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Serge Fiorio - 1911-2011.
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  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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1 avril 2016

Scène de rue au Caffè Fiorio par Jacques Ibanès.

SCÈNE DE RUE AU CAFFÈ FIORIO  

   Les repas de famille sont souvent l’occasion d’évoquer les êtres chers qui nous ont précédés. Chez les Fiorio, on aimait à faire revivre la haute figure du grand-père Joseph, le fameux « chasseur de brigands » et celle de sa femme Marguerite et on n’oubliait jamais de leur porter un toast dans les grandes occasions.

Joseph avait lui-même pour grand-père, un certain Alcide Fiorio dont le souvenir se perpétuait également dans la famille. D’abord bouscatier, il avait créé avec son frère jumeau Donat, une scierie à proximité du lac Grande à Avigliana, une localité proche de Turin.

Dans cette petite communauté, les jumeaux fréquentaient un ami de leur père, le notaire Eduardo Agnesi. Maître Agnesi était veuf et ses deux filles, outre qu’elles ne seraient jamais dans le besoin après avoir hérité de leur mère, étaient, selon la mémoire familiale, des beautés « appétissantes ». C’est ainsi que le 11 août 1777, Alcide et Donat Fiorio lièrent leur vie tous deux le même jour à Fostine et Apollonie Agnesi. Deux frères épousant deux sœurs n’est pas chose si courante et la presse locale se fit largement l’écho de cet évènement.(1)

Maître Agnesi qui était un septuagénaire « portant beau » n’eût malheureusement qu’une seule fois l’occasion de célébrer Noël avec sa famille nouvellement élargie, car il mourût en 1778, d’une crise d’apoplexie, laissant ses enfants à la tête d’une jolie fortune.

Quelques temps après, d’un commun accord avec leurs épouses, Alcide et Donat décidèrent d’acquérir en indivision une belle bâtisse sise sur la via Po, l’une des plus commerçantes de Turin. Avec ses arcades qui font un peu songer à la rue de Rivoli de Paris, la via Po était (et est toujours) fréquentée par la société la plus huppée. Elle abrite des commerces de luxes, des librairies et des galeries d’art. À cette époque, la mode des cafés en était à ses débuts et les entreprenants bouscatiers inaugurèrent le 18 février 1780 l’établissement qui est devenu jusqu’à nos jour le fameux Caffè Fiorio.

café fiorio 2   Caffè Fiorio 1

Fréquenté dès ses débuts par des hommes politiques en vue, tel Giovanni Prati ou Camillo Cavour, le Caffè Fiorio réunissait la crème, si j’ose dire, du tout Turin. D’abord fréquenté par une clientèle aristocratique, il devint au fil des décennies le lieu de rendez-vous incontournable des intellectuels et artistes en vue.

café fiorio 3

Il faut dire qu’avec ses fresques du peintre néo-classique Francesco Gonin et ses sculptures de Joseph Bogliani, le Caffè Fiorio avait, toutes proportions gardées, des allures de Coupole avant la lettre. Serge a d’ailleurs confié à André Lombard que quelques traces d’anecdotes du Caffè Fiorio qu’il avait évoquées devant Giono se retrouvent dans Le Bonheur fou.

Un siècle plus tard, le 3 janvier 1889, alors que le Caffè Fiorio avait changé de main depuis belle lurette sans pour autant changer de nom, Friedrich Niezsche entre dans la salle, tandis que des vitriers s’affairent à réparer les dégâts causés par des anarchistes. Comme il est musicien, il s’installe au piano qui se trouve dans un coin et joue quelques airs de Carmen. Puis, il commande un verre d’eau fraîche et entre en conversation avec un jeune homme qui se prend pour Jésus Christ (cela arrive). Il y a beaucoup de monde autour d’eux : des anarchistes, des carabiniers, des prostituées, une jeune polonaise qui prétend descendre du maréchal Poniatowski et qui ressemble à Lou Andréa Salomé, un homme dont le père serait allé voir Victor Hugo à Guernesey. Bref, une faune. Tout ce monde boit, rit, parle haut, chante et Nietzsche converse avec tous et tient des propos singuliers après avoir bu un peu de vin et mangé une grappe de raisin que lui a offerte une marchande de fruits.

caffè fiorio 4

Tout à coup arrive Franz Overbeck, un ami très cher de Niezsche. Ils se congratulent. Il y a de plus en plus de bruit dans la salle et soudain, raconte Alain Jouffroy dans son récit intitulé Caffè Fiorio (Éditions du Rocher) « énorme vacarme dans la rue, un fiacre s’arrête et l’on entend les vociférations d’un cocher ivre, qui fouette son cheval à tour de bras. Nietzsche se précipite dans la rue, hurle des insultes en allemand au cocher, où l’on entend surtout “ Schwein ! Schwein ! ” tandis qu’Overbeck se précipite derrière Nietzsche, qui se suspend au cou du cheval et l’embrasse en sanglotant, puis retombe dos à terre ».

