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Serge Fiorio - 1911-2011.
Serge Fiorio - 1911-2011.
  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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15 mai 2016

Chez Ader-Nordmann : Les Bûcherons de 1959.

   Il y a peu, j'avais été aimablement contacté au titre d'ayant-droit pour confirmer que ces Bûcherons de 1959 étaient bien dus aux pinceaux du maître de Montjustin. Aujourd'hui, une page entière du catalogue papier de la prestigieuse maison de vente aux enchères publiques ADER-Nordmann est tout récemment consacrée à Serge. C'est une première pour l'une de ses œuvres dans un catalogue de ce genre et - quoi qu'on dise ou quoi qu'on en pense - une forme aussi, là, de reconnaissance à l'égard de son travail dans ce milieu.

Personnellement, je préfère pourtant que les prix des Fiorio restent stables afin que tout un chacun à qui cette peinture chuchote ou parle puisse garder l'espoir au cœur de réaliser son rêve de s'offrir, un jour ou l'autre, au moins un Serge; et cela loin, très loin, en dehors même, de tout esprit de spéculation ou de placement. Mais je rêve peut-être !

Oui, bienheureux ou bienheureuse celui ou celle qui, à partir du 18 qui vient, pourra donc s'en repaître à son aise tout son soûl, méditer ce tableau sans ciel sous son toit en y promenant alors son regard partout, aux quatre coins, sous les auspices de la belle lumière un peu secrète et mystérieuse qui, matinale sans doute, en y planant en douceur, baigne tout le sous-bois et l'éclaire jusqu'en ses profondeurs où la végétation devenant alors somptueuse se change peu à peu en un véritable rideau de scène.

Catalogue 2

Toute entière les pieds bien ancrés sur la terre ferme pendant qu'à bout de bras les haches s'agitent et "volent" tour à tour avec dextérité pour mieux s'abattre à fond et à cœur sans aucune pitié, la scène fut sans doute encore toute fraîche, intacte, dans l'esprit de Serge à l'heure de la peindre tant ce genre d'activité fut familier à lui et à son frère dans les premières années, d'abord d'installation précaire, puis d'enracinement, de la tribu Fiorio sur la colline, les terres et les bois, du territoire de Montjustin.

Dessin BûcheronDans une lettre à Paul Geniet, son ami et confident épistolaire de première sur une bonne dizaine d'années, notre peintre claironne qu'il va de nouveau bûcheronner et y prend, rien qu'à l'idée, visiblement d'avance un plaisir certain puisqu'il évoque (je le cite ici bien trop brièvement de mémoire) « la poésie de la forêt qui, dans le petit matin, va résonner de coups de haches puis du fracas d'arbres qui tombent » : toute une ambiance au timbre bien particulier - par les lieux, les odeurs, les bruits, les couleurs, les sensations de la saison et de l'heure elles-mêmes, etc - dans laquelle il aime se plonger et se fondre en y travaillant de bon cœur de grandes journées entières avec courage, s'en laissant dans le même temps profondément imprégner jusqu'à l'âme pour, dans la foulée, en nourrir en retour de façon généreuse diverses toiles - oui, pas exclusivement celles de bûcheronnage. Il est à noter, en direction des actuels défenseurs de la nature, que s'il est vrai qu'il en a pas mal coupé pour se chauffer l'hiver et, dans les deux sens de l'expression, faire bouillir la marmite, Serge a beaucoup plus planté encore et pris soin d'arbres comme de plantes de toutes sortes - ne serait-ce, n'est-ce pas, qu'en peinture ! - tout au long de sa longue vie d'artiste et de paysan passionné.

Mais l'originalité de ce tableau qui, à travers le temps, refait aujourd'hui surface, ne se limite sûrement pas au contenu du présent commentaire accommodé à ma petite sauce habituelle : comme chez tous les autres Fiorio d'une certaine envergure, elle est, si je puis écrire, bien entendu à plusieurs entrées... Mon ami François Mangin-Sintès devine et voit, lui, par exemple, derrière l'évidente scène de travail, la représentation d'un combat symbolique, une forme de lutte, de duel, une sorte de match de "boxe" ou encore - pourquoi pas ? - l'arrêt sur image d'une séance d'art martial. Cela, entre deux êtres proches et complémentaires, peut-être même frères, au sens fort, comme Serge l'était effectivement avec Aldo.

L'acquisition d'une œuvre n'en excluant jamais le possible partage, espérons qu'après la vente nous aurons des nouvelles du nouveau ou de la nouvelle propriétaire et peut-être en obtiendrons-nous un jour la joie de pouvoir exposer ce beau et, au fond, tout nouveau Fiorio qui porte entre autres en lui, haut et clair, le sceau et les stigmates d'une époque héroïque - mais ô combien exaltante ! - dans la vie du peintre.

 

ET encore cela : “l’Arche de Quinoa”,

 

 

 

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Commentaires
S
Bonjour André,<br /> <br /> ...ton commentaire des Bûcherons est somptueux, riche d'un foisonnement d'idées, documents à l'appui. Il arrive à point nommé. Demain, nombreux seront ceux qui prêterons attention à la destinée de ce tableau.<br /> <br /> <br /> <br /> Comme au théâtre, tu frappes les trois coups. Derrière cette scène toute anodine de bûcherons qui abattent un arbre, le rideau se lève et ouvre un champ ou chant, j'hésite, d'interprétations possibles. Tu as compris, interprété, et finalement expliqué toute la symbolique de mon intuition à l'état brut d'y voir apparaitre un match de boxe et de le situer dans le mode de vie de Serge.<br /> <br /> <br /> <br /> Qui des deux bûcherons qui cognent fait tomber l'arbre dans un ultime geste, celui qui est à gauche ou celui qui est à droite? Lequel des deux finit par coucher l'arbre dans le craquement si particulier des bruits de la forêt ? Car c'est bien ce moment précis qui est peint.<br /> <br /> <br /> <br /> As-tu remarqué que le pantalon de l'un était assorti par la couleur à la chemise de l'autre et vice-versa et aussi que les deux arbres abattus l'étaient aussi par la couleur aux vêtements de l'un et de l'autre des bucherons, offrant ainsi une unité de tons et un sentiment d'égalité et de correspondance entre le monde végétal et l'humain. C'est là, à mon avis, l'un des messages fondateurs, s'il en est, de l'œuvre et son extrême actualité dans la défense de la vie sur terre que d'aucuns ont appelé la part de soi( Pierre Rabhi) ou orienté nos actions pour une éthique du futur( Hans Jonas). François Mangin-Sintès.
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