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Serge Fiorio - 1911-2011.
Serge Fiorio - 1911-2011.
  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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19 octobre 2015

Ciels, terre et rêve par Jean Benoist.

Ciels, terre et rêve

    En clôturant son beau livre Pour saluer Fiorio, André Lombard évoque un des derniers jours du peintre, quand, assis près de son lit, il lui demanda à quoi il pensait : « Je le vois encore tourner vers le mien un visage étonnant, étonné, et me répondre simplement, très doucement : “Je pense à Cimabue. Ainsi, à quelques heures de sa mort (…), son être tout entier restait tourné vers la peinture. »

Cimabue, c’est l’accueil dans un au-delà tendre, au cœur de la foi absolue du treizième siècle, quand, de la Flandre à l’Italie, les personnages immatériels du monde divin se détachaient sur un ciel d’or. Pensée ultime, tournée vers cette Italie qui semble avoir imprégné l’œuvre de Serge Fiorio.

Cimabue,Maesta

Maesta de Cimabue

Mais ce monde rêvé du mourant était le point ultime de son chemin de rêves. Il l’a suivi toute sa vie. Sa peinture n’est-elle pas le portrait de ses rêves ? Le ciel n’y est pas d’or ; les paysages y sont faits d’arbres, de champs, de maisons et d'animaux ; les gens ne sont pas immatériels. Et cependant, comme lors de cette soirée qui précéda sa mort, la peinture qui hantait  son regard allait au-delà de l’immédiat, une peinture qui n’a jamais « représenté » mais créé un monde.

Et devant ces œuvres, comment ne pas sentir que le peintre portait en lui, comme un héritage, la trace des rencontres qui avaient construit son regard ? Devant  ces tableaux, spontanément, ce n’est plus Cimabue qui se présente à moi, mais  un autre peintre italien, un peu plus tardif, du début de la Renaissance, Uccello.

Profonde parenté, sans doute inconsciente, héritage incorporé dans le dessin et dans le choix des couleurs. Le cheval de St Georges saisi dans sa marche et cependant figé à jamais dans une attente, le tracé des jardins et des champs, la netteté des personnages du Miracle de l’hostie, ou de L’Adoration des Mages appartiennent au même monde rêvé, qui semble prêt à devenir réel. 

 Uccello 1

St-Georges terrassant le dragon de Paolo Uccello.

Très beau Manège

Manège de Serge Fiorio.

Ce rêve est en fait un demi rêve, mêlé au monde qui filtre par les yeux entrouverts. Ce n’est pas le portait de la Provence qui passe alors ; mais la Provence est là, la rude Provence de l’arrière pays, celle que la montagne de Lure clôt au nord. Elle donne au rêve ses couleurs et ses formes, mais le monde dont sont faits ces couleurs et ces formes est un monde intérieur, porteur à la fois d’éblouissement et d’angoisse.

Regardons le ciel dans les tableaux de Fiorio. Il peut être fait de l’immense bleu provençal. Il happe alors le regard. Le sol, qu’il soit de neige ou d’été est une piste d’envol vers ce ciel.

Et il y a aussi les ciels gris, les ciels couverts. Les volutes de cette tenture de nuage surplombent le tableau, et sur cette scène de théâtre, la terre seule retient le regard. Terre de plantes et d’arbres, terre de maisons et d’hommes. Ce ne sont pas là des paysages issus de la nature, mais un espace où la nature est alors un décor, tandis que l’important ce sont ces maisons, ces gens, ces arbres, ces lumières et ces ombres.

Paysage orageux

Le ciel clos place le monde terrestre au cœur du tableau. Il concentre l’acuité du regard, que ce soit en face d’un lieu qui demeure imaginaire ou de personnages dont on devine l’histoire de légende.

Mais, du moins est-ce mon cas, jamais le regard ne demeure inerte ; il est saisi par un appel, message informulé mais totalement enveloppant qui fait du tableau le reflet d’un souvenir dont on garde l’inaltérable présence.

*

Depuis plusieurs siècles, ils ont été nombreux ces peintres qui, loin des académies, ont déposé leurs tableaux dans l’univers en marge des cités qui, entre Provence, Piémont et Savoie, va de la Méditerranée au lac Léman.

Dans son récit Le Déserteur, Giono conte la vie de l’un d’eux, dont on ne sait d’où il venait, mais qui portait en lui leur vision du monde.  

