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Serge Fiorio - 1911-2011.
Serge Fiorio - 1911-2011.
  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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10 octobre 2015

Foulaison au rouleau sur l'aire communale. Montjustin,1948.

   1948. Les Fiorio viennent de jeter l'ancre à Montjustin, s'installant avec l'accord du maire dans l'ancien presbytère délabré tout au sommet du village, à ras du ciel. Accueilli par Lucien Jacques, Serge y est arrivé seul l'année précédente aiguillé par Giono, à pied depuis Manosque, en éclaireur : « Le ciel était de cristal et les cerises bien mûres ! » écrit-il à son ami l'arlésien Paul Geniet avec qui, comme d'hab, il partage par courrier l'aventure de sa vie.

Sur la photo ci-dessous, les personnages sont noirs comme des pruneaux ou à peu près, mulets y compris; le soleil, c'est sûr, ce jour-là à cette heure est impitoyable. Il le faut, d'ailleurs, pour parfaire ce genre de travail. Fourmis laborieuses, on reconnaît ici Serge à gauche, maniant la fourche, au centre monsieur Roure, le dernier paysan habitant encore le village, et Aldo, le frère du peintre, de dos sur la droite. Seul monsieur Roure porte, en bon paysan, chemise claire et casquette pour se protéger au mieux des ardeurs du soleil. En voisins attentifs et solidaires - de plus en pleine force de l'âge tous les deux, Serge n'a que 37 ans - les frères Fiorio se sont mobilisés et donnent un coup de main efficace au paysan âgé pour fouler sa récolte de blé sur l'aire communale.

Les deux mulets sont ceux, restés mémorables, de monsieur Roure-le-coléreux qui, parce qu'étant de petite taille, était obligé de leur sauter au cou de toutes ses forces pour s'y suspendre et ainsi, de là, pouvoir en un second temps...leur mordre les oreilles à pleines dents. Cela aussitôt que les bêtes ne lui obéissaient pas au doigt et à l'œil !

Battage sur l'airePhoto Mister.

Dix années séparent la prise de la photo en plein air - datée au dos de 1948 - de la peinture de la scène de foulage au rouleau située au même endroit réinventé et qui est, elle, de 1958. Poésie oblige, on remarquera qu'un beau cyprès bien droit, sans aucun doute bien vert, taillé de frais, y monte heureusement vers le ciel en lieu et place de l'affreux pylône de béton gris-blanc !

Cette importante plage de temps dit combien Serge, l'ayant vécue, se laissait parfois longtemps imprégner et même, plus que cela, habiter par une ambiance avant d'en tirer, tel jour, la composition d'un sujet alors tout de suite peint patiemment, artisanalement, avec amour, coulant de source ou alors cueilli, si l'on veut, comme un fruit mûr à point au bout de la branche. Il s'agissait là, au fond, d'une sorte de grossesse à durée indéterminée, une forme d'incubation plutôt - volontaire ou pas, selon - par laquelle la future peinture se frayait intuitivement un chemin vers la lumière du jour, main dans la main avec l'esprit inspiré du peintre reliant ainsi avec le plus grand bonheur la réalité vécue, pure et dure, à son monde intérieur.

Battage du blé SergePhoto Marcel Coen.

 

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