Opportu-nuitée.

   Cette soirée du 19 août vient d'être une réussite certaine, totale, magistrale, pour notre ami Philippe Courbon qui, sous le ciel de St-Michel l'Observatoire à la nuit tombante, avait réuni pour nous deux de ses amis les plus chers et, qui plus est, sages-savants écologistes de renom, au plateau du Moulin à vent sur la question de savoir, essentielle, cruciale, primordiale pour celui-là même de notre propre vie : Le monde a-t-il un sens ?

Selon les mots d'introduction d'un Philippe Courbon très en verve - on le comprend ! - c'est bien Kairos, le temps de l'opportunité qui présidait à la soirée. Adieu pour un temps, ici et maintenant, à Chronos, celui-là, lui, de la montre et de l'horloge, des horaires de toutes sortes mangeurs et même, trop souvent, dévoreurs de vies toutes crues ! Venus très nombreux, nous l'avons saisi au vol cette opportunité, toute affaire cessante, en venant nous asseoir dans l'herbe, cordialement, amicalement, les uns aux côtés des autres, dans une même écoute attentive de Philippe le modérateur et de ses deux invités.

Photo Hte-Provence info.

Sur l'estrade en plein air, ensemble, trois hommes tout d'abord d'expérience, de parole et de paroles, face à peut-être deux mille personnes assises le cul par terre ou sur un pliant. Philippe Courbon, Jean-Marie Pelt et Pierre Rabhi parleront chacun très librement, spontanément, l'un après l'autre, chacun avec flamme de ce qui leur tient à cœur : l'écologie et le spirituel au sens le plus large et le plus propre des termes.

L'étoile d'or dans le ciel au soleil levant d'une Nativité très ancienne de Serge.

Après l'accueil chaleureux et la présentation de chacun des intervenants par Philippe, c'est Jean-Marie Pelt qui, commençant par le commencement, a pris la parole en  premier en partant du Big Bang donc, revenant au fil de son propos vers les découvertes les plus en pointe pour mieux nous situer et nous définir dans l'infini de l'univers, nous faire comprendre et sentir d'où nous venons physiquement et qui, êtres humains, nous sommes pour le moment. Qui nous pourrions être demain, plus engagés et donc plus responsables et solidaires, par une métamorphose en forme de révolution de nature intérieure aujourd'hui plus que nécessaire, vitale, pour l'espèce qui est la nôtre. Ce que Pierre Rabhi appelle, lui, avec des mots choisis tout à fait adéquats, une Insurrection des consciences.

(Souvenons-nous qu'à moindre échelle, il est vrai, en l'hiver 1954, l'Abbé Pierre avait réussi, atteint son but, en lançant sur les ondes de Radio-Luxembourg son fameux appel intitulé celui-là l'Insurrection de la bonté.)

Vaste promenade s'il en est, émouvante et édifiante sur nos capacités d'Associativité, une idée maîtresse tout particulièrement chère à la recherche de solutions et aux espoirs donc, de Jean-Marie Pelt. On pourrait dire de coopération aussi - « C'est pareil ! » dira-t-il. Promenade tout autant édifiante, évidemment, sur nos faiblesses, nos divisions, nos homophobies diverses, variées, multiformes et, bien plus que cela, sur les grandes bassesses de notre temps, intolérables. Malgré tout ce que nous savons, malgré toute la science et toutes les techniques acquises et perfectionnées pas à pas depuis la nuit des temps, un enfant meurt de faim sur la Terre toutes les 7 secondes tandis qu'en regard, le budget insensé des armées et les ventes d'armes ne cessent de croître. Triste bilan que tira Pierre Rabhi, se demandant si, comme on le croit couramment, le savoir va vraiment de pair avec l'intelligence. Et il semble, selon lui, que l'intelligence soit ici-bas la chose la plus précieuse et indispensable aujourd'hui au monde, étant, contre toute apparence cependant, en premier lieu ce qui nous fait le plus défaut. Le temps passant, une guerre chassant l'autre, les catastrophes - y compris naturelles - s'ajoutant aux catastrophes et aux crimes de toutes sortes, aux attentats, apparaît de plus en plus évident que ce n'est pas dans le cerveau que loge l'intelligence mais qu'elle est bel et bien nichée dans notre cœur et dans celui de nos semblables. C'est là qu'il faut la chercher pour la mettre en œuvre, s'en servir pour faire barrage au processus de destruction dans lequel l'humanité s'est engagée sans, jusque-là, il est vrai, trop s'en rendre compte. L'univers n'a pas besoin de nous, ni la nature sur Terre, l'un et l'autre ont déjà vécu des milliards d'années sans nous. Maintenant nous le savons. Mais l'inverse est tout le contraire !

Nous étions très nombreux réunis, formant un foyer lumineux dans la nuit. « C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière.» Edmond Rostand dans Chantecler (II, 3) 

La soirée se termina par des questions-réponses et une lecture du ciel, guidée par un astronome.

« Rencontres Envie d’Humanité »
9 et 10 octobre – Forcalquier

Vous pouvez voir le programme de ces Rencontres   ICI

L’angle éditorial de ces Rencontres :

     Celui d’un colloque traitant de l’Universalité de la condition humaine, autrement dit notre “fraternelle condition humaine”, donnant à voir, à comprendre et à échanger sur les fondamentaux de l’humanité qui nous composent individuellement et collectivement.

     Dans le contexte d’une culture sociétale où la «raison du plus fort», la  «compétition»,«l’image» l’emportent bien trop souvent sur la « raison du plus faible », la  « solidarité », et «l’authenticité», il est vivifiant, pour ne pas dire indispensable, de reparler de l’Humain, de sa fragilité, de son incomplétude, de son besoin fondamental de sens existentiel et de vie relationnelle.