici pour qualifier ce genre de personnage, j'ai par exemple vu de mes yeux vu, le Fonfon s'engouffrer - avec ce grain de folie native, son courage spontané ou son inconscience du risque, peut-être bien avec un peu de chacun de ces trois "ingrédients" à la fois, mélangés - dans la cage d'escalier enfumée d'une maison déjà en flammes pour aller y sauver de l'explosion, à mains nues, à l'étage, la bouteille de gaz qu'il savait s'y trouver, et qu'il déposa, au retour, précautionneusement sur le trottoir sous nos yeux ébahis de le voir revenu !

« Attention elle est très chaude, reculez-vous les minots, elle peut encore vous péter à la gueule ! » nous lança-t-il à la ronde sans plus d'histoire !

Passionné attentif à ce qui était alors les toutes nouvelles techniques - pompes à chaleur, solaire, planchers chauffants, etc - il fut un pionnier dans leur installation qu'il améliorait parfois encore de sa science ou de trouvailles bien plus personnelles. Haute qualification qui lui attira pas mal de monde et qui, alliée à sa grande culture, lui permit aussi de rencontrer puis de fréquenter ensuite, d'égal à égal, tout le gratin culturo-artistique dont il devint la coqueluche, celui que l'on eu vite fait d'appeler « le plombier des stars » entre Lure et Luberon.

Son avis de décès est paru le 21.06.2014, et il repose donc, je pense, au petit jardin-cimetière de Saumane, un peu plus loin que Banon en direction de la montagne de Lure, d'où sa famille est originaire.

Gaby Martin de Banon

Le Fonfon portraituré par son ami Henri-Cartier-Bresson

 

Traduzione a cura di Agostino Forte :

 

   Fonfon è il soprannome che gli abitanti di Banon diedero a uno dei loro che,  a Montjustin, Serge ebbe modo di conoscere quasi subito in quanto era un idraulico-elettricista che correva in lungo e in largo il territorio, di cantierino in cantierino, in compagnia del padre a fianco del quale aveva allora pressoché finito di apprendere il mestiere.

Io pure mi ricordo ancora di Alphonse Martin (da cui il soprannome di Fonfon trasmessosi a sua volta in eredità al figlio Gabriel) quando, incamminandosi per la discesa, si fermava un po’ per chiacchierare o giocare a carte, sorseggiando un bicchierino di rum al Café Bellevue della Ninie, Léonie, la mia amata nonna. Era un uomo grande, loquace, affabile, accompagnato sempre da un cagnolino bianco, allegro come il suo padrone dal quale non si staccava mai. Quel genere di tenera bestiola così servizievole che con vena immaginativa, non ricordo più se nel periodo azzurro o rosa, Picasso disegna mentre procede sulle zampe posteriori o mentre fa il suo numero di capriole al seguito dei saltimbanchi. Ma, essendo ancora un bambino, ciò da cui ero principalmente impressionato era la visione, quando si scopriva o arrivava senza cappello, di una fossa appariscente sul lato sinistro della sua scatola cranica. Era dovuta al fatto che era stato perforato dopo essere stato sepolto vivo per tre volte nei crateri scavati dalle granate dove trovava rifugio  per tentare istintivamente di salvare la pelle – da solo od insieme ad altri – durante i bombardamenti della guerra del ’14. Facevo fatica a farmi l’idea di come qualcuno avesse potuto mettere il naso nel funzionamento del suo cervello e questo mi metteva a disagio di fronte a Fonse, quasi come fossi io, di colpo, e non lui, che aveva « quel buco da proiettile nella testa » ! E fu sempre al suo riguardo che intesi per la prima volta pronunciare il significativo nome di « cratere », per quanto l’avessi presentito già per tempo come tale ogni volta che lo incrociavo.

