De la part d'Henri Merou.

   Les vieux papiers réservent parfois des surprises !
Je joins une page d'un registre de l'hôtel de Céreste où l'on voit le Serge passer une nuitée en 40. Il est alors photographe et touriste....
Peut- être qu'il fera bien dans ton blog, que je suis assidûment.
Au plaisir,

Amicalement,
le Mérou.

Un grand merci donc à l'ami Henri Mérou, fameux collecteur-sauveteur de toutes sortes de vieux papiers - en dehors de la pratique non moins courante de son don magistral de calligraphe. Cahiers de chansons, cahiers d'écoliers, cartes postales, registres divers, revues et journaux, etc, ont trouvé refuge chez lui par milliers, dans son arche !

Je vais cependant un peu éclaircir et préciser les raisons de cette halte de Serge à l'hôtel de Céreste en août 1940 : après sa mobilisation d'une petite année à Bourgoin dans l'Isère, il entreprend - l'une dans la foulée de l'autre - deux grandes virées à vélo à la recherche d'une ferme à acheter au nom de son ami Louis Lief qui, en reconnaissance de ce service, lui en confierait tout de suite la conduite : « Nous cherchions un coin où se poser et faire notre nid; or Aldo et moi rêvions d'être un jour paysans. »

Là, de passage à Céreste, il était sur son retour...bredouille d'un côté, mais de l'autre la tête pleine d'images...en direction de Taninges, en Haute-Savoie ! Fallait avoir de bonnes jambes vus les kilomètres qu'il venait de faire, ceux qui lui restaient à parcourir (environ 300) et le méchant lourd vélo sur lequel il se déplacait.

Quittant Céreste en direction des Alpes, Serge est passé sur ce qui - antique Via Domitia - était alors la Nationale100, sous Montjustin qu'il m'avait dit avoir bien remarqué au passage et dont il se souvint par la suite; cela sans pouvoir évidemment se douter une seconde que, 7 ans plus tard, c'est là-haut précisément, si près du ciel, que le destin l'amènerait à s'installer avec les siens, y jetant l'ancre de grand cœur, tous ensemble, pour toujours ! Définitivement, jusqu'à y reposer - aujourd'hui quasi toutes et tous de la tribu Fiorio - côte-à-côte dans le petit cimetière-jardin situé à flanc de colline.

Deux choses sont à remarquer sur le document : il y est imprimé en bas de la feuille et en petits caractères que cette dernière est soit-disant destinée aux services de la statistique (mais - mon œil ! - vue l'époque, plutôt à ceux de la police et des renseignements au moindre besoin !). D'autre part, Serge inscrit sur la fiche que son mode de transport est public, alors qu'il circule à vélo. Cela, bien sûr par prudence, dans le but et l'espoir d'ainsi ne pas attirer l'attention sur lui. L'époque est plus que trouble, il ne faut pas l'oublier.

Je relate un peu plus largement cet épisode de la vie de Serge dans Pour saluer Fiorio aux pages 161 et suivantes. Du coup, le document aimablement fourni par Henri en est même - plus qu'une confirmation - l'authentification purement et simplement datée ainsi que signée par Serge lui-même !