Ne faisons pas à tout prix de Serge Fiorio l’un de ces peintres. Il n’a pas été hanté par la peinture religieuse ; il a fait peu de portraits. Mais entrelacée avec l’écho des peintres de la Renaissance, il y a en lui une parenté avec ceux qui ont décoré les vallées piémontaises et savoyardes. Certains ont suivi à travers les Alpes le chemin de migration qu’avaient suivi ses ancêtres, entre Piémont et Provence, et ils ont orné les vallées alpines.

Et la personne de Serge Fiorio, sa vie, les sentiments qu’il a inspirés à ceux qui l’ont connu s’accordent pleinement avec ces peintres, artisans sans prétention mais créateurs inspirés. Ses tableaux ont avec les leurs l’affinité qui existe entre les visages des membres d’une même famille, dans les couleurs, dans les vêtements souvent intemporels des personnages et dans leur pose. Et cela dit leur sincérité : ils ne sont pas faits pour « faire un tableau » ; ils impriment durablement sur un écran l’image d’un monde intérieur dont les paysages, les gens, les scènes sont le langage.

Dans sa préface au Déserteur, Henri Fluchère note : « Le profil des collines, les couleurs changeantes des bois, la tapisserie des tuiles, la prise de possession bien assise et sereine d’une ferme trapue au milieu des labours, les frondaisons exquises des saules ou les ondoyantes ramures des oliviers argentés, personne ne le racontera mieux que Giono. »

Personne ne le montrera mieux que Serge Fiorio. Toutefois, comme l’écrivain, avec ces profils et ces couleurs, il ne fait jamais du « local ». Sa Provence est un lieu de l’universel comme la Toscane de Vinci ou la Sainte-Victoire de Cézanne. En rien, il n’est « régionaliste ». Pas plus que sa spontanéité, sa distance vis-à-vis de toute école ne fait de lui un « naïf » ; il est peintre, et il dit son monde.

Tout ce que je viens d’écrire n’est pourtant qu’intuitions, que propos qui doivent plus à la sensibilité qu’à l’analyse.

Mais n’est-ce pas vers cette mise de la sensibilité à fleur de vie que nous pousse cette peinture, par sa continuité rêvée avec le monde ? Non pas avec la quête de la beauté, non pas avec de l’artifice. La plongée dans un de ses tableaux, fait entrer en nous le regard qu’il posait sur le monde, sur ce qu’il a de doux ou d’agité, de paisible comme de terrible. Car sa Provence, comme toute la terre des hommes, n’est pas seulement terre de lumière mais est aussi terre d’âpreté, d’angoisse, d’hallucinations.

Souche B

Et la grande Souche qui semble vivante devant une terre figée fait plus penser à une pieuvre sur un fond marin qu’à un coin innocent de la campagne provençale.

En cela, Fiorio n’est pas le peintre d’une région. C’est la région qui est sa voix pour dire l’universel.

 *

Œuvres complètes téléchargeables de Jean Benoist dans Les Classiques des sciences sociales.

De François-Mangin-Sintès :
« L'article de Jean Benoist : un texte capital, un grand texte, un texte parmi les plus beaux et qui s'ajoute à ceux que tu as écrits, bouleversant de vérité, d'exactitude et de reconnaissance admirative, un texte à déployer comme un étendard au dessus de l'œuvre du peintre. »

*

Traduzione a cura di Agostino Forte :

 

I cieli, la terra e il sogno. Uno scritto di Jean Benoist

 

Cieli, terra e sogno

 

   In chiusura del suo bel libro Pour saluer Fiorio, André Lombard evoca uno degli ultimi giorni del pittore nel mentre gli domanda, seduto presso il suo letto, a cosa stesse pensando: « Lo vedo ancora volgere verso di me un viso straordinario, stupito, per rispondermi semplicemente e con molta dolcezza “Penso a Cimabue”. Così, a poche ore dalla morte (…), il suo intero essere stava rivolto verso la pittura. »

Cimabue, è l'accoglienza in un aldilà benevolo, al cuore della fede assoluta del tredicesimo secolo, quando, dalle Fiandre all'Italia, i personaggi immateriali del mondo divino campeggiavano su un cielo d'oro. Pensiero ultimo, volto a quell'Italia che sembra aver impregnato l'opera di Serge Fiorio.                Cimabue, Maestà di Santa Trinità

Cimabue, Maestà di Santa Trinità

Ma questo mondo sognato dal morente era la stazione ultima del suo cammino onirico. Egli lo ha seguito per tutta l'esistenza. La sua pittura non è forse il ritratto dei suoi sogni? Nessun cielo d'oro; i paesaggi sono fatti di alberi, di campi, di case e di animali; le persone non sono immateriali. E tuttavia, come durante quella serata precedente la sua morte, la pittura che abitava il suo sguardo andava aldilà dell'immediato, una pittura che non ha mai « rappresentato » un mondo ma lo ha creato.

