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Serge Fiorio - 1911-2011.
Serge Fiorio - 1911-2011.
  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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28 janvier 2016

Quelques réflexions.

   La Providence - à laquelle je crois - a fait qu'en 1965, à l'âge de 10 ans à peine, je voyais déjà mon tout premier Fiorio - somptueux, un Chardon dans la neige - qui participait, unique, à une exposition de groupe organisée dans mon village natal par la toute neuve Association des amis du vieux Banon, à l'église haute. 

IMG_4082Le premier Fiorio que j'ai vu. Et vous,vous souvenez-vous du vôtre ?

Littéralement subjugué, je n'ai donc pas eu grand mérite ni - quel qu'il soit - le moindre effort à fournir afin de mordre à l'hameçon et apprécier d'entrée cette peinture.  

Mais chaque cas, bien sûr, est différent : ainsi, l'ami André Poggio (de la revue Lou Trepoun que je vous recommande au passage) m'écrit dernièrement ceci à propos de ses réactions (extrêmement sensibles) devant la peinture de Serge : «...toujours l'impression de ne pas arriver encore à pénétrer son monde - à la fois émerveillé par ses montagnes (je suppose que la plupart des premiers regards subissent la même fascination), leurs couleurs (quelles couleurs !), mais bloqué par ses portraits, effrayé par ses carnavals. 
Je crois que je vais tenter de m'immiscer dans un carnaval - hier, j'écoutais Paolo Conte, et tout à coup l'idée des masques des personnages de Serge s'est imposée. Rapprochement hasardeux ? peut-être, mais j'ai besoin de correspondance pour mettre en place mes sensations. »
Ce qui, en retour, m'amène à quelques réflexions de nature plus générale qui n'auront finalement de valeur véritable que celle que chacun des lecteurs voudra bien, ou pas, leur accorder : forcément, et tout comme devant n'importe quelle autre, personne ne peut être enthousiaste en bloc devant l'œuvre de Serge; d'autant que son monde, tout en étant un et indivisible dans son originalité, est par ailleurs multiple, ou plutôt, plus précisément, multiforme. Tout ne peut y "parler" à chacune et à chacun en particulier. Pourtant maître d'œuvre, critique il l'était aussi : ne connaissait-il pas lui-même la gamme des impressions contradictoires qui vont du coup de cœur à certaines réserves devant son propre travail ? 
J'avoue que, moi aussi, je n'apprécie pas toutes les facettes de sa production de la même façon, avec une égale ferveur. D'ailleurs, je ne cesse d'y découvrir et suis, à chaque découverte, un peu plus étonné encore du nombre et de la variété des œuvres - Serge travaillant pourtant en général si lentement et avec une telle application ! - tout autant que de leurs très divers degrés d'inspiration. C'est qu'avant tout il œuvrait selon une certaine tradition de savoir-faire qui serait à remettre avec raison profitablement au goût du jour chez les artistes : en humble artisan consciencieux, tout simplement. Mais cela poursuivi, par contre, sans interruption notable pendant 80 ans bon poids fait que, pas étonnant, l'arbre-Fiorio porte des fruits si divers en une telle abondance !
Mission accomplie, ce qu'il nous laisse est même si proprement impressionnant que, ne me faisant pas d'illusion, je désespère en plein de pouvoir un jour parfaire quoi que ce soit concernant ma connaissance de cet homme et de son œuvre de peintre que j'ai pourtant connus et fréquentés, l'un et l'autre, pendant quarante ans ! 
Cette écoute par André Poggio de Paolo Conte faisant surgir quasi surnaturellement dans son esprit, impromptus, les personnages de carnavals Fiorio est une chose, me semble-t-il, pleine de sens, découvrant tout à coup - parce que caché d'ordinaire - une sorte de parenté, de cousinage, qui profite pour se révéler au grand jour de passer par le libre canal d'une sensibilité ouverte puisque l'opportunité tout à coup s'en présente. Phénomène vécu, expérimenté, qui rejoint et s'apparente en grande partie à la fameuse notion de synchronicité chère à Carl-Gustav Jung face à laquelle, campant hélas sur ses positions, Freud est toujours resté fortement désapprobateur, pour ne pas dire allergique en plein ! 
Je crois tout comme Jung aux relations "occultes" entre les gens et les choses, aux correspondances entre tout à vrai dire, « le hasard étant le dieu des aveugles. » C'est le plus souvent notre intellect, l'affreux et froid cerbère, qui monte la garde, qui dresse des cloisons étanches et construit des barrages; qui, le molestant, fait pression - quand il ne le prend pas carrément en otage - sur notre libre arbitre pour que nous ne puissions véritablement ni voir ni entendre - en tout cas mal, le plus mal possible - tout ce qui dans la vie s'offre à nous si généreusement. Ainsi de la peinture !
 
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