Le tas de bois.

   Pour faire une petite suite au bûcheronnage qui était le sujet du billet d'hier, il m'a paru opportun de confronter aujourd'hui le fruit du travail des bûcherons à celui du peintre quand celui-ci, lui aussi, empile du bois.

Après quoi, n'allez pas me soutenir que ces gens-là - les artistes - ont les yeux faits pareils à ceux de monsieur et madame Tout-le-monde ! C'est là à peu près répéter mot pour mot ce qu'avait avec foi déclaré Bonnard de Picasso à son propre petit-neveu (cité à la page 143 du livre - délicieux, admirable ! - Elle, par bonheur, et toujours nue de Guy Goffette) : « Cet homme-là n'a pas les yeux faits comme tout le monde ». Et l'auteur de conclure à partir de là, sans toutefois prendre parti dans le conflit qui opposait les deux : « On n’en dit jamais autant sur soi-même qu’en parlant des autres ».

Détail du Fiorio intitulé Les Giberts. Photo Bibi.

«...pas les yeux faits comme tout le monde »... Mais pour peu que l'on pose les siens propres sur le moindre tableau, ou, quel qu'il soit, sur un détail de celui-ci seulement, il saute aux yeux justement, que, malgré leur (souvent) géniale façon de voir - bien à eux et exceptionnelle - les yeux de Picasso  ne font pourtant pas exception parmi ceux de toutes celles et de tous ceux qui, tout comme lui, sont peintres avant tout ! D'ailleurs, se posait-il autrement à lui-même ce même genre de question quand il demandait tout haut, tout en poussant le bouchon encore un tout petit peu plus loin : « Qui voit la figure humaine correctement : le photographe, le miroir ou le peintre ? ».

Les Giberts - 65x81 cm, 1991 - : une autre sorte de bûcheronnage, celui des couleurs. Photo Bibi.

TRADUZIONE a cura di Agostino Forte :

La catasta di legna

   Aggiungo una piccola coda al biglietto di ieri sul taglio degli alberi in quanto mi è parso opportuno confrontare il frutto del lavoro dei boscaioli con quello del pittore quando questi, a sua volta, accatasta della legna.

Pablo Ruiz Picasso, Paesaggio

Dopodiché non venite a dirmi che quelli lì – gli artisti – hanno gli occhi fatti come quelli dell’uomo comune. Qui si deve ripetere quasi parola per parola quel che Bonnard aveva convintamente dichiarato al nipote a proposito di Picasso (citato alla pag.143 di quel libro, veramente gustoso e incantevole, di Guy Goffette dal titolo Lei, per fortuna, e sempre nuda): « Quell’uomo ha degli occhi fatti a modo suo ». E da qui l'autore conclude, senza tuttavia prendere posizione nella rivalità che opponeva i due : « Non è come quando si parla degli altri artisti che si rivela molto di sé stessi ».

Pablo Ruiz Picasso, L’acrobata

«... degli occhi fatti a modo suo » ... Ma per poco che si posino i nostri su uno qualsiasi dei quadri, o su un qualsiasi loro dettaglio, risulta evidente come gli occhi di Picasso , malgrado il loro (sovente) geniale approccio – tipico e virtuoso – non facciano comunque eccezione tra tutti quelli di coloro che, proprio come lui, sono prima di tutto pittori. D'altra parte, non si pose altrimenti lui stesso la questione quando ad alta voce, forzando ulteriormente, così si espresse : « Chi è che vede la figura umana in modo corretto : il fotografo, lo specchio o il pittore ? ».

Pierre Bonnard, Giardino