Ma ritorniamo a suo figlio Gaby; oltre al nomignolo di Fonfon portava anche questo diminutivo d’uso corrente in Provenza per tutti coloro che si chiamano Gabriel. Fece parte fin dall’inizio del piccolo comitato degli Amis du vieux Banon (Amici della vecchia Banon, verosimilmente creato sotto l’impulso di suo cugino Pierre Martel, il fondatore di Alpes de Lumière) e fu lui insieme ai colleghi a mettere in piedi la prima esposizione di pittura collettiva che ebbe luogo sui muri imbiancati di fresco in fretta e furia nella fatiscente chiesa superiore. Mostra che fu per me memorabile – avevo quasi dieci anni – poiché alla svolta di una colonna fui colpito da immediato stupore, nel vero senso della parola, da quel primissimo Fiorio offertosi subito al mio sguardo nella penombra circostante: un imponente e silente Cardo nella neve per molto tempo al centro delle mie meditazioni che, oggi lo posso dire, rappresentò veramente il mio ‘apriti sesamo’ all’accesso e all’approfondimento di tutto il resto dell’opera.

 

Quarant’anni dopo – mio Dio come passa veramente in fretta il tempo! – il sabato 22 luglio 2005 – trasecolo a pensare che sono già passati più di dieci anni da quel giorno – nel suo discorso pronunciato in occasione dell’inaugurazione di un’altra mostra (non più sotto l’egida degli Amis du vieux Banon bensì sotto quella  di Art et Expressions), alla quale Serge era stato invitato a presentare qualche tela in qualità di invitato d’onore, il sindaco d’allora, Claude Barthe, ricordò i tempi eroici: « Quarant’anni fa, con gli Amis du Vieux Banon, avevamo organizzato una mostra simile a questa, era la primissima effettuata in questo medesimo luogo che avevamo sottratto a una colonia di piccioni ». Poi, indirizzandosi in particolar modo a Serge, presente al suo fianco in quella giornata, evocò Jean Tourette, il critico d'arte de La Marseillaise, presso il quale si erano recati tutti insieme a chiedere consigli per l’organizzazionee il contenuto di quella prima : « “Fate una mostra a Banon !” ci aveva detto entusiasta. “Allora avete bisogno e sono indispensabili Serge Fiorio, Eugène Martel, Lucien Jacques, i fratelli Ambrogiani, Grivolas, Monticelli!.. ”

Self-Portrait - Adolphe Joseph Thomas Monticelli      Les trois frères mobilisés en 1940 posent lors d’une permission de gauche à droite, Pascal en chasseur alpin, Toussaint au milieu et Pierre à droite     autoportrait480

                            Monticelli                  I fratelli Ambrogiani            Eugène Martel

Ci aveva aiutato ad avere delle opere di ognuna di queste grandi figure della pittura locale o regionale. Per quanto mi riguarda, avevo avuto occasione di avvicinarvi. Ci avevate aperto il vostro studio, prestato spontaneamente alcune delle vostre opere e la nostra mostra fu un successo. Con voi e anche … grazie a voi!

Sono già quarant’anni !.. È un piacere straordinario avervi oggi di nuovo qui tra noi. Grazie Serge ! »

11      Serge et le maire de Banon    Grivo

                              Lucien Jacques     Serge Fiorio e il sindaco di Banon

Originale, non conformista, disposto alla provocazione, testa fra le nuvole, insomma « fouligàou » come si dice familiarmente da queste parti per qualificare questo genere di personaggio: ho ad esempio visto coi miei occhi il Fonfon – con quel pizzico di innata follia, il coraggio spontaneo o con l’incoscienza del rischio, ancor meglio con un po’ di ciascuno dei tre “ingredienti” ben mischiati – precipitarsi nella tromba delle scale piena di fumo di una casa già in fiamme per impedire l’esplosione di una bombola di gas che sapeva trovarsi al piano superiore e, al ritorno, a mani nude, depositarla cautamente sulla strada sotto i nostri occhi stupiti al vederlo vivo.

« Attenzione è bollente, state indietro ragazzi, può ancora esplodervi in faccia ! » ripeteva all’intorno senza tanti preamboli.

Appassionato attento a tutte quelle che allora erano le nuovissime tecniche – pompe a calore, solare, riscaldamento a pavimento, ecc. – fu un pioniere nella loro installazione che talvolta migliorava ancor più per via della sua scienza o per mezzo di trovate assai più personali. Specializzazione che gli valse notorietà e, insieme alla sua grande cultura, gli permise anche di incontrare e poi frequentare, da pari a pari, tutta la società cultural-artistica della quale divenne il beniamino, colui ben presto denominato « l’idraulico delle stars » tra il Lure e il Luberon.

