Intimistes

30 mai 2016

«...faire sentir que l'éternel rayonne sous le quotidien, et que le geste le plus familier appartient au mouvement universel et s'auréole de sacré. »

Lucienne Desnoues. Avant-propos à Anthologie personnelle, ACTES-SUD, 1998.

Il n'y a pas plus de frêle passerelle que de solide pont, me semble-t-il, entre la peinture de Serge et celle de ceux que l'on appelle les intimistes - Bonnard et Vuillard en particulier, auxquels, par contre, se rattache ouvertement Eugène Martel, le peintre du Revest*. Pourtant existe, bel et bien, les reliant tout autrement, un véritable... souterrain.

Non par les sujets, c'est entendu, ni par leurs mises en page, et pas plus, encore moins, par les manières de les peindre, mais, sur un tout autre plan, par le fait commun à tous, pur et simple, de nous ramener à nous-même, de nous confronter avec art à notre propre mystère en en soulevant d'entrée le voile par l'expression colorée d'un certain silence qui fait écho et touche - en retour - au silence intérieur de chacun et de chacune, le révèle, nous en fait prendre conscience quand, par négligence ou par vanité la plupart du temps, nous préférions jusque-là le laisser pour compte sur le bas-côté de notre chemin de vie, l'ignorer, autorisant ainsi le temps ordinaire à passer dessus bruyamment sans vergogne pour, volens nolens, ne faire qu'ainsi survoler la question première de savoir qui nous sommes, ou, nous renouvellant, qui nous pourrions être encore, en profondeur et en vérité.

Haut silence "sonore", prégnant, et surtout "retentissant", de chacune de ces peintures, dès le premier coup d'œil.

« Prier, c'est écouter aux portes du silence », dans La clef de l’origine de Claude Vigée.

Photo Renaud Fulconis.

C'est de la question de l'Être qu'il s'agit - et non de celles, nombreuses, innombrables, concernant la simple existence -, primordiale, essentielle celle-là, dont ces artistes inspirés, spirituels, mine de rien sonnent la "charge", le rappel, en un grand nombre de leurs œuvres; peignant pour cela des instants saisis au vol dans ce qu'ils ont d'éternel; comme nous sommes, nous, chacune et chacun, également uniques au monde dans la foule. La foule des gens et la foule des choses, des événements, des jours, des heures, des moments, la foule des questions que nous nous posons, que nous posons aux autres, qu'ils nous posent, ou qui se posent à nous tous, chaque jour, ou un jour ou l'autre, seul à seul.

Ce genre de peinture excellente est chemin de connaissance et non fil d'Ariane - parce qu'à suivre, celui-là, les yeux fermés, aveuglément. Connaissance multiple, les yeux aussi grands ouverts que possible à la lumière : connaissance du peintre par lui-même, connaissance du peintre par l'amateur de peinture, connaissance du (et des) monde; mais dans tous les cas, connaissance de soi à la première personne, en premier lieu, malgré, au travers, et par-delà les apparences pourtant les plus convaincantes à nos propres yeux comme au regard des autres. Là est le vrai sujet (sous toutes ses autres formes) de peindre ou d'aimer ces peintures, la vraie raison de les "manier" chacune d'une façon ou d'une autre, selon notre propre tempérament, en "instrument" délicat qu'elles sont, hypersensible par nature, qui nous est à la fois, ou tour à tour, loupe, miroir, rétroviseur, et télescope braqué d'abord vers nous-même, sur notre ciel intérieur.

Aborder simplement l'un de ces tableaux nous enrichit certes, mais d'abord nous dépouille, n'est-il pas ? (Comme le pinceau de Bonnard dépouille par exemple - plus que de choix, modèle de prédilection - Marthe, son épouse, peinte à part si souvent*, nue dans la salle-de-bain, réduite à elle-même, mais en même temps lumineuse plus que jamais et que toute autre, irradiante, transformée en papillon humain devant - interface entre intérieur et extérieur - la fenêtre grande ouverte sur le jaune bouffant des mimosas en fleur de la Côte). Peintures qui nous simplifient la vie tout entière à vrai dire : adieu complexes, etc : pieuses nullités dont se rient les démons ! Tout ce que nous trimballons de lourd et d'inutile, d'encombrant, tombe à nos pieds sans résistance aucune, ou s'évapore carrément, au fur et à mesure que le rideau se lève au-dedans. Dès lors, notre souffle est plus ample !

