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Serge Fiorio - 1911-2011.
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  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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1 février 2016

Quand remontant un jour de Marseille à Grenoble...

   Quand, remontant un jour de Marseille à Grenoble, l'encore tout jeune Stendhal (23 ans) fait halte à La Garde de Dieu - le croisement situé juste en dessous de Reillanne d'où Montjustin, bien en face un peu au sud, se trouve tout à fait à portée du regard - il note alors dans son Journal à la date précise du 23 mai 1806 : « Collines, montagnes, grande quantité de chênes. Plus la nature sèche des environs de Marseille; mais, comme rien n'est grandiose, pas d'impression profonde. Les villages sur le sommet des montagnes; quelques-uns, comme Mont-Saint-Justin, élevés d'une manière aussi incommode que possible. » Et il accompagne sa lapidaire description d'un rudimentaire croquis de ce qu'il voit : sur le sommet d'une colline ronde, il dessine quelques maisons serrées les unes contre les autres et rassemblées autour d'une église au clocher pointu. Basta !

Grosso-modo cent-cinquante ans plus tard, l'avis de Serge concernant ce même village où lui s'est installé tout feu tout flamme, en 1947, pour y vivre heureux avec toute sa famille sous la bonne étoile de sa peinture, est, l'on s'en doute un peu, un tout petit peu différent ! Effectivement, dans un article de journal des années 60, il déclare par exemple au journaliste l'interrogeant à brûle-pourpoint sur son aventure haute provençale : « À Montjustin, il y a tellement de choses à peindre ! Ce village est mon garde-manger de beauté, d'idées, d'inspiration. » On mesure bien la distance...

Mais, pour sûr, Stendhal se trouvant là seulement de passage, il ne pouvait même pas imaginer une seconde la vraie réalité de ce petit village (qui, on le remarquera, le frappa assez cependant pour qu'il jugea bon d'en prendre doublement note à faible distance) et peut-être encore moins penser que quelqu'un pourrait un jour en donner une pareille appréciation, tellement à l'opposé de ses propres maigres et trop rapides observations du moment ! S'il est bien vrai que les voyages forment la jeunesse, les voyageurs, par contre, dévalorisent parfois grandement ce qu'ils voient - tout Stendhal qu'ils puissent être.

Toutefois, dans sa déclaration d'artiste habitant le village, Serge exagère lui aussi; ou plutôt, plus précisément, il ne dit pas tout. Que la moitié, à peine ! C'est pourquoi - Et Dieu me garde pourtant de lui faire dire ici ce qu'il n'aurait pas dit ! - je voudrais rapprocher sa phrase enthousiaste d'une autre qui me paraît bien, dans le cas, compléter et préciser sa pensée : celle-là est de Christian Bobin à propos du Creusot, sa ville natale, et elle est aussi, en étendard, la toute première phrase de son livre intitulé Prisonnier au berceau. La voici donc, sans plus attendre : « J'ai toujours habité deux villes : Le Creusot et la ville qui est au-dessus dans les nuages. »

Ainsi, n'en est-il pas allé pareillement du peintre partout où il vécut ? Mais surtout à Montjustin !

Montjustin GérardMontjustin vu par Stendhal depuis l'atelier de Serge. 

 

 

   

 

 

    

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