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Serge Fiorio - 1911-2011.
Serge Fiorio - 1911-2011.
  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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24 juin 2015

À bien y regarder...

   À bien y regarder, l'éclosion de l'œuvre de Serge est, par elle-même, un prodigieux - et pourtant quasi silencieux - événement au sein de la peinture moderne ; y incarnant discrètement, mais bien à sa façon, comme une sorte de révolution naturelle qu'il y a peu encore l'on n'aurait pu penser autrement qu'utopique et même, tout court, ne pas pouvoir imaginer.

La figuration est mal vue ; surtout aujourd'hui où, pour exister à tout prix et se faire une place au soleil de la renommée - comme si c'était là le but  ! - l'on détruit, salit ou saccage, tout ce que l'on peut sur son passage, prenant en otage ou/et tuant volontiers père et mère.
Mais les rêves de Serge et ses songes - qui, d'un bout à l'autre de sa vie de peintre, en constituent l'œuvre - peints pourtant avec grand soin de cette façon soi-disant « has-been », « dépassée », par leur aura sans doute, leur force intérieure, désamorcent toute critique désobligeante à leur endroit en la rendant d'entrée fatalement plus que bancale : malencontreuse. Ils touchent et convainquent, au contraire, fortifiant ainsi l'adhésion autour du mystère des toiles. Mystère qui les nimbe, véritablement, plus qu'il ne les sous-tend ou ne les enveloppe de sa présence.

Tableau de Serge 2 1979 33x41Photo X DR . Le déjeuner du berger. 33x41cm  1979.

D'être resté autodidacte du commencement à l'aboutissement de sa carrière a permis au peintre, sans qu'il ne s'en rende tout à fait compte, non de traverser les murs épais des mouvements, les cloisons des écoles, mais de ne pas les voir, d'ignorer aussi les fragiles paravents changeants des tendances et des modes, pour œuvrer en totale liberté sans, à aucun moment, avoir à perdre de l'énergie en chemin pour en franchir l'obstacle, en réduire ou en abolir les barrières, non plus, encore moins, devoir s'en affranchir en devant les tenir à distance respectueuse - cela, je l'ai dit, depuis le tout début de sa carrière. Pour preuve : « Les premiers vrais tableaux que je vis, ce furent les miens ! »

Ce qui, plus qu'une chance est, semble-t-il, très purement, parce que sans une once de calcul ni aucune ombre de prétention égotique, tout simplement du domaine du don, de la grâce.

« La rose est sans pourquoi,
elle fleurit parce qu'elle fleurit,
elle ne se soucie pas d'elle-même,
elle ne se demande pas si on la voit. »
Angelus Silesius, Livre I, 289

Pour qu'à l'avenir cette peinture trouve un jour sa vraie place, pour que, toutes étiquettes confondues jetées aux orties toutes ensemble, soient reconnues et émergent ses vraies valeurs, spirituelles entre autres, il faut, en totale confiance je crois, compter aussi sur l'alliance du temps qui tamise de lui-même, et élit sur le long terme, par la force des choses. Le contenu spirituel, sa teneur, étant le grand réservoir de force pour traverser le temps, le soumettre. C'est pourquoi, hélas, l'on voit bien des œuvres de peintres tout autant véritables, mais par contre pas assez richement doté de ce fameux carburant, implacablement vouées à passer à la trappe et cela dès la mort de leur auteur en prendre elle aussi tout de suite rapidement le chemin.

Alors, dans le même mouvement, une autre critique - celle-là nécessairement à la hauteur, sur mesure - viendra même frapper à la porte, d'elle-même ; ce dont témoigne déjà, le tout premier, en éclaireur, Claude-Henri Rocquet qui reconnaît et raconte dans Écrire la peinture : « En écrivant sur Serge Fiorio, il m'est sans doute venu une autre façon d'écrire sur la peinture : plus libre, moins attachée au littéral de la peinture. La liberté d'écrire devant un tableau réel, comme s'il s'agissait d'une peinture imaginaire. Ne plus jouer, sur l'instrument de la parole, une peinture comme on jouerait une partition, mais être l'instrument de cette peinture : la laisser jouer sur le clavier de votre mémoire, de vos rêves, de vos rêveries. Oui, l'œuvre peinte, visible, posant sur tout votre être ses doigts, - comme, sur les cordes d'un violon, les trous d'une flûte, le musicien -, fait surgir de vous, par le moyen d'une parole qui s'invente et vous surprend, vous captive, vous enchante, quelque chose qui est une sorte de poème. »

Et il poursuit : « Être fidèle à une peinture, à son authenticité, si cela est possible, est alors se laisser inspirer par elle. Là où elle vous mène, c'est là où elle se trouve.

Serge lui-même n'a-t-il pas été souvent inspiré par sa propre peinture ?

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