À propos de la photo d'une grosse chapelle.
L'image de cette grosse chapelle n'est pas, cette fois, une carte postale de Serge mais une simple photo prise par lui et conservée ensuite - pieusement, j'en doute ! - dans ses archives. Il faut croire que le sujet - assez imposant - l'inspirait puisqu'il en tira aussi un lavis à l'encre noire qui faisait partie de toute une série peinte en 1939, à Bourgoin, dans l'Isère, pendant sa courte mobilisation dans l'armée française sous le Régime de Vichy.
J'ai vu une partie de cette série de lavis. Ils étaient accrochés aux murs d'une chambre retirée, à Montjustin, chez Ida, la sœur du peintre qui y tenait beaucoup. Héritées ensuite par sa fille Sylvie, aujourd'hui elle-même décédée, je pense que ces œuvres se trouvent désormais en Italie, chez des cousins piémontais.
Je me demande toutefois si, avec son grand et gros arbre tutélaire resté fidèle à la réalité photographique, ce n'est pas là cette même chapelle que Serge - la réinventant, elle, quelque peu - a choisi de faire figurer en plein paysage, dans le semi-lointain du portrait de son père, peint en 1936.
Il semble qu'il n'y ait finalement guère de doute à avoir là-dessus. D'ailleurs, peut-être se trouvait-elle à Taninges, comme sur le tableau, implantée là, tout près de la carrière ; agrandissant en tout cas, par sa nature, les dimensions profondes du Portrait en y figurant ainsi l'intemporel en arrière-plan du temporel lui aussi le plus pur. Le peintre reliant clairement dans ce sens l'un avec l'autre par la courbe très directe d'un chemin, sans aucun repentir.
Photographie, lavis, peinture, cette chapelle parla plusieurs fois à Serge et qu'il la fasse figurer en arrière-plan du portrait icônique de son cher papa n'est en rien innocent, quelque sens que chacun puisse vouloir donner ensuite à cela.