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Serge Fiorio - 1911-2011.
Serge Fiorio - 1911-2011.
  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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29 août 2015

Forêt !

   La forêt fait partie des lieux où, par tous les temps de n'importe laquelle des quatre saisons, Serge se sentait bien, tout à fait à l'aise, en parfait accord avec le milieu, son ambiance, tout autant qu'avec son mystère orné, entre autres, des innombrables légendes - historiques ou pas, païennes, populaires - que, depuis toujours, l'homme y situe et se raconte de générations en générations, d'une branche à l'autre dans cette sorte d'immense, démesuré, arbre généalogique que nous formons à la fois tous ensemble et les uns après les autres.

Pour preuve, le peintre en a fait l'un des thèmes parmi les plus fortement poétiques de son œuvre, allant jusqu'à y installer, lui, sans le moindre problème, une simplissime Nativité (où, un genou en terre, un jeune bûcheron tend une marguerite au Petit !) et y peindre aussi, alors dans une clairière lumineuse, son très pur chef-d'œuvre de composition : La Mort du Camarade, autre naissance en vérité, en sens inverse, mais toute spirituelle elle aussi.

IMG_6985Ici, un simple détail de cette tout à fait extraordinaire Nativité en forêt qui est visible à l'exposition de Gréoux jusqu'au 12 septembre. Les arbres, en rang serré derrière le bouquet coloré des personnages principaux, peut-être représentent-ils d'autres présences : celle de chacun et chacune d'entre nous, sans forcer, de façon quasi anonyme, à peine imagée ?

Gesticulation

Ce jour-là, nous promenant en famille aux abords magnifiquement boisés de la chapelle de Notre Dame de Lure, découvrant soudain - heureux présage ? - un cercle parfait de lumière au sol, devant lui, Serge ne voulut pas le piétiner, pas le franchir ni le contourner : il s'immobilisa aussitôt, mimant la posture gesticulante mais immobile des arbres environnants en disant, sibyllin - était-ce là malice de sa part - qui, d'ailleurs, ne serait en rien surprenante ? : « Un moment, laissons faire les choses ! » Ce qui, alors sur le coup plus matérialiste, me permit la photo !

Forêt ! Mot magique, sésame d'un monde à part, à l'écart, préservé ! Rien qu'à le prononcer, des images lui viennent, des odeurs lui arrivent, des sensations de toutes sortes l'envahissent, le transportent, l'imprègnent de leur poésie féconde car toutes liées à l'essentiel de sa sensibilité d'homme (par goût) et d'artiste (par don); cela, qu'il regarde par terre ou levant la tête vers le vitrail du ciel perçu à travers les branchages. Feuillages qui chantent, aussi, les oiseaux, et toutes la vie de la faune sauvage, le temps qu'il fait, les fleurs, les baies, les champignons, pistes, rochers, la lumière du moment, tout cela l'enchante ! Et la liste est longue, à vrai dire interminable, de tout ce qui le remuait ainsi profond en se promenant en forêt comme en un jardin premier, immémorial, encore plein de secrets - donc de découvertes à faire, pardi ! La Forêt, en sa peinture, étant en retour, de toute évidence, bien souvent l'écrin sur mesure de tout ce ressenti de l'esprit des lieux.

Forêt en coursUne Forêt en cours sur le chevalet en juillet 1994. 

Ses Forêts ne sont pas, du tout, de la même veine d'esprit que celles du Douanier Rousseau qui ressortent, elles, exclusivement de la fièvre des rêves exotiques peuplés de belles bêtes féroces et de lourds serpents venimeux, de singes fantasmagoriques et autres animaux étranges : bestiaire de pays chauds, forces archaïques à l'œuvre, émergeantes, dans la psyché du peintre. C'est un autre versant, un autre registre, plus sereins, que la peinture de Serge exprime à propos de la forêt, plutôt le côté tutélaire, bénéfique, ancestral : « Le fond des temps plein de richesses », selon l'heureuse formule de sa chère amie et voisine Lucienne Desnoues quand elle tente, dans une lettre de fraternelles condoléances évocatrices, de décrire et de définir alors qui - ayant approché les cent ans - était, personnage imperturbable mais très attachant, la mère de Serge.

 

 

 

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