L’annuncio mortuario comparve il 21 giugno 2014. Riposa, credo, nel piccolo cimitero-giardino di Saumane di dove è originaria la sua famiglia, un po’ più distante di Banon, in direzione della montagna di Lure.

 

Fonfon ritratto dall’amico Henri-Cartier-Bresson

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
J
Voilà qu'un peintre "local" et un écrivain "local" se répondent !<br /> <br /> C'est qu'en effet, la terre, les couleurs, les travaux des hommes bons sont les liens et les outils de paix. Une oeuvre de plus dans l'escarcelle de Serge Fiorio.<br /> <br /> Pour l'avoir connu, je citerai donc aussi Arthur Masson écrivain wallon (Belgique), 1896-1970, : quand il fait dire à Toine Culot, maire de Trignolles : "Vous comprendrez bien que cette affaire-là, c'est une amanchure de crabistouille et que ce n'est pas le moment de venir me tracasser avec des coureurs à vélo...!" in Toine, maïeur de Trignolles, p.: 63, Arthur Masson, Editions Vanderlinden, Bruxelles, 1940.<br /> <br /> Bien des mayeurs de Belgique et d'ailleurs devraient en prendre de la graine, et de citer un autre titre d'Arthur Masson: "Toine dans la tourmente" 1946, maintenant que nous y sommes dans la tourmente.<br /> <br /> Jean Paul Tournay
Répondre
S
De la part de Cloclo : <br /> <br /> <br /> <br /> Cher André,<br /> <br /> chez nous en Belgique les "spots", comme on dit en wallon, sont très représentatifs aussi. Je fais partie des Mond'jean, mon nom de famille est assez répandu dans le village mais sans pour çà avoir la même généalogie qu'eux. Ils s'appellent Zite et Broute, chez maman c'est des Chonchon, mon mari est un Pèpèn, sa maman une Misour. Nous avons aussi des Poilus, des Gris ,des Blancs ,des T'chapias, des Cach'touilles, des Lyzée,des Malpropres et je vous garde le meilleur pour la fin, des Plat'd'fesses.<br /> <br /> <br /> <br /> Nous avons un écrivain local qui a mit en scène toute une population locale, c'est délicieux à lire car on y lit quelques expressions bien de chez nous, style carabistouille. Cet écrivain s'appelle Arthur Masson. Son personnage principal se prénomme Toine, un musée et un parcours sont visibles à Treignes.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour ce qui est du tableau; Les bûcherons, il est merveilleux, intense. Notre région est une région de sabotiers et de charbonniers. Les familles partaient six mois de l'année pour fabriquer du charbon de bois, plutôt des 'braisettes" qui servaient à alimenter en grande partie les fourneaux et hauts-fourneaux.<br /> <br /> <br /> <br /> En ce temps si triste , si froid ,je commence ma journée en lisant le blog, ses nouveaux articles, et en me remplissant les yeux de ce bleu si pur qu'on ne connaît pas chez nous mais qui est si présent chez Serge.<br /> <br /> <br /> <br /> Nous avons subit dix jours de pluie et de grisaille, le soleil ne perçant pas de la journée. Mon soleil c'était Serge.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour les rayons de soleil que sont vos articles.<br /> <br /> <br /> <br /> A bientôt,<br /> <br /> Cloclo.
Répondre
S
Cher Jacques,<br /> <br /> Je vois à te lire que tu n'a pas connu La Varlope, le Parpélet, le Petit papa, lei Frisa, lei Fife, lou Peiràou, lou mestre, etc...etc..!!!!<br /> <br /> Pour mon compte, je n'ai pas à me plaindre, on m'a ennobli : je suis devenu à Banon Le marquis de St-Laurent !!!<br /> <br /> Quelles merveilles de poésie vivante !
Répondre
J
Merci pour cette belle évocation.<br /> <br /> Dans mon village du Puy-Ste-Réparade, il me semble que l'art du sobriquet était plus créatif qu'à Banon. C'est ainsi que deux de mes voisins avaient été surnommés pour la vie, l'un le Tàcot et l'autre le Cagaïre.<br /> <br /> Le premier était boiteux et le second n'avait pas été très en avance quand il était nourisson pour devenir propre!
Répondre
Publicité