Serge connaissait cette histoire du café créé par son aïeul. Il en a déposé quelques éclats de-ci de-là dans ses toiles. Scrutez bien les personnages de ses fêtes foraines. Ou encore la mélancolie de ses chevaux de bois ou de labour : vous y reconnaîtrez peut-être celui qui fut l’objet de la compassion de Niezsche…

 

(1) André Lombard qui m’a confié les coupures que je suis en train de traduire y consacrera une prochaine rubrique du blog, car il possède également une miniature peinte des quatre mariés.

 

TRADUCTION d'Agostino Forte :

 

 

SCENE DI STRADA AL CAFFÈ FIORIO  

   I pranzi di famiglia sono sovente occasione per evocare le persone care che ci hanno preceduti. In casa Fiorio si amava far rivivere la grande figura del nonno Joseph - il famoso « cacciatore di briganti », accanto a quella di sua moglie Marguerite, non mancando mai di dedicare loro un brindisi nelle grandi occasioni. A sua volta Joseph aveva avuto come nonno un tal Alcide Fiorio il cui ricordo si perpetuava ugualmente in famiglia. Dapprima boscaiolo, con il fratello gemello Donato aveva impiantato una segheria in prossimità del lago Grande ad Avigliana, una località vicino a Torino.

Avigliana, Il Lago Grande, un tempo detto lago della MadonnaAvigliana, il Lago Grande, un tempo detto lago della Madonna

In questa piccola comunità, i gemelli ebbero frequentazioni con il notaio Eduardo Agnesi, un amico del loro padre. Il signor Agnesi era vedovo e le sue due figlie, oltre al fatto di trovarsi in condizioni agiate dovute alla cospicua eredità lasciata loro dalla madre, erano, secondo la memoria familiare, delle bellezze « stuzzicanti ». È così che l’11 agosto 1777, Alcide e Donato Fiorio, legarono entrambi in quello stesso giorno le loro vite a quelle di Fostina e Apollonia Agnesi. Due fratelli che sposano due sorelle non è una cosa che capita tutti i giorni e quindi la stampa locale diede ampio risalto all’avvenimento1. Il signor Agnesi, che era un settuagenario di “bella presenza”, poté purtroppo celebrare un solo Natale con la sua novella famiglia ampliata poiché nel 1778 morì di una crisi apoplettica, lasciando le sue figlie a capo di una cospicua fortuna.  

Qualche tempo dopo, di comune accordo con le rispettive mogli, Alcide e Donato decisero di acquistare in comproprietà un bel edificio sito in via Po, una delle vie più commerciali di Torino. Coi suoi portici, che in qualche modo ricordano la rue Rivoli a Parigi, la via Po era (e lo è ancora) frequentata dalla Torino bene e ospita negozi di lusso, librerie e gallerie d’arte. All’epoca, la moda dei caffè era agli esordi e gli intraprendenti boscaioli inaugurarono (18 febbraio 1780) l’attività che è rimasta fino ai nostri giorni col nome di Caffè Fiorio. Frequentato sin dagli inizi da uomini politici in vista, come Giovanni Prati o Camillo Cavour, il Caffè Fiorio ospitava, se posso dire così, la crema di Torino. Frequentata fin dagli inizi da una clientela aristocratica, nel corso dei decenni divenne l’imprescindibile luogo di incontro degli intellettuali e degli artisti in auge. Va detto che con i suoi affreschi del pittore neoclassico Francesco Gonin e le sculture di Giuseppe Bogliani, il Caffè Fiorio aveva, fatte le debite proporzioni, un aspetto da Coupole ante litteram. Serge aveva peraltro confidato ad André Lombard che alcune tracce aneddotiche del Caffè Fiorio, di cui aveva parlato a Giono, si ritrovano ne “Una pazza felicità”.  