Mais, non pour être sage un jour - vaste programme ! -, mais tenter au moins de le devenir un tant soit peu davantage, il faudrait plus souvent penser à s'aider dans l'aventure en regardant l'un d'entre ces nombreux tableaux, bien en face, sans jamais trop le quitter des yeux dans tout le restant de notre vie, le garder à l'esprit, par exemple. Heureusement que rien que le fait de se mettre à aimer la peinture en général peut déjà être, en réalité, un solide amarrage plus qu'une de ces simples et très ordinaires planches de salut comme on en voit tant flotter aujourd'hui, et dériver; n'étant, en fait, que leurres, ou mirages.

* Dont sa très sensible amie Marthe Savon-Perron, s'extasiant devant l'un de ses Intérieurs, écrivait - je la cite de mémoire - « Tout l'hiver du plateau d'Albion se trouvait là exprimé dans le bleu céleste de la petite casserole émaillée posée sur un trépieds, près des braises, dans la cheminée ».

* Elle, par bonheur, et toujours nue de Guy Goffette

«Entre la beauté que vous, Pierre Bonnard, m'avez jetée dans les bras, sans le savoir, et celle que vous avez aimée au long de quarante-neuf années, il y a un monde, ou ce n'est pas de la peinture.
Il y a un monde et c'est l'aventure du regard, avec ses ombres, ses lumières, ses accidents et ses bonheurs. Un monde en apparence ouvert et pourtant fermé comme une vie d'homme. Les clés pour y pénétrer ne sont pas dans les livres, pas dans la nature, mais très loin derrière nos yeux, dans ce jardin où l'enfance s'est un jour assise, le cœur battant, pour attendre la mer.
C'est là qu'il faut aller.
C'est là que Marthe m'a rejoint dans le musée à colonnade et m'a sauvé de la solitude et de l'ennui où je mourais.»

ET deux choses encore :

Adieu en totei,

Ambé la reforma dei collègis, l’ensenhament de l’occitan-provençau (otís de transmission de la lenga) vèn de mai en mai sinistrat e n’entraina sa disparicion.

Per la rintrada de 2016/17 la situacion serà tras que catastrofica dins nòstra region e mai que mai sembla dins lei departaments de la Vauclusa e deis Aups de Provença Auta que son en alèrta roja.

Au mes de març, l'IEO (entre autra) interpellèt ja lo Ministèra (que prenguèt pas manco la pena d’acusar recepcion) sus aquesta question…

Vèn donc urgent de tornar quichar encara mai auprès dei decideires.

Una peticion siguèt mesa en ligna « Per sauvar l’ensenhament dau provençau » (https://goo.gl/H40baP , veire çai-sota).

Alora, mercé de la signar, e d’encoratjar lo monde a va faire… e de la faire virar sus vòstre malhum !

Es important de faire ressortir una demanda gròssa.

Rendetz-vos es donat tanben a toteis aquelei que seràn disponibles, lo dimars 31 de mai a Manòsca per exprimir la demanda de lenga de la societat.

From: Espaci Occitan dels Aups

Sent: Friday, May 20, 2016 4:53 PM

To: iniciativaperoccitania@gmail.com

Subject: Fwd: Convit a una accion a Manòsca per sauvar l'ensenhament dau provençau.

Adieu,

IPO ven de començar una accion per sauvar l'ensenhament dau provençau a Manòsca e a Aurenja.

Per tant, avèm publicat una peticion en linha que podètz signar e difusar a vòstre entorn: https://goo.gl/H40baP

I demandam concretament:

Lo mantenement e desvolopament dei cors d’occitan a Manòsca, a partir de 2016-2017, au Licèu Esclangon e au Collègi dau Mont d’Aur.
Lo mantenement e desvolopament dei cors d’occitan a Aurenja, a partir de 2016-2017, au Collègi Barbara Hendricks.
Lo mantenement e desvolopament dei cors d’occitan a Chastèu Arnós-Sant Auban, a partir de 2016-2017, au Collègi Camil Raimond.
Lo redesvolopament dei cors d’occitan au Collègi Joan Giono de Manòsca, que son estats suprimits en setembre de 2015.
Una informacion sistematica e valorizanta, envèrs leis escolans e lei parents, sus la possibilitat d’aprene l’occitan a l’escòla.
Una ofèrta generalizada de cors d’occitan dins totei leis escòlas d’Occitània, de la mairala a l’universitat, pendent leis ans que venon.
Un recrutament massís de professors d’occitan per fin de respòndre a la demanda deis escolans que vòlon aprene l’occitan.
Tanben organizam una accion a Manòsca, lo dimars 31 de mai a 10 oras, davant lo Licèu Esclangon. Vos convidam a i participar, en nom de la lenga qu'aimam.