La colombe de la Paix.

10 juin 2015

Oiseau de bon augure par excellence, et même princeps en la matière, la colombe tenant en son bec le rameau d'olivier, les Fiorio l'ont inscrite, discrètement gravée dans la pierre, ailes ouvertes, sur la clé du linteau de l'entrée de leur cuisine donnant directement sur la rue, à Montjustin.

Le rameau d'olivier tenu dans le bec semble avoir lui-même la forme (sans doute involontaire, mais qui sait ?) d'une autre colombe, ailes ouvertes elle aussi, colombe-enfant en quelque sorte.

Une partie de la famille portraiturée sur le pas de la porte et donc sous la colombe de la Paix par l'ami Marcel Coen.

Ce qui dit beaucoup de cette famille débarquant sur la colline de Montjustin et s'y plaçant d'elle-même quasi aussitôt sous les auspices d'une telle image tutélaire, car c'est là clairement comme un peu s'y reconnaître, chacune et chacun, fille et fils de Noé. C'est Aldo, le frère de Serge qui, en ayant reçu la belle et lumineuse inspiration, s'est chargé de la gravure de l'oiseau mythique, puis encore de la placer là de ses mains de maçons en bâtissant l'encadrement de la porte. Elle est de style purement roman comme on pourrait l'imaginer ornant un chapiteau, en d'autres lieux, en d'autres temps. Aldo était lui aussi artiste, mais à ses heures, avec cependant une préférence particulière très nette, dans ce registre, pour le travail sur bois.

Serge a peint l'arche en construction dont la photo, non classée, pour le moment reste introuvable. Puis une image aussi - bien entendu de fin du monde - des fougueuses eaux du Déluge dont je n'ai que cette mauvaise reproduction tirée d'une page de journal, de plus abîmée. La toile se trouve aujourd'hui - elle, hors d'eau si je puis écrire ! - au musée de Vicq, dans les Yvelines.

Je ne sais si c'est la colombe uniquement qui a fait affluer tant de monde, de tous horizons, pendant si longtemps, vers cette maison, un peu comme toutes les sortes d'animaux se dirigèrent jadis au pas, rampant, à tire-d'aile, de toutes les façons, vers l'arche, mais mon petit doigt me dit que la qualité d'être de ses habitants ajoutée à celle de la peinture de Serge, sa renommée, y sont aussi pour un petit quelque chose ! N'empêche, les motifs et les images agissent selon leur nature, et celui-là de la colombe, symbole fort et puissant s'il en est - de plus, depuis le Déluge peut-on dire sans se tromper -, incarnant tous les espoirs et toutes les forces vives, en est bien un entre tous de toute première force justement, n'est-ce pas ? Voyant la colombe sur leur porte, l'on imagine très bien la colline de Montjustin se substituant en un mont Ararat à eux dans l'esprit des Fiorio, après tant de pérégrinations, de foi et d'héroïsme en leurs multiples et si diverses entreprises ! Là, ils se posent, c'est certain. S'établissent au sec, (si l'on peut dire, car les difficultés de tous ordres ne leur font pas défaut, loin de là). N'empêche, c'est un amarrage définitif sur la colline, d'où la colombe de Noé, rien ni personne d'autre que sa reprise gravée au-dessus de la porte pour accueillir !

Socrate lui-même n'avait-il pas bien repris son fameux Connais-toi toi-même du fronton du non moins fameux temple de Delphes ?

Serge a souvent peint des colombes, dans divers tableaux, mais sans le rameau d'olivier au bec, toutefois : dans le Premier portrait de Giono, en 1934, où elle figure l'inspiration, dans Les Ouvriers au repos chantant, posée alors sur l'épaule du personnage féminin à gauche, filant cette fois à tire-d'ailes dans le ciel des Quatre âges de la vie. Dans bien d'autres toiles encore, sans doute. Mais, en peinture, la colombe, comme qu'elle soit, n'est-elle pas immanquablement, sous ses divers aspects, un avatar de l'Esprit, tout simplement, présence incontournable, bien évidemment, dans tous les divers et innombrables Baptême du Christ, par exemple ?

Esprit, sous forme de colombe, avec lequel Serge, peintre, nous familarise.

« J'écrirais volontiers que l'arche est son mythe personnel selon l'expression de Jung ; Bachelard parlerait d'un “complexe de Noé ”», conclut plus largement encore à ce sujet Claude-Henri Rocquet parlant de Serge dans Rêver avec Serge Fiorio.

Il nous faudra revenir encore bien souvent sur tout cela, n'en doutons pas une seconde !

Quelques liens :

Amis de Lanza del Vasto et blog Serge Fiorio.
L'ami Luc Dietrich
Le pacifisme des Fiorio.
Newsletter : Lanza del Vasto aujourd'hui
Luc Dietrich par Frédéric Richaud.

Justement, dans l'actualité, et de la part de notre ami Bernard Baissat :

Bonsoir,
La soirée dédiée à René Dumont, qui aura lieu demain, mercredi 10 juin 2015, à la SCAM est prête.

Des journalistes de Politis et du Monde Diplomatique, des agronomes élèves de René Dumont, des historiens, des élus écologistes, des représentants d'associations et des ami(e)s de René Dumont seront présents.
La projection du film René Dumont, citoyen de la planète terre commencera vers 19h 30.
Les échanges avec les personnalités et le public commenceront vers 20h 30 et se termineront vers 22h.
Il reste encore quelques places à la SCAM (réservation impérative à bernardbaissat@gmail.com) pour les personnes qui habitent Paris.
Pour celles et ceux qui ne sont pas à Paris, ils peuvent suivre, si cela les intéresse, toute la séance en direct sur le site de la SCAM, en se connectant à www.scam.fr

Bonne soirée à tou(te)s.