Un secolo dopo, il 3 gennaio 1889 - dopo che il Caffè Fiorio aveva cambiato proprietario da un bel pezzo senza per questo cambiare di nome2, Friedrich Nietzsche entra nel locale mentre dei vetrai sono indaffarati a riparare i danni causati da anarchici. Essendo egli musicista, si siede al pianoforte situato in un angolo e si mette a suonare alcune arie della Carmen. Poi comanda un bicchier d’acqua entrando in conversazione con un giovane che si crede Gesù Cristo (succede anche questo). La coppia è attorniata da numerose persone: anarchici, carabinieri, prostitute, una giovane polacca che assomiglia a Lou Andreas Salomé e pretende discendere dal maresciallo Poniatowski, un uomo il cui padre avrebbe fatto visita a Victor Hugo a Guernesay; per farla breve, una bella fauna.

Hugo-Hauteville-House_GuerneseyHauteville-House, abitazione di Victor Hugo a Guernesay  

Chi beve, chi ride, chi parla a voce alta o canta e Nietzsche a conversare con questo e con quello dandosi a curiose affermazioni dopo aver bevuto un po’ di vino e mangiato un grappolo d’uva offertogli da una fruttivendola. Improvvisamente arriva Franz Overbeck, un carissimo amico di Nietzsche. I due cordializzano. Nel salone intanto il rumore sale sempre più e di colpo, come racconta Alain Jouffroy nel suo libro intitolato “Caffè Fiorio”, «un gran baccano sulla strada, una carrozza si ferma e si sente il vociare di un cocchiere ubriaco che si accanisce sul suo cavallo con la frusta. Nietzsche si lancia in strada e, all’indirizzo del cocchiere, urla degli insulti in tedesco nei quali si riconosce un ripetuto “ Schwein ! Schwein ! ” mentre Overbeck si precipita dietro Nietzsche il quale, sospeso al collo del cavallo, l’abbraccia tra i singhiozzi cadendo poi per terra con la schiena ».

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Foto di Overbeck nel volume di Carl Albrecht Bernoulli dal titolo Franz Overbeck e Friedrich Nietzsche. Una amicizia, del 1908

 Serge era al corrente della storia del caffè impiantato dal suo avolo e ne ha lasciato qualche barlume qui e là nelle sue tele. Osservate bene i personaggi delle sue giostre. Oppure rivolgetevi alla malinconia dei suoi cavalli di legno o da tiro: forse vi riconoscerete quello che fu l’oggetto della compassione di Nietzsche  

1: André Lombard, che mi ha affidato i ritagli che sto traducendo, vi consacrerà una prossima rubrica del blog poiché è anche in possesso di una miniatura dipinta dei quattro sposi.  

2: in realtà ci fu un periodo nel quale il locale ebbe un altro nome tant’è che, come si può evincere da https://it.wikipedia.org/wiki/Caff%C3%A8_Fiorio, “nel 1850 cambiò nome (anche se per poco) in Caffè della Confederazione Italiana.”

 

Facciamo qui seguire le due note postate all’articolo in questione da Ismael, attinenti all’episodio del cavallo e di Nietzsche :   

I 

Sì, di questa storia ce ne parlò Léo Malet una sera che si era al Centro Vegetariano della rue de Tolbiac. Egli asseriva di avere incontrato, alcuni anni dopo il fatto, uno degli anarchici testimoni della scena di cui si fa cenno qui. Uno, diceva, dal nome ungherese, tale György Taar, di simpatie bakuniniane. Ho creduto per diverso tempo che si trattasse di una diceria un po’ oscura di cui l’appassionato fumatore di pipa era solito durante certe serate nebbiose (a proposito di pipe, ne offrì una delle sue all’amico Jules Mougin. Come aveva fatto … Giono qualche tempo prima. Il che dimostra che per quanto si giri, si finisce sempre per ritrovarsi nello stesso anello di fumo …) beh no, non fu comunque una favola quella raccontataci a tarda notte dal padre di Nestor Burma. Ne ho avuta la prova anni dopo, più precisamente nel 2011, quando un film (stupendo) intitolato … “Il cavallo di Torino”3 ottenne l’Orso d’argento al festival di Berlino.  Era (per sua decisione) l’ultimo film di un certo Béla … Tarr; come ognuno sa buon sangue non mente (benché si dice che sarebbe piuttosto di scuola kropotkiniana). Su, si sta facendo giorno (diceva Jean Gabin) e in mancanza d’altro andiamoci a prendere un caffè rue d’Italie.

