Une Moisson - en forme de billet d'humeur.

   Voici un Fiorio particulièrement accordé aux couleurs, aux activités ainsi qu'au temps de la saison. Fiorio devant lequel il faut se souvenir de la fameuse déclaration de son auteur : « Chacun de mes tableaux raconte quelque chose. »

Mais celui-ci, cependant, ne dit pas que les activités de la saison ont pourtant bien changé d'allure et de sens entre Lure Ventoux et Luberon où a été peint le tableau. Là où il y avait dix paysans, il n'y en a plus qu'un hélas, non seulement plus gros, mais hénaurme, ayant bouffé les autres; n'en étant plus, au fond, véritablement un lui-même au sens propre du terme. Pays qui est finalement devenu un parc de loisir très fréquenté, également triangle sacré prisé par tout un Who's Who qui partage ses étés entre ici et la Côte d'Azur. 

Mais pour l'eau ?  
C'est très simple, enfantin presque, car : « Chaque goutte compte ! » comme le recommande aux enfants le Parc Naturel Régional du Luberon sur le territoire duquel les piscines hollywoodiennes, formidables gaspilleuses d'eau s'il en est, pullulent et continuent à se multiplier à gogo en pompant au besoin, pour pouvoir exister, et sans aucun scrupule, par forages, une eau qui n'est autre que celle des générations futures justement ! Revers de la carte : économisons l'eau pour que d'autres, sans façon, la gaspillent ! Lors d'une pénurie due, d'ailleurs, à un un trop fort remplissage simultané d'un trop grand nombre de piscines, j'ai vu de mes yeux vu les employés municipaux apporter un pack de six bouteilles « en dépannage urgent » à des baigneurs hilares qui avaient déjà bien plus de cent mètres cube d'eau sous les fesses ! Et il était, du coup, parallèlement interdit d'arroser nos trois malheureux pots de géraniums et bien sûr la pelouse ! 

Photos Bibi.

Ma vieille voisine bergère est vite venue vers moi pour me demander, elle aussi assoiffée - mais d'apprendre : « Qu'es aco la pelouse ? »

Je pense que c'est sans doute ce - pourtant ! - beau bleu-vert extraordinaire dans ce tableau de moisson qui, par malencontreuse réminiscence, me fait grincer ainsi de la plume ! Les anciens avaient sagement construit des citernes pour récupérer l'eau de leurs toitures qui étanchait ensuite la soif des bêtes et permettait aussi, entre autres usages, d'arroser le jardin et laver son linge sale en famille.

Pour être constructif, peut-être serait-il encore temps, sur les permis de construire, de diminuer la profondeur règlementaire des bassins et d'obliger aussi les futurs propritaires de piscines de prévoir de les alimenter - pompes désormais privées à l'appui - en contruisant eux aussi des citernes dont le volume serait en rapport avec le volume prévu du futur bassin. Quant aux forages, on ne devrait pouvoir en pratiquer qu'au profit de communautés mais, en aucun cas, pour le service et donc le privilège de particuliers.

Bon, j'arrête de me faire des amis, je me dois d'aller charger la voiture pour me rendre demain de bonne heure à la foire agricole d'Ongles pour y présenter Serge (livres et reproductions d'œuvres) sur le stand des Métiers du livre et de l'écriture : rare en ce genre, n'a-t-il pas été peintre-paysan pendant des années ?

Et puis maintenant, contrairement à d'habitude, faisons le vœu pieux que l'orage ne nous y tombe pas sur la tête !