Refaurme deux lortografeu.
Étant à leur façon des organismes vivants, les langues n'en sont pas moins, parce qu'à notre image, des êtres d'esprit. Certes, chacune en plus ou moins bonne santé, mais en perpétuelle évolution et réadaptation interne elles aussi.
Qu'elles évoluent - donc changent - pour se perpétuer va dans le sens de la vie et du développement. Mais qu'on y touche de l'extérieur, qu'on décide délibérément pour elles depuis un bureau de ministre ou un fauteuil d'académicien !...Bonjour ! (les italiens, eux, préfèrent dirent Buona notte !).
C'est équivalent à nous obliger, tout d'un coup, sans raison, par décret, de ne plus nous servir d'un bras, par exemple, d'un œil, de nous raser l'un des sourcils à moitié ! Ou de ne plus porter désormais de chapeau rond ni plus jamais de chaussettes vertes à rayures parce que le Président de la République en aurait décidé ainsi - un peu, au fond, comme cela se passe sur bien d'autres plans encore dans Le Roi et l'oiseau !
Connaissez pas ? Ça m'étonne vraiment !...
C'est l'usage, il me semble, et uniquement lui, qui devrait façonner, à mesure, les transformations utiles ou nécessaires à une langue - mais rien dans ce projet actuel de réforme n'en relève, il s'agit bien plutôt de la fabrication à la fois la plus flagrante et la plus arbitraire des modifications qui soit - comme la pratique d'un outil en modifie et en transforme au fil du temps le manche, le rend à la fois plus beau encore, et encore plus efficace parce qu'ainsi de mieux en mieux adapté à la main dans le geste.
La vraie raison de ce projet n'est pourtant pas si absurde que ça pour tout le monde, loin de là : il y a là-derrière encore énormément d'argent à faire et, dans ce qu'on appelle plus que fort malencontreusement les hautes sphères - formatés pour - les cerveaux de la finance s'en sont tout simplement rendu compte : réforme grâce à laquelle nous devrons acheter de nouveaux dictionnaires, d'autres ordinateurs, etc. Livres, panneaux de signalisation, tout fait ventre ! Pour le reste, ce qu'il en résultera de tout cela pour la langue française elle-même, ils s'en foutent et s'en contrefoutent, ils s'en moquent effrontément, en bons terroristes qui se respectent.
Dans le camp d'en face, s'il y a, entre tous, un livre à la fois merveilleux et plein de bon sens, hardi aussi sur le sujet, c'est bien celui-là de Jacqueline de Romilly paru en 2007, déjà. Je me souviens que je ne manquais pas d'en lire - paraissant l'un après l'autre chaque mois dans la revue Santé magazine - les divers articles qui aujourd'hui le composent. Je les découpais pour en faire profiter Lucienne Desnoues qui, elle aussi, en était friande. Et, par sa nature de poète, sans aucun doute friande encore bien plus que moi, elle s'en délectait !
PS : on pourra lire un peu plus bas celui qui s'intitule justement « Montrez-moi votre langue...»