 

4: https://it.wikipedia.org/wiki/Il_cavallo_di_Torino. Per chi è interessato si può leggere un’intervista al regista Béla Tarr andando al link http://movieplayer.it/articoli/l-apocalisse-di-bela-tarr-e-il-cavallo-di-nietzsche-a-berlino_7806/

Paul_Cézanne_102

Paul Cézanne - Uomo con pipa

 II

Per una volta ero io ad essere annebbiato di primo mattino. A mia eventuale discolpa posso dire di non essere affatto pratico di ungherese, parlato … tantomeno scritto. Adesso devo quindi rendere a Béla quello che era di György: l’ortografia del nome del suo famoso nonno (testimone dell’impennata nietzscheana) è … Tarr, con due ‘r’ e una sola ‘a’, naturalmente! )

 

E visto che sono costretto a riconoscere uno dei miei (assai) (rari) errori … di pura svista peraltro, ne approfitterò (onde ristabilire un po’ l’equilibrio tra i due piatti della bilancia) per indicare che i primi 5 minuti del film del nipote sono visibili su Youtube, purtroppo nella sua versione inglese … ma con il nome in ungherese del titolo: " A Torinói ló ".

 

Ve ne lascio volentieri (basterà un semplice copia/incolla) il piacere dell’eventuale visione … https://www.youtube.com/watch?v=aoERWukgg_Q

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
F
Tes paroles, je t’en remercie Ismael, me donnent élan à mieux faire mon travail de traduction. Il arrive que je vois d’autres papillons. Ce sont les quelques lignes d’un poète, Abdellatif Laâbi, que je viens de lire dans un article (http://www.recoursaupoeme.fr/critiques/abdellatif-laâbi -l’arbre-à-poèmes-anthologie-personnelle-1992-2012/joëlle-gardes): <br /> <br /> <br /> <br /> Il n’y a pas de nuit<br /> <br /> <br /> <br /> qu’on ne puisse affronter<br /> <br /> <br /> <br /> Il n’y a pas de ténèbres<br /> <br /> <br /> <br /> sans ligne d’horizon<br /> <br /> <br /> <br /> amitiés, Agostino.
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F
Grazie a te Jacques. Chissà mai ci si possa incontrare. <br /> <br /> Un saluto carissimo, Agostino.
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I
Chaque mot possède mille sens. Mille "significations", si l'on veut. Ou mille "directions". Au choix. Car les Mots (Bien le bonjour monsieur Jean Sol) sont la vie et la liberté. Prononcés par une autre voix maternelle, prononcés par une Mamma qui appelle son dernier rejeton qui joue dans une rue en pente de Naples, une rue dévorée de soleil, prononcés par la bouche d'Agostino, et c'est déjà le grand Printemps.<br /> <br /> Je plonge (en pur égoïste ... mais Jacques ne m'en voudra pas trop) dans la transcription du petit (justement parce qu'il est petit) Commentaire final. <br /> <br /> Ungherese, plutôt que Hongrois. Testimoni plutôt que témoins. Appassionato plutôt qu'amateur. Ce sont des papillons blancs. Ce sont des lépidoptères (Lepidotteri !!!) qui volent, par deux, ou par quatre, mais jamais seul, car leur vol qui ne s'inquiète en rien de leur si brève existence à venir est un hymne à la vie. Ils dansent, et leur danse est un simulacre de l'amour. Ils sont la légèreté. L’insouciance. L'éternelle jeunesse. <br /> <br /> Telle est la langue italienne; un vol de papillons blancs.<br /> <br /> <br /> <br /> Ismaele.
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I
Bravissimo e grazie molto ad Agostino per sua bella traduzione ed interessanti documenti.<br /> <br /> Con viva stima.<br /> <br /> <br /> <br /> Giacommo Ibanès<br /> <br /> <br /> <br /> PS : alla primavera, il lago della Madonna è un magnifico posto per pescare
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I
Pour le coup, c'était moi qui étais bien embrumé ce petit matin. Pour mon éventuelle défense je dois avouer que je ne suis guère coutumier du magyar, ni parlé ... ni même simplement écrit. Il me faut donc rendre à cette heure à Béla ce qui appartenait déjà à György : l'orthographe du nom de son fameux grand-père (témoin de l'envolée Nietzschéenne) ... Tarr, avec 2 r et un seul a, bien sûr !<br /> <br /> Et puisque me voilà contraint à reconnaître l'une de mes (très) (rares) erreurs ... de pure inadvertance du reste, j'en profiterai (pour rétablir un peu l'équilibre entre les deux plateaux de la balance) pour indiquer que les 5 premières minutes du film du petit-fils sont visible sur Youtube, dans sa version anglaise malheureusement ... mais avec son titre hongrois au générique : " A Torinói ló ". <br /> <br /> <br /> <br /> Je vous en laisse volontiers (un rapide copier/coller y suffira) le plaisir de la possible découverte ...<br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=aoERWukgg_Q
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