L'atelier 1
En dehors de l'unique pièce faisant office d'atelier que lui avait prêté en 1939 un jeune couple rencontré à Bourgoin dans l'Isère au tout début de sa mobilisation d'une petite année, Serge n'en a eu qu'un de véritable et seulement à partir de 1956, à Montjustin. Un certain confort étant alors prioritaire pour les parents vieillissants et, deuxièmement, un manque conséquent de moyens financiers, furent les deux raisons principales qui firent que l'atelier fut la dernière pièce à être aménagée par Aldo, le frère du peintre, dans la maison Fiorio du bas, à l'entrée du village.
Photo Lucien Clergue. Années 68-70.
Où qu'il ait habité, Serge avait jusque-là l'habitude de peindre près d'une fenêtre dans sa chambre, dans la salle-à-manger ou même, l'hiver, plus au chaud dans la cuisine, sans que cela ne lui pose de problème majeur, sauf que, dans les deux derniers cas, il pouvait être dérangé beaucoup plus facilement et, ne se dérobant jamais à une demande, l'était effectivement bien souvent, plus souvent, même, qu'à son tour. L'atelier avait fini par s'imposer pour lui permettre une meilleure indépendance, certes, mais aussi un accueil à la fois plus discret et personnalisé de ses de plus en plus nombreux visiteurs ou clients aimantés par une peinture pourtant encore qu'entrevue, ici ou là, en de trop rares expositions de groupe.
Isolé à l'étage, sous les toits, l'atelier était une petite pièce à part que, sans cependant la diviser, Serge cloisonna pourtant en dépliant et clouant un grand carton à usage de paravent contre le dos de son chevalet. Il peignait là, focalisé sur son travail, aux confluent de la lumière venant en même temps de trois fenêtres, dont une en longueur au-dessus de sa tête, en vasistas installé dans le pan nord du toit et qu'il finira par supprimer. Ce qui - ne peignant strictement qu'à la lumière du jour et n'y dérogeant que pour quelques détails exclusivement - avait pour avantage d'annihiler la gène sinon occasionnée par les ombres portées sur la toile en cours sur le chevalet.
Rien à voir avec, véritables verrières, les célèbres grands ateliers d'artistes parisiens ou autres architectes de par le monde; celui de Serge était une modeste mais très efficace tour de vigie dont trois côtés étaient ouverts sur le paysage : Lure et l'arc des Alpes au nord, le Luberon oriental à l'est et sud-ouest pour la dernière fenêtre à deux grands carreaux seulement, toute en largeur. Le tout sous un grand ciel ! C'était là son athanor où il se distillait lui-même, se sublimait, à la recherche artistique, incessante et passionnée, de son or intérieur. Et cela très souvent en musique, variable selon les jours, son humeur du moment, le temps qu'il faisait, le timbre clair ou l'intensité de sujet de la toile en train de voir le jour !
Debout en sentinelle contre le mur entre deux fenêtres, une haute pendule provençale en robe brune décorée de fleurs des champs et d'épis de blés battait, elle, discrètement la mesure d'un autre temps - qui n'est plus.
ET :
Nous avons le plaisir de jouer Jacques le fataliste et son maître (d'après le roman éponyme de Diderot) au THEATRE EL ZOCALO de Barcelonnette (05) aujourd'hui mardi 15 décembre à 20h30 . Nous serions heureux de vous y retrouver.
Roman satirique, philosophique, moderne, il conte les aventures du valet Jacques, courageux et intelligent, persuadé que tout ce qui doit arriver sur terre est déjà écrit là haut et de son maître, aristocrate oisif et lâche qui sera la cause des nombreux déboires de son acolyte. Le récit basé sur les amours de Jacques et la vengeance du maître auprès d’un gentilhomme qui l’a trompé, pose par de nombreuses digressions le problème de la liberté de l’homme. Il est aussi une mise en abîme de la création à laquelle l’adaptation de Jean-Pierre Weil donne corps, une annonce de la révolution à venir, une déclaration d’amour faite aux femmes que la vitalité de la mise en scène salue.
Mise en scène de Mathieu Weil, avec Magali Laposse, Sylvestre Bauce, Hubert de Pourquery.
Régie : Hélène Dandoy
Tout public à partir de 12 ans - Participation libre
POUR LE THÉÂTRE DE CHAMBRE