E dinanzi a queste opere, come non sentire il pittore portare in sé, come un'eredità, la traccia degli incontri elaborati dal suo sguardo? Davanti a questi quadri non è più Cimabue a presentarmisi ma, spontaneamente, un altro pittore italiano, più tardivo, dell'inizio del Rinascimento: Paolo Uccello.
Ascendenza profonda, certamente inconscia, eredità incorporata nel disegno e nella scelta dei colori. Il cavallo di San Giorgio còlto nel suo andare e tuttavia fissato per sempre in un'attesa, il tracciato dei giardini e dei campi, il nitore dei personaggi del Miracolo dell'ostia o de L'Adorazione dei Magi appartengono allo stesso mondo immaginato, che sembra sul punto di farsi realtà.

San Giorgio

Paolo Uccello, San Giorgio e il drago (Museo Jacquemart-André)

Serge Fiorio, Giostra

Serge Fiorio, Giostra
Questo sogno, invero, è un mezzo sogno, frammisto al mondo che filtra dagli occhi semiaperti. Non è il ritratto della Provenza a presentarsi; e pure la Provenza è là, la Provenza rude dell'entroterra, quella cinta a nord dalla montagna di Lure. Lei dà al sogno i suoi colori e le sue forme, ma il mondo di cui son fatti quei colori e quelle forme è un mondo interiore, portatore di meraviglia e insieme d'angoscia.
Si guardi il cielo nei quadri di Fiorio. Può essere fatto dell'immenso blu provenzale. Perciò ci afferra la vista. Il suolo, vestito di neve o d'estate, pare una pista di decollo verso quel cielo.
Si guardi il cielo nei quadri di Fiorio. Può essere fatto dell'immenso blu provenzale. E allora ci afferra sguardo. Il suolo, vestito di neve o d'estate, pare una pista di decollo verso quel cielo.

La Tenture de nuage

Un tendaggio nuvoloso di Serge Fiorio

E ci sono anche i cieli grigi, i cieli coperti. Le volute di questo tendaggio nuvoloso incombono sul quadro e, su questo palcoscenico, la terra sola trattiene lo sguardo. Terra di piante e di alberi, terra di case e di uomini. Non sono dei paesaggi presi dalla natura ma uno spazio dove la natura diventa scenario, mentre l'importante sono quelle case, quella gente, quegli alberi, quelle luci e quelle ombre.
L'incombere del cielo piazza il mondo terrestre al centro del quadro. Concentra l'acuità dello sguardo, che si trovi al cospetto di un luogo immaginario o di personaggi dei quali si avverta l'aspetto leggendario.
Ma mai - questo perlomeno il mio caso -, mai lo sguardo rimane inerte; viene còlto da un richiamo, messaggio inespresso eppure in grado di avviluppare completamente facendo del quadro il riflesso di un ricordo del quale si conserva l'inalterata presenza.
*
Per diversi secoli, sono stati numerosi quei pittori che, lontano dalle accademie, a margine delle città tra Provenza, Piemonte e Savoia, hanno lasciato i loro quadri nell'universo che si estende dal Mediterraneo al Lemano.
Nel racconto Il Disertore, Giono narra la vita di uno di costoro, di cui non si conosce la provenienza ma fu portatore di quella loro particolare visione del mondo.
Lungi da noi l'annoverare a tutti i costi Serge Fiorio tra questi pittori. Non è stato uno abitato dalla pittura religiosa e di ritratti ne ha fatti ben pochi. Ma, intrecciata con la eco dei pittori rinascimentali, troviamo in lui una parentela con coloro che hanno decorato le vallate piemontesi e savoiarde. Alcuni hanno seguito attraverso le Alpi il cammino migratorio percorso dai loro predecessori, tra Piemonte e Provenza, ornando per tal via le valli alpine.

IL DISERTORE iiIL DISERTORE ritaglioiv

Illustrazione da Il Disertore

E la persona di Serge Fiorio, la sua vita, i sentimenti che ha destato a coloro che l'hanno conosciuto si accordano pienamente con quei pittori, artigiani senza pretese ma creature ispirate. Con la loro pittura, i suoi quadri mantengono la stessa affinità che esiste tra i volti dei membri di una stessa famiglia, vuoi per i colori, vuoi per gli abiti sovente atemporali dei personaggi financo nella loro postura. Tutto ciò ne connota la sincerità: non sono fatti per « fare un quadro »; imprimono in modo duraturo su uno schermo l'immagine di un mondo interiore i cui paesaggi, le persone, le scene ne rappresentano il linguaggio.
Nella sua Prefazione a Il Disertore, nota Henri Fluchère: « Nessuno racconterà meglio di Giono il profilo delle colline, i colori mutevoli dei boschi, la tappezzeria delle tegole, la serena imperiosità d’un solido cascinale in mezzo ai coltivi, le deliziose chiome dei salici o le ondeggianti ramificazioni degli ulivi argentati. »
Nessuno lo mostrerà meglio di Serge Fiorio. E tuttavia, al pari dello scrittore, coi suoi profili e i suoi colori, non fa mai del « locale ». La sua Provenza è un luogo dell'universale, come la Toscana di Leonardo o la Sainte-Victoire di Cézanne. Non è per nulla « regionalista ». Non più di quanto lo possa la sua spontaneità, è la sua distanza da qualsiasi scuola a non fare di lui un « naïf »; è pittore, e come tale dice il suo mondo.

Paul Cézanne - Sainte Victoire

Paul Cézanne - Sainte Victoire

Tutto quello che ho appena scritto è frutto di intuizioni, discorsi riferibili più alla sensibilità che all'analisi.
Ma non è forse verso una predisposizione al sensibile che ci spinge questa pittura, nella sua immaginale continuità con il mondo? Non con la ricerca della bellezza, non con l'artificio. Immergersi in uno dei suoi quadri, permette di partecipare dello sguardo che posava sul mondo, su ciò che ha di mite o agitato, di sereno o di terribile. Perché la sua Provenza, come per ogni terra calcata dall'uomo, non è solo terra di luce ma anche terra di asprezza, di angoscia, di allucinazioni.

grand Souche

E il Troncone che par sia vivo di contro a una terra diaccia fa pensare piuttosto a una piovra su un fondale marino anziché a un semplice angolo della campagna provenzale. In ciò Fiorio non è il pittore di una regione. È la regione che gli si fa voce per dire l'universale.
***
Nota alla traduzione

Il traduttore, si sia pazienti con lui, aggiunge alcune righe che gli sono parse, in qualche modo, doverose e fortunate. Doverose perché, a suo dire, possono rendersi quali ulteriori chiavi interpretative, evocazioni aggiuntive ; fortunate, poiché incrociate inaspettatamente nel corso del lavoro. Non intendono dunque appesantire né confondere il testo di Jean Benoist. Semplicemente lo vogliono accompagnare con la maggior discrezione possibile. In punta di piedi ci vien da dire:

« L'arte non ripete le cose visibili, ma rende visibile »
[Paul Klee, La confessione creatrice]

« ... la strada verso la verità si trova separando la realtà dalla fantasia. Ma non potrebbe essere altrimenti? E se la verità trovasse dimora nell'unisono tra esperienza e immaginazione, in un mondo in cui siamo vivi e che è vivo per noi? »
[Tim Ingold, Antropologia. Ripensare il mondo]

« A ciascuno è concesso di trovare la propria strada nell'intrico di piste, ma è l'intrecciarsi di ogni singolo percorso in un unico paesaggio che produce una conversazione unitaria »
[Tim Ingold, Antropologia. Ripensare il mondo]

 

 

 

 

 

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Commentaires
S
NDLR : Le commentaire précédent est de François Mangin-Sintès. Je n'ai fait que le poster. <br /> <br /> André Lombard.
Répondre
S
L'article de Jean Benoist : un texte capital, un grand texte, un texte parmi les plus beaux et qui s'ajoute à ceux que tu as écrits, bouleversant de vérité, d'exactitude et de reconnaissance admirative, un texte à déployer comme un étendard au dessus de l'œuvre